lundi 16 janvier 2012

VOLCANS DE L'EIFEL

Ruées ardentes sur
les microminéraux

L'engouement pour les collections de microminéraux
apparu en France il y a une trentaine d'années,
fit découvrir à des Lorrains le parc volcanique de l'Eifel,
au confluent de la Moselle et du Rhin.
Echappée belle sur les rives du lac de Laach, une caldeira,
à moins de deux heures de route de Metz.


  Hématite en losange, collection Fred Kruijen ©

 
Le volcanisme, dans cette région située à proximité de Coblence, Mayen et Andernach, a commencé il y a 50 millions d'années, à l'ère tertiaire. Il a créé de nombreux bouleversements du paysage originel par les édifices volcaniques, les coulées de lave et la large couverture de projections au sein desquelles les prospecteurs recherchent des minéraux, tels que l'hématite en forme de losange et l'haüyne, autrefois appelée saphirine en raison de ses éclats bleus, la tridymite, le rutile, le zircon, la rhönite, la magnétite, la pseudobrookite... 
 
Taper le caillou. C’était au temps des sorties sur le terrain proposées par la jeune association GEOLOR, créée à Thionville par un groupe d’amateurs des sciences de la terre. Des amateurs scientifiques ouverts à toutes les disciplines de la géologie : paléontologie, minéralogie, pétrographie… De l’infiniment grand – la formation de la Terre, notre mère à tous – à l’infiniment petit : les cristaux microscopiques mis à la portée des prospecteurs par les convulsions du globe.

En France on a commencé depuis les années 1980, à s’intéresser aux microminéraux. Les collectionneurs de minuscules cristaux – les « micromonteurs », terme dérivé de l’anglo-américain « micromounts » – sont généralement habiles de leurs doigts, car il faut conditionner les échantillons de manière à les adapter à la boîte choisie et les y fixer.

Un micromount est un minéral dont on ne peut apercevoir clairement les cristaux à l’œil nu. Il faut  pour cela employer une binoculaire avec, de préférence, un éclairage en lumière froide par fibre optique ou, aujourd’hui, les leds.

Les qualités esthétiques des échantillons sont parfois plus intéressantes que celles des pièces plus importantes. Et, surtout, ils prennent beaucoup moins de place. L'amateur éclairé peut donc envisager des collections systématiques, quasi-exhaustives d’un site prospecté. Sans envahir le salon. Passer à la loupe les microcristaux du parc des volcans éteints de l’Eifel, à moins de deux heures de route de Metz, Thionville ou Forbach, était l’objectif  des membres de GEOLOR. 
 
Cap sur l'Eifel volcanique, en Rhénanie-Palatinat, qui s'étend du Rhin à la vallée de Wittlich, sur un territoire d'environ 2 000 kilomètres carrés, naturellement divisé en trois parties :
- l’Eifel volcanique occidental (Manderscheid, Daun, Gerolstein, Obere Kyll, Hillesheim)
- le Haut-Eifel volcanique (Adenau, Kelberg, Ulmen et Nohn),
- l’Eifel volcanique oriental (Brohltal, Vordereifel, Mendig, Pellenz)
Le centre de l'Eifel volcanique correspond à la région de Daun - Manderscheid, dans le district de Mayen-Coblence.
Certains scientifiques attribuent le volcanisme de l'Eifel à la présence d'un point chaud ou panache. Les éruptions les plus récentes remontent, d’après les experts, à une période située entre 10.000 et 20 000 ans.

Le lac de Laach (Laacher See) est un lac de cratère ou plus exactement une caldeira, à proximité des villes de Coblence, Mayen (11 km) et Andernach (14 km), qui s’est formée lors d’une éruption survenue il y a 12 900 ans. Des spécialistes affirment qu’elle a été 250 fois plus importante que celle du Mont Sainte-Hélène, en 1980.
Lors des différentes phases éruptives du Laacher See le débourrage du conduit est survenu au moment de la rencontre entre le magma et l’aquifère. Un panache ascendant de cendres et de gaz s’est formé et s’est élevé à haute altitude. Cette éruption a été la plus puissante du Quaternaire en Europe centrale et similaire par ses émissions, à celle plus récente du Pinatubo. La dispersion des tephras émis par l'explosion du Laacher See atteignit au nord, la Suède, et au sud, le Piémont italien.

Aujourd'hui, la caldeira est occupée par un lac de cratère de 3,5 kilomètres carrés et d’une profondeur de 55 mètres, toujours considéré comme un volcan actif. On le constate par une activité sismique répétée et de fortes anomalies thermiques sous le lac. Au mois d’avril 2010, un séisme d’une magnitude de 3,2 sur l’échelle de Richter, a touché cette région. Son épicentre a été localisé sur les bords même du Laacher See, à 25 kilomètres à l’Ouest de Coblence. La faiblesse de la magnitude, certes ressentie, n’a pas causé de dommages. Durant la même période, le dégagement de gaz carbonique sur la rive du lac s’est intensifié, montrant que le séisme était bien d’origine volcanique.
 
C’est dans les environs de Maria Laach que GEOLOR établit son "camp de base". Partis en éclaireurs, nantis de toutes les autorisations requises et bénéficiant du bagage universitaire de Jean-Paul LAGARDE,  nous avions, Kléber BOULIEZ, Christiane STREIT et moi-même en tant que président, repéré les lieux, aidés en cela par les habitants. Le bilinguisme a du bon.

Le groupe de Géolorrain(e)s en revint avec quantité de microminéraux dont l’étude eut été impossible sans le livre de Gerhard Hentschel Die Mineralien der Eifelvulkane. Cette "bible" pour géologues de tout poil, est un des nombreux reflets du dynamisme de cette région, lisible à tous les niveaux , les principaux secteurs d'activité étant la production de matériaux de construction. Et, de plus en plus, avec ses carrières et ses musées spécialisés, le tourisme géologique.
  
Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur 

 

Haüyne
  
 
L'Eifel volcanique. Photo Martin Schildgen ©
  
 

1 commentaire:

Sylvain Post a dit…

Les élèves de 3e Mosa du collège Louis-Armand de Petite-Rosselle, accompagnés des professeurs M. Fery (physique/chimie) et M. Massing (SVT), sont partis à la découverte du volcanisme de l'Eifel. Bravo de sensibiliser les élèves à ces réalités géologiques "de proximité", généralement assez inattendues dans l'esprit du plus grand nombre !