samedi 30 juin 2012

CONFLIT DE DATES EN LORRAINE

La découverte du charbon pour les nuls


On est allé un peu loin en présentant publiquement les
de Wendel comme les découvreurs, en 1856, du charbon lorrain.
Car les premiers mineurs de Moselle avait remonté la houille
vingt-cinq ans plus tôt. Bel exemple d’autosuggestion récurrente



 
 

Le propos commence bien. Quatre reproductions de tableaux représentant des membres de la famille de Wendel sont offertes, ce printemps, au musée de la mine de Petite-Rosselle. Joséphine de Wendel (1784-1872), Charles de Wendel (1809-1870), Théodore II de Gargan (1827-1889) et François II de Wendel (1874-1949) font leur entrée dans l’espace muséographique de l'ancien “Carreau Wendel”.

Dès le lendemain, le traitement médiatique de cette remise nous apprend que ce sont les «Portraits des pionniers du charbon lorrain». «Objectif : pérenniser l’histoire de cette famille d’industriels».

Où est le problème ? On est allé un peu loin, je crois, en affirmant que la famille de Wendel fût «à l’origine de l’extraction du charbon qui a débuté dans le bassin houiller en juin 1856 au puits Saint-Charles, à Petite-Rosselle…». À tenir ce langage, on manque singulièrement de considération pour les mineurs de la première heure, ceux qui ont foncé le puits de Schœneck quarante ans plus tôt. Je ne crois pas que cette antienne, propagée depuis des lustres, dénote une connaissance incertaine de l’histoire chez les passeurs de mémoire. C’est un parti pris. Au nom de quel intérêt ?

Passer à la trappe la période qui commence en 1816 et livre du charbon vers 1830, c’est laisser choir au fond du gouffre le premier chapitre des houillères de Moselle, émaillé de conditions de travail incroyablement périlleuses, d’accidents fréquents, de venues d’eaux, d’éboulements et, aussi, d’un manque sidérant de connaissances scientifiques et techniques, de moyens matériels et de ressources financières.

Mais tout de même. Ces mineurs sont allés jusqu’aux limites de leur épuisement, parvenant au bout de l’effort à remonter le charbon. Aucune comparaison avec les tonnages de la deuxième moitié du XIXe siècle, diront certains. J’en conviens. Doit-on, toutefois, juger l’action de l’homme à l’aune de sa seule contribution au PIB ? Son histoire doit-elle s’écrire en langage mathématique et s’expliquer à partir de chiffres, de nombres, de ratios ? Cela signifierait que l’être humain puisse être dépouillé de ses qualités de chair et d’os, de cœur et d’esprit, et n’avoir avec ses semblables qu’une relation : il ne serait membre de la société qu’économiquement.

Oublier les pionniers de 1816-1830, c’est ingrat, car les efforts des débuts profiteront aux générations suivantes. Ainsi, Charles de Wendel tirera parti des travaux de Schœneck  pour parvenir à la “redécouverte ” du charbon lorrain quelques décennies plus tard. Il n’en est pas le découvreur. On peut à la fois encenser l’œuvre des de Wendel et renvoyer à celle de leurs prédécesseurs.

Ce que l’on peut attendre du musée de la mine de Petite-Rosselle, censé faire autorité sur ces questions, c’est qu’il nous dise avec rigueur quand et comment le charbon a été extrait du sous-sol mosellan, qu’il nous détaille la naissance difficile du bassin houiller, avant de nous conter son exploitation industrielle.

Pas simple. Je veux juste faire remarquer que la géologie a façonné un bassin charbonnier continental dont la singularité est d’être à cheval sur la frontière entre l’Allemagne et la France. Un bassin à deux étages superposés : “westphalien” en-dessous, “stéphanien” au-dessus, des appellations qui renvoient à la région d’Allemagne située entre la Weser et le Rhin pour la première,  à Saint-Etienne pour la seconde, et qui suggéreraient presque une double nationalité…

Le scénario qu’il faudrait privilégier consisterait donc à favoriser une conscience sarro-lorraine de ce gisement. Concernant la chronologie  des événements, il serait logique de remonter à sa première exploitation rationnelle, il y a 250 ans, en oubliant un instant le bornage des États.

Ça tombe bien. La partie sarroise était à l’époque sous la souveraineté française. Cela nous ramène à 1762 et au personnage historique reconnu  pour avoir pressenti la valeur économique des richesses du sous-sol de la Sarre : le prince Wilhelm-Heinrich de Nassau-Sarrebruck (1718-1768), qui agissait en bonne intelligence avec le Royaume de France.

Il y aurait donc une meilleure harmonie à trouver dans la manière de raconter la découverte et l’exploitation du charbon sarro-lorrain. Imaginer, afin de rendre intelligible la continuité physique du gisement, un “travers-banc” tracé à la mine de crayon entre Ottweiler et Faulquemont. Un tracé jalonné par l’aventure minière au regard des périodes politiques de notre histoire : l’Ancien Régime, la Ière République, le Premier Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet, le Second Empire. Reprenons…

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Ancien Régime
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D'après l'ancien droit de la France, les mines sont de droit régalien. Au roi seul appartient de les concéder. S’il existe, en France, des redevances pour les gisements de minerais métalliques, il n’y a pas, à l’époque, de concessions au sens strict pour le charbon. Louis XIV  accorde en 1698 à tous les propriétaires du sol, le droit d’exploiter des mines de houille dans leurs fonds.

Oubliée, la Grande Maîtrise des mines et minières de France que Henri IV avait créée en son temps... Louis XIV, le modèle des souverains et Colbert, le meilleur des conseillers du roi, font preuve d’un réel manque d’intérêt pour le charbon. Ils pensent faux !  Comme si la France du XXe siècle passait à côté des nouvelles technologies…

Louis XV, réparant la faute qu'on avait commise avant lui, replace les mines de charbon comme toutes les autres sous la main du roi : «À l'avenir personne ne pourra ouvrir et mettre en exploitation des mines de houille ou charbon de terre, sans avoir préalablement obtenu une permission du sieur contrôleur général des finances…».

En 1751, le prince Wilhelm-Heinrich de Nassau-Sarrebruck dédommage les anciens propriétaires des terrains houillers et il étatise à sa manière les mines de son vaste domaine. À l’exploitation sauvage succèdent un début de concentration et une stratégie préindustrielle qui seront déterminantes pour l’avenir de ces houillères. Parallèlement, les Prémontrés de l’abbaye de Wadgassen exploitent la houille qu’ils ont sous leurs pieds.

Malgré les circonstances favorables aux princes, en Sarre, l’extraction par galeries atteint à peine 50 000 tonnes sous l’Ancien Régime. C’est peu, mais cette production porte en elle les pronostics sur l’avenir houiller de la région transfrontalière. 

La Révolution mènera  l’abbaye de Wadgassen à l’effondrement, tandis que les houillères sarroises seront déclarées “propriété de la Nation” le 28 juillet 1791.

Le 13 messidor an II (1er juillet 1794), le comité de Salut Public crée une agence des mines qui deviendra le conseil des mines en 1795. Le Domaine français prend possession de tous les biens des princes de Nassau-Sarrebruck en 1798 et dispose ainsi de l’ensemble des houillères en activité, y compris celles que la noblesse avait affermées à des tiers.

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Premier Empire
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Pour le Premier Empire, à partir de 1804, l’industrie des mines doit être sinon une industrie d’Etat, tout au moins une industrie dont l’Etat doit diriger l’exploitation, par l’intervention directe de ses représentants auprès des exploitants. Napoléon Ier ordonne une mission de reconnaissance du gisement dans le département de la Sarre occupé par les soldats de l'Empire.

Les ingénieurs du corps des mines dressent un précieux
“atlas” et leurs pronostics sur l’avenir houiller de cette région déterminent l’empereur à partager le bassin sarrois en soixante concessions, pour en développer l’extraction.

Ce sera le résultat du travail acharné des vrais pionniers de l’épopée charbonnière sarro-lorraine, avec à leur tête Jean-Baptiste Guillot-Duhamel , de la promotion de 1783 de l'Ecole des Mines, directeur de l'Ecole Pratique des Mines de la Sarre, à Geislautern, ingénieur en chef, puis inspecteur divisionnaire et inspecteur général des Mines, et ses deux collaborateurs Louis-Antoine Beaunier, de la promotion de 1795, ingénieur en chef des Mines, et Michel-François Calmelet, de la promotion 1800, également ingénieur en chef des Mines.

Les mines françaises de la Sarre sont parmi les premières auxquelles s’applique le “Code minier” créé en 1810…. dont le bicentenaire, il y a deux ans, est passé inaperçu ! Une occasion manquée de monter un colloque, avec mise en perspective d’une loi après-mine.

Mais les événements de 1814 surviennent avant que le projet de Napoléon Ier n’aboutisse.  Le second traité de Paris, le 20 novembre 1815, sanctionne le retour de Napoléon de l’île d’Elbe et sa défaite à Waterloo. Il oblige la France à remettre le territoire de Nassau-Sarrebruck à la Couronne de Prusse avec le précieux “atlas” des réserves charbonnières.

Les ingénieurs français ont tellement amélioré la situation des houillères sarroises que leur production a doublé en cinq ans. Nos voisins allemands ne manqueront pas de le souligner à l’occasion de l’adieu à la dernière mine sarroise, le 30 juin 2012, à Ensdorf. On peut apprécier leur fair-play : ils inaugureront un mémorial sur le “ terril Duhamel ”, au nom bien de chez nous, qui domine le panorama de Sarrelouis.


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Restauration
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À moins que le “mal français” ne donne le haut-le-cœur à chaque évocation de Waterloo et du second traité de Paris, il faut bien en convenir : la déculottée face aux Britanniques, Allemands, Prussiens et Néerlandais, a joué en faveur de la découverte du charbon lorrain en contraignant la France à intensifier la recherche sur son propre territoire, amputé de la Sarre.

L’ingénieur Beaunier fait ses valises pour le centre de la France. Appelé à développer le bassin minier de la Loire, il cesse de se partager entre la Préfecture de Metz et l’École des mines de Geislautern, en Sarre et se consacre aux mines des secteurs de Saint-Etienne et Rive-de-Gier. Et là, il révolutionne le transport du charbon dont l’industrie a grand besoin, en créant la première ligne de chemin de fer de l’histoire ferroviaire française, ouverte à la circulation en octobre 1828, entre Saint-Etienne et Andrézieux.

En Lorraine, il ne faut pas être grand clerc pour supputer le prolongement des veines de charbon sarrois au-delà de la nouvelle frontière franco-prussienne, en direction de la Moselle. «Il sembla à l’ingénieur des mines prussien qui inspira aux diplomates  l’idée de nous borner si étrangement, que les couches, si elles ne tournaient pas impoliment le dos à la France, passaient cependant sous notre sol à une telle profondeur, que nous n’avions plus de charbon à espérer de ce côté» écrit en 1867 Louis Simonin, l’auteur le plus cité de la littérature minière, ingénieur diplômé de l’École des mines de Saint-Etienne.

Mais, ajoute-t-il, «l’ennemi avait compté sans l’initiative courageuse, hardie, des habitants de la Moselle (…). On se mit résolument à l’œuvre dès le premier jour, d’abord aux environs de Forbach». À Schœneck, précisément.

Pour appréhender la naissance compliquée du bassin houiller lorrain, «il faut prendre les choses à l’origine» avertit Simonin. C’est ce que fait Bernard Desmars, de l’université de Lorraine, dans une brillante étude publiée en 1998, sous le titre La difficile genèse du bassin houiller lorrain (1815-1870)”.

«Les recherches de houille, les soupçons sur sa présence sont relativement précoces, et la preuve de son existence est acquise dès les premières années de la Restauration», indique cet universitaire.

«Entre 1815 et 1870, écrit-il, le sous-sol mosellan accueille de nombreuses entreprises de prospection et de sondages dans l'espoir d'y découvrir la houille. Cependant, cette attention est inégalement soutenue selon les moments, et les variations de cet intérêt peuvent être enregistrées à travers le courrier reçu à la préfecture, déclarant l'intention de se livrer à la recherche du précieux combustible, ou annonçant sa découverte et la volonté de l'exploiter.

Hétérogène dans son contenu et dans sa fonction, ce courrier témoigne d'une même préoccupation - démontrer la présence de houille - dont l'intensité apparaît particulièrement nette à deux moments : les années 1815-1835 d'abord, les années 1847-1858 ensuite, de façon alors plus brève, mais plus vigoureuse et finalement plus efficace, puisqu'à l'issue de cette seconde période, le bassin houiller sera définitivement reconnu.»

L'entreprise la plus importante, et en même temps la plus précoce, se déroule à Schœneck. Les premiers sondages sont établis dès août 1816 et permettent la découverte d'une couche en novembre 1817. Bernard Desmars précise que la concession est obtenue au profit de trois associés Thieriet, Gangloff et Rupied, par une ordonnance royale du 20 septembre 1820, «malgré des demandes concurrentes et des oppositions déposées par François de Wendel, le maître de forges de Hayange, et les héritiers du duc de Deux-Ponts, propriétaires d'une partie des terrains concernés».

Les trois concessionnaires forment une société anonyme et engagent les opérations. Mais le fonçage du puits est long et contrarié par de nombreuses difficultés qui ralentissent les travaux et en alourdissent le coût. «La houille est rencontrée à la fin de 1829 et l'exploitation peut commencer l'année suivante; des obstacles en limitent immédiatement l'ampleur : l'une des deux galeries ouvertes doit être abandonnée dès décembre 1830, toujours en raison des venues d'eau».

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Monarchie de Juillet
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Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), la houille extraite à Schœneck ne peut guère alimenter que les machines de l'entreprise : «Il n'en sera vendu que pendant les années 1834 et 1835, et encore ne s'agit-il que de très faibles quantités» selon Bernard Desmars. La situation financière compromet l'avenir de la compagnie qui suspend les travaux d'exploitation en novembre 1835.

L'année suivante, les eaux envahissent les galeries et le puits. Le conseil d'administration recherche alors vainement de nouveaux capitaux et sollicite des aides publiques qui lui sont refusées. En 1840, la société est mise en liquidation. Selon “Charbonnages de France”, de 250 à 300 hommes  ont travaillé dans cette mine. Ils ont remonté près de 11 000 tonnes de charbon.

Après l’échec de cette première période, dû aux incertitudes scientifiques, aux déficiences techniques, surtout au regard des problèmes posés, aux insuffisances financières des acteurs, la recherche du charbon lorrain ne suscite plus guère d’intérêt de 1835 à 1845.

Une nouvelle étape commence dans l'histoire du bassin houiller mosellan durant les dernières années de la Monarchie de juillet, avec à la fois, la reprise des travaux dans le territoire de Schœneck déjà concédé, et l'extension de la prospection vers l'ouest maintenant appuyée sur une véritable étude géologique menée par l'ingénieur des mines de la Moselle. La puissante publique se montre moins timorée, stimulée par un lobbying efficace.

«En février 1844, écrit Bernard Desmars,  les milieux économiques mosellans interviennent auprès des pouvoirs publics : un député dépose à la Chambre « une pétition par laquelle la Chambre de Commerce de Metz et les maîtres de forges de la Moselle exposent l'avantage industriel et financier d'opérer de préférence dans l'Est de la France les sondages de terrains houillers sur les fonds destinés aux recherches minérales » ; en même temps, le président de la Chambre de Commerce demande au Secrétaire d'État aux travaux publics « que des travaux de recherches, c'est-à-dire des sondages, soient faits sur la frontière est du département, dans le voisinage des houillères prussiennes, les gens de l'art ayant la certitude qu'on retrouvera en France les couches de charbon qui de la Prusse se dirigent vers notre pays».

Charles de Wendel, bien évidemment, le sait. La création de Stiring-Wendel naît de la volonté de cet industriel et homme politique, conseiller général et député, gérant de la Maison de Wendel, première société métallurgique de l’Est de la France. «Il transforme en projet ce qui devait être un rêve ou une vision : créer, grâce au chemin de fer, le premier combinat lorrain réunissant fer et charbon».  C’est l’éclairage pertinent qu’apporte Marcel Gangloff, instituteur retraité, dans une remarquable contribution à l’histoire de Stiring-Wendel.

La loi de concession de 1845 autorise la mise en place de la voie ferrée  entre Metz et Sarrebruck, “la ligne du charbon” devant permettre aux industriels de la région de l’Est de s’approvisionner de manière régulière en charbon dans le bassin de Sarrebruck.
 
Charles de Wendel est quasi-certain que le sous-sol de la région de Forbach livrera de la houille. «Les travaux réalisés à Schœneck l’ont prouvé» note Marcel Gangloff. En 1846, le maître de forges lorrain et un investisseur parisien, le baron James Tom Hainguerlot, qui contrôle les canaux de la Capitale, rachètent la concession de Schœneck. Ensemble, ils fondent la Compagnie anonyme des mines de houille de Stiring et chargent Karl Gottfeld Kind, surnommé “le Napoléon des sondeurs”, de mener des sondages, non plus à Schœneck, mais à Stiring.

La même année, Charles de Wendel fait commencer la construction d’une usine métallurgique à Stiring : la société des Hauts Fourneaux et Forges de Stiring  qui proposera rails et poutrelles en fer puddlé aux diverses compagnies ferroviaires et à la nouvelle société houillère. Elle connaîtra la difficile période de la métallurgie qui persistera jusqu’à 1850, sous la IIe République, se développera sous le Second Empire et fermera en 1897, durant l’annexion à l’Empire allemand.


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Second Empire
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La première compagnie minière, née sous la Restauration, n'ayant atteint qu'une exploitation irrégulière et éphémère, la véritable naissance du bassin houiller mosellan sera attribuée au Second Empire. Marcel Gangloff  indique que «très vite, des veines de charbon sont trouvées à Stiring, mais des problèmes de venues d’eau rendent leur exploitation impossible. La réussite interviendra quelques années plus tard à Petite-Rosselle». C’est après le  fonçage d’un troisième puits que l’exploitation du charbon commencera en 1856. Les historiographes se sont si bien emparés de cette date que le commun des mortels est en perte de repères concernant les premiers pionniers de l’aventure charbonnière.

L'ouverture d'autres puits favorisera une croissance régulière de l’extraction. Cependant, l'essentiel de la production houillère de la Compagnie de Stiring sera  écoulé au profit de l'entreprise de Wendel, à des prix généralement très avantageux pour l'établissement métallurgique.

Le temps est venu de donner un caractère politique à l’annonce de cette expansion. Agent de propagande zélé et habile, proche du pouvoir impérial qui le décore de la Légion d’honneur, Louis Simonin, auteur prolixe sorti avec le titre d’ingénieur de l’École des Mines de Saint-Etienne, sera le premier à publier qu’ «en 1858, l’Empereur Napoléon III, ouvrant les Chambres, annonçait à la France et au monde, la découverte du bassin houiller de la Moselle, prolongement du vaste et fertile bassin de Sarrebruck. Le fait était désormais définitif, hors de doute». Sous-entendu : on aurait voulu y croire dès 1816 ? Des débuts qu’on s’empresse de reléguer aux archives. Une histoire “sur mesure”.

Simonin s’emploie à diffuser, en France, une idéologie calquée sur celle du patronat. La Révolution industrielle est en marche. Il faut produire du fer. Mélange de minerai et de charbon de bois – abandonné pour le coke obtenu par pyrolyse de la houille – porté à incandescence, le métal devient symbole de progrès. La sidérurgie va édifier des fortunes, façonner une classe ouvrière et redessiner le paysage de régions entières. Sur le continent européen, quatre familles se partagent le titre de maîtres de forges : les Krupp, les Thyssen, les Schneider et les de Wendel. D’autres marqueront cette époque, comme Carl Röchling qui acquiert en 1881 l’aciérie de Völklingen.

Et entre le patronat français et le pouvoir impérial la porosité est grande. Napoléon III en personne, viendra visiter le site industriel de Stiring et sa cité modèle en 1857, l’année même où le nom Wendel est ajouté à celui de Stiring sur proposition du conseil général «…pour remercier Madame de Wendel des sacrifices qu’elle a faits pour la construction des bâtiments affectés aux besoins de la communauté», note Marcel Gangloff. La cité est érigée en commune.

À la veille de la guerre franco-prussienne qui scelle la fin du Second Empire, les résultats de l’exploitation charbonnière à l’actif des de Wendel sont jugées médiocres par la plupart des spécialistes. De leur côté, en 1860, les mines sarroises emploient 11 000 mineurs et enregistrent un volume d’extraction de 2 millions de tonnes.

Quant à l’opinion française, elle reste divisée sur le bilan de Napoléon III, exalté par les uns, déprécié par les autres, en dépit du développement industriel, économique et financier considérable qui a marqué son règne, et de la transformation de Paris par Haussmann.

Paris, Biarritz, Nice, Vichy ou Plombières lui sont particulièrement redevables. Le bassin houiller lorrain, aussi, est prompt à mettre en valeur le Second Empire. Quitte à assumer une contradiction, car cette bonne opinion doit s’accommoder du détestable souvenir de la guerre de 1870 et de la défaite de Sedan qui valurent à la Moselle redécoupée d’être livrée à l’Allemagne pour un demi-siècle.

Pourquoi s’appesantir autant sur les débuts du charbon sarro-lorrain ? J’y tenais, n’était-ce que pour mobiliser l’attention sur ses vrais débuts. À l’évidence, l’essor du bassin houiller de Moselle qui s’ensuivit revêt bien plus d’importance. Et, davantage encore aujourd’hui, sa revitalisation pour le sauver du marasme. 


Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur



Illustration extraite de "La Vie souterraine" (1867) de Louis Simonin
rééditée en 1982 par les Ed. Champ Vallon :
- Le Nord - Pas-de-Calais





- Le Bois du Cazier

- Le Bois du Luc

- Le Grand Hornu 

- Blegny-Mine



jeudi 28 juin 2012

IGUANODONS DE BERNISSART

Une affaire de queue


L’exposition qui vient de s’ouvrir au muséum-aquarium de Nancy
sous le titre « Parce queue » - où le public découvre la diversité des queues
du monde animal ainsi que leurs nombreuses fonctions, parfois insoupçonnées : chasse-mouche, pelle, béquille, fouet, propulseur, outil servant à la séduction, gouvernail… - m’a donné l’idée de repiquer l'article que j’avais publié en 1986
sur la queue (maltraitée) des iguanodons de Bernissart





 

S’il y a une chose dans l’univers de la paléontologie que la terre entière envie à la Belgique, c’est le groupe de 29 iguanodons trouvés ensemble à Bernissart en 1878, dans l’argile traversée par une galerie de prospection des charbonnages. Un exemple unique en Europe. L’ennui, c’est qu’il faudrait rectifier tous les livres écrits à leur sujet. Car selon une nouvelle théorie [ndla : en 1986], l’Iguanodon Bernissartensis 
a marché à quatre pattes : le paléontologue belge Louis Dollo (1857-1931), principal artisan de sa reconstitution, aurait eu tort de le classer parmi les bipèdes…


Pitié pour Louis Dollo ! Le découvreur des plus célèbres iguanodons d’Europe doit se retourner dans sa tombe après le pavé que deux naturalistes belges viennent de jeter dans la mare aux dinosaures. Dans leur Nouvelle approche des iguanodons de Bernissart publiée à Bruxelles, G.-Cobut et M.-B. Libbrecht, collaborateurs de l’Institut royal des Sciences de Belgique disent en gros que ces dinosaures de cinq mètres de haut, à bassin et pattes d’oiseaux, sont montés de travers. 
 
Louis Dollo, affirment-ils, leur a cassé la queue et brisé la nuque ! Il n’y avait sans doute personne pour lui rappeler que c’étaient des choses à ne pas faire, en 1878, l’année où le percement d’une galerie de recherches des charbonnages de Bernissart, à 322 mètres de profondeur, fit rencontrer fortuitement une accumulation d’ossements d’iguanodons parfaitement fossilisés. Ceux-ci se logeaient dans un puits naturel comblé par de l’argile d’âge géologique nettement plus jeune que le terrain houiller. On estime que ces reptiles avaient vécu au Crétacé inférieur (Wealdien), il y a 125 à 120 millions d’années.
 
Vingt-neuf bêtes furent remontées à la surface. Un travail de dégagement mené avec un soin méticuleux, remarquable pour l’époque. La reconstitution des dinosaures elle-même représenta une somme de travail qui force l’admiration. Quand Dollo la fit entreprendre en 1880 (un an après la naissance d’Einstein), il n’avait pas d’excédent de certitudes. L’ennui est qu’il postula que les iguanodons avaient été bipèdes. Et puisqu’ils avaient marché sur deux pattes, c’est clair, il fallait qu’ils tiennent debout.


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Nouvelles conceptions
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En 1986, Cobut et Libbrecht mettent en doute la bipédie de l’iguanodon de Bernissart pour lui substituer des conceptions nouvelles, notamment les études récentes de David Bruce Norman qui fait marcher à quatre pattes ces grands animaux que l’homme n’a jamais connus, disposés comme à la parade le long des parois de verre qui les protègent au muséum, 29, rue Vautier, à Bruxelles.


La reconstitution en posture érigée faite par Dollo « présente des points faibles, tels que la courbure de la queue, retravaillée artificiellement pour lui donner une forme proche de celle du kangourou. Sur les squelettes en position de gisement exposés au muséum on voit au contraire une queue presque droite, voire légèrement courbée dans l’autre sens » notent les deux scientifiques belges. De même, « la courbure en col de cygne du cou est également artificielle et devrait être moins prononcée, ajoutent-ils. Quant au crâne, il était obligatoirement  tenu dans le prolongement de la colonne : son articulation sur la première vertèbre cervicale (atlas) ne permettait pas à cet endroit la flexion dorso-ventrale qu’on lui a donnée.

Il faut donc se représenter le cou et la tête dans l’axe du dos, prolongeant souplement celui-ci  vers l’avant». Si Cobut et Libbrecht observent que les jeunes iguanodons de Bernissart ont pu marcher sur deux pattes, ils indiquent que l’iguanodon adulte se place clairement parmi les quadrupèdes. Sa bipédie n’aurait été qu’occasionnelle.

La publication d’une pareille mise au point frise l’iconoclastie et défrise les pontes qui ont fait leur nid dans la littérature scientifique à la suite de Louis Dollo. Pourtant « ce n’est pas ternir sa mémoire que de constater que certaines de ses hypothèses ne sont pas sans faille » s’excusent Cobut et Libbrecht. Signe de bonne santé intellectuelle : au lieu d’accuser le célèbre paléontologue belge d’un lamarckisme de bazar, ils manient la courtoisie, gardant une distance respectueuse vis-à-vis de celui qui aurait donc si gentiment caricaturé l’iguanodon de Bernissart. Hardiesse largement compensée par les connaissances tant morphologiques qu’éthologiques sur ces reptiles que Dollo a léguées à la postérité.

Pour savoir réellement comment se tenaient ces iguanodons, il faudrait pouvoir les réintroduire. C’est évidemment impossible puisque, lors de la grande mort du Crétacé, véritable « crise de la vie » qui frappa la Terre il y a 65 millions d’années, les dinosaures se sont éteints emportant avec eux le secret de leur prodigieuse réussite, mais aussi celui de leur disparition.

Cela ne rapporte rien à personne de savoir qu’ils ont pu marcher à deux ou quatre pattes. C’est pourtant propice à la méditation sur les certitudes de la science !





Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur



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vendredi 1 juin 2012

BIENTÔT SUR LE "TERRIL DUHAMEL"

Un monument pour deux


Lorsque la Sarre enterrera son charbon le 30 juin 2012, à Ensdorf, le souvenir de Napoléon Ier  sera présent à la cérémonie des adieux. Car, en érigeant une sculpture monumentale sur le « terril Duhamel » - du nom de l’ingénieur chargé par Bonaparte de décupler la production du gisement de Sarrebruck – le Land démontre qu’il a la culture minière chevillée au cœur. Et qu’il n’oublie pas le rôle joué par la France dans son passé minier.


Maquette du "Saarpolygon"- Projet Katja Pfeiffer et Oliver Sachse - © BergbauErbeSaar e. V.
 
 

En avril, les visiteurs ont pu revenir de la 63e Foire internationale de la Sarre avec
un petit bloc de charbon emballé sous cellophane : « Vergissmeinnicht :
250 Jahre Kohle von der Saar ». Signe avant-coureur de l’arrêt définitif de la dernière mine sarroise, le 30 juin 2012, à Ensdorf, près de Sarrelouis, la ville fondée par Louis XIV. 

En 1680, l'année suivant le traité de Nimègue qui rattacha la Lorraine à la France et mit fin à la Guerre de Hollande, Louis XIV ordonna, en effet, le démantèlement de la petite ville de Vaudrevange (Duché de Lorraine) et, avec le matériel fourni par les remparts de l'ancienne capitale du bailliage d'Allemagne, ruinés par les Suédois, l’édification de la nouvelle ville-forteresse de «-Saarlouis-». Elle sera construite  selon les plans élaborés par Vauban, par les soldats du régiment de Beaumarais et du régiment de la Picardie. Encore aujourd'hui, deux quartiers de Sarrelouis sont ainsi nommés Beaumarais et Picard.

Ce serait une erreur de voir dans la main-mise de Louis XIV sur la Sarre, un intérêt particulier du monarque pour le charbon, non encore exploité en Moselle, mais qui l’était déjà à cette époque par les Prémontrés de l’abbaye de Wadgassen, d’une part, et, d’autre part, par les comtes de Nassau-Sarrebruck.

Ni les religieux, ni les princes ne seront obligés de renoncer aux ressources de leur sous-sol. Car un arrêt du conseil du roi de 1698 reconnaît aux propriétaires superficiaires la faculté d’exploiter librement la houille. Seule la valorisation des gîtes métallifères nécessite l’octroi d’une concession.

Les comtes de Nassau-Sarrebruck travaillaient donc pour leur poche. Dès 1429, le fils aîné d’Elisabeth de Lorraine, veuve de Philippe de Nassau-Sarrebruck, avait instauré une taxe pour tout prélèvement de houille sur son territoire. La redevance était  fixée à 1/8e de la valeur de la quantité extraite.

Avec Sarrelouis, Louis XIV visait avant tout à défendre les nouvelles possessions royales françaises en Lorraine qui donnaient un accès sans contournement frontalier aux plus anciennes possessions françaises en Alsace.
 

Bref,  la France du Roi Soleil, centralisée et absolutiste, où le souverain gouvernait seul, n’accordait au charbon qu’un rôle de second plan, tandis que l’Angleterre de la fin du XVIIe siècle, avec sa Glorieuse Révolution de 1688, allait faire le contraire.
 

Le prince du charbon


250 ans de charbon sarrois… Cela nous ramène à 1762 et à celui qui pressentit la valeur économique du gisement charbonnier de la Sarre : le prince Wilhelm-Heinrich de Nassau-Sarrebruck (1718-1768).

En 1751, il dédommage les anciens propriétaires des terrains houillers et il étatise à sa manière les mines de son vaste domaine. À l’exploitation sauvage succèdent un début de concentration et une stratégie préindustrielle qui seront déterminantes pour l’avenir de ces houillères, appelées à changer douze fois de propriétaire en 250 ans.
           
La Révolution mène l’abbaye de Wadgassen à l’effondrement, tandis que les houillères sarroises sont déclarées «propriété de la Nation» le 28 juillet 1791.


Le 13 messidor an II (1er juillet 1794), le comité de Salut Public crée une agence des mines qui deviendra le conseil des mines en 1795. Le Domaine français prend possession de tous les biens des princes de Nassau-Sarrebruck en 1798 et dispose ainsi de l’ensemble des houillères en activité, y compris celles que la noblesse avait affermées à des tiers.

Pour le nouveau régime, l’industrie des mines doit être sinon une industrie d’Etat, tout au moins une industrie dont l’Etat doit diriger l’exploitation, par l’intervention directe de ses représentants auprès des exploitants. Napoléon I
er ordonne une mission de reconnaissance du gisement dans le département de la Sarre occupé par les soldats de l'Empire.

Les ingénieurs du corps des mines dressent un précieux "atlas" et leurs magnifiques pronostics sur l’avenir houiller de cette région déterminent l’empereur à partager le bassin sarrois en soixante concessions, pour en développer l’extraction qui atteignait à peine 50 000 tonnes en 1803.


Carte 37 de l'Atlas des concessions de la Sarre signée Beaunier et Calmelet, ingénieurs impériaux

C’est le résultat du travail acharné des vrais pionniers de l’épopée charbonnière sarro-lorraine, avec à leur tête Jean-Baptiste Guillot-Duhamel , de la promotion de 1783 de l'Ecole des Mines, directeur de l'Ecole Pratique des Mines de la Sarre, à Geislautern, ingénieur en chef, puis inspecteur divisionnaire et inspecteur général des Mines, et ses deux collaborateurs Louis-Antoine Beaunier, de la promotion de 1795, ingénieur en chef des Mines, et Michel-François Calmelet, de la promotion 1800, également ingénieur en chef des Mines.

Les mines françaises de la Sarre seront parmi les premières auxquelles s’appliquera le Code minier créé en 1810. Mais les événements de 1814 surviennent avant que l’important projet de Napoléon Ier n’aboutisse.  Le second traité de Paris, le 20 novembre 1815, sanctionne le retour de Napoléon de l’île d’Elbe et sa défaite à Waterloo. Il oblige la France à remettre le territoire de Nassau-Sarrebruck à la Couronne de Prusse.

Les ingénieurs français avaient tellement amélioré la situation des houillères sarroises que leur production venait de doubler en cinq ans.

Après la perte du département de la Sarre et de son charbon par ce traité, on se préoccupe immédiatement, en Moselle, de rechercher le prolongement du gisement dont la France vient d’être privée.

Ironie de l’Histoire, aujourd’hui Paris devrait savoir gré à l’Allemagne de perpétuer la mémoire de l’époque napoléonienne : un puits et une halde (terril) portent le nom de Duhamel, à Ensdorf, la dernière mine sarroise qui s’arrêtera définitivement dans quelques semaines. Point final d’un cycle extraordinairement long, plus long qu’en Lorraine.



De l’essor au déclin




Le terril Duhamel, près de Sarrelouis




C’est dans la deuxième moitié du XIXe siècle que l'activité des mines connut un essor rapide. Dans la décennie 1950, les charbonnages sarrois employèrent jusqu’à 66 000 personnes dans 18 unités d’exploitation, pour une production annuelle record de près de 17 millions de tonnes en 1960. Mais la crise du charbon, dès 1957, engendra une concentration et une rationalisation des activités minières.

En 1995, les charbonnages de Camphausen et Reden furent intégrés à la mine Est à Göttelborn, équipée du chevalement le plus haut du monde, mais cette dernière fut contrainte de fermer dès 2000.


Après l'arrêt de la mine Warndt en 2005, le dernier charbonnage encore exploité dans la région est celui d'Ensdorf.

La Sarre va fermer sa dernière mine avec solennité. L’appel d’offres en vue de la construction d’une sculpture monumentale en-haut des 150 mètres du « terril Duhamel », à Ensdorf, a obtenu 147 réponses. Le premier prix a été attribué à deux jeunes architectes de Berlin, Katja Pffeifer et Oliver Sachse.

Leur idée : une sculpture en acier de 30 mètres, un assemblage où les vides jouent avec les pleins pour donner à l’œuvre son caractère spectaculaire, tout en force et finesse, évoquant le "Z" de "Zukunft", l'avenir. On pourra en gravir les 288 marches et elle sera parée de leds. Habillée de lumière, elle deviendra, la nuit, le phare de tout un territoire.

Le "Saarpolygon"


Le coût total du « Saarpolygon », dont l'inauguration est prévue l'année prochaine,  s'élèvera 1,1 million d'euros. Sa réalisation sera financée par l’association créée pour la sauvegarde du patrimoine minier et la mémoire des mineurs de la Sarre (BergbauErbeSaar e.V.), grâce à des dons, la Fondation RAG et le Land Saar apportant 600.000 euros à la réalisation du projet. L'association, afin de conjurer l’oubli et pour instaurer une dynamique, voudrait faire du 30 juin, tous les deux ans, une "Journée du charbon".

En Sarre, après fermeture, les carreaux de mine ne sont pas systématiquement rasés, mais peuvent bénéficier d'une reconversion économique et culturelle, comme à Göttelborn et Reden grâce au travail de l'IndustrieKultur Saar (IKS).


À Ensdorf, les mineurs sarrois quitteront le métier la tête haute. Au pied du terril au nom français, leurs camarades lorrains auront le regard levé, à la hauteur de l'Histoire et de l'avenir. Deux manières d'exprimer un même sentiment d'appartenance et de fierté.



Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur

Eléments historiques extraits
de mon livre "Les chevaux de mine retrouvés"


[Publié le 1.6.2012]









































Liens externes :

- Patrimoine minier de la Sarre : le site de Sébastien Berrut
 
- Chant traditionnel des mineurs allemands : "Glück Auf ! Der Steiger kommt"



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Automne 2014 :
début du montage


La construction du monument en acier en forme de «-Z-» comme «-Zukunft-» (avenir) qui doit rappeler le passé charbonnier de la Sarre au sommet du terril de la mine d’Ensdorf (dernière mine de la Sarre fermée le 30 juin 2012, près de Sarrelouis), va démarrer cet automne (2014). L’inauguration est annoncée pour le premier semestre 2015.


Le 29 septembre 2014, l’association pour la sauvegarde du patrimoine minier et la mémoire des mineurs de la Sarre (BergbauErbeSaar e.V.), maître d'ouvrage, et  la Firme Claus Queck GmbH –  Stahlbau Queck – ont signé l'acte attribuant le marché à cette société de Düren, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

Plus de 500 entreprises, institutions, associations et de très nombreux particuliers ont soutenu le projet par un don. Sachant que l’on pourra gravir les 288 marches du «Saarpolygon» pour parvenir à son sommet à 30 mètres au-dessus du niveau du sol, ses promoteurs ont proposé d’apposer sur chacune des marches le nom d’un donateur, au tarif de 1.000 euros la mention. La proposition a été bien accueillie.

[Publié le 2.10.2014]