vendredi 1 juin 2012

BIENTÔT SUR LE "TERRIL DUHAMEL"

Un monument pour deux


Lorsque la Sarre enterrera son charbon le 30 juin 2012, à Ensdorf, le souvenir de Napoléon Ier  sera présent à la cérémonie des adieux. Car, en érigeant une sculpture monumentale sur le « terril Duhamel » - du nom de l’ingénieur chargé par Bonaparte de décupler la production du gisement de Sarrebruck – le Land démontre qu’il a la culture minière chevillée au cœur. Et qu’il n’oublie pas le rôle joué par la France dans son passé minier.


Maquette du "Saarpolygon"- Projet Katja Pfeiffer et Oliver Sachse - © BergbauErbeSaar e. V.
 
 

En avril, les visiteurs ont pu revenir de la 63e Foire internationale de la Sarre avec
un petit bloc de charbon emballé sous cellophane : « Vergissmeinnicht :
250 Jahre Kohle von der Saar ». Signe avant-coureur de l’arrêt définitif de la dernière mine sarroise, le 30 juin 2012, à Ensdorf, près de Sarrelouis, la ville fondée par Louis XIV. 

En 1680, l'année suivant le traité de Nimègue qui rattacha la Lorraine à la France et mit fin à la Guerre de Hollande, Louis XIV ordonna, en effet, le démantèlement de la petite ville de Vaudrevange (Duché de Lorraine) et, avec le matériel fourni par les remparts de l'ancienne capitale du bailliage d'Allemagne, ruinés par les Suédois, l’édification de la nouvelle ville-forteresse de «-Saarlouis-». Elle sera construite  selon les plans élaborés par Vauban, par les soldats du régiment de Beaumarais et du régiment de la Picardie. Encore aujourd'hui, deux quartiers de Sarrelouis sont ainsi nommés Beaumarais et Picard.

Ce serait une erreur de voir dans la main-mise de Louis XIV sur la Sarre, un intérêt particulier du monarque pour le charbon, non encore exploité en Moselle, mais qui l’était déjà à cette époque par les Prémontrés de l’abbaye de Wadgassen, d’une part, et, d’autre part, par les comtes de Nassau-Sarrebruck.

Ni les religieux, ni les princes ne seront obligés de renoncer aux ressources de leur sous-sol. Car un arrêt du conseil du roi de 1698 reconnaît aux propriétaires superficiaires la faculté d’exploiter librement la houille. Seule la valorisation des gîtes métallifères nécessite l’octroi d’une concession.

Les comtes de Nassau-Sarrebruck travaillaient donc pour leur poche. Dès 1429, le fils aîné d’Elisabeth de Lorraine, veuve de Philippe de Nassau-Sarrebruck, avait instauré une taxe pour tout prélèvement de houille sur son territoire. La redevance était  fixée à 1/8e de la valeur de la quantité extraite.

Avec Sarrelouis, Louis XIV visait avant tout à défendre les nouvelles possessions royales françaises en Lorraine qui donnaient un accès sans contournement frontalier aux plus anciennes possessions françaises en Alsace.
 

Bref,  la France du Roi Soleil, centralisée et absolutiste, où le souverain gouvernait seul, n’accordait au charbon qu’un rôle de second plan, tandis que l’Angleterre de la fin du XVIIe siècle, avec sa Glorieuse Révolution de 1688, allait faire le contraire.
 

Le prince du charbon


250 ans de charbon sarrois… Cela nous ramène à 1762 et à celui qui pressentit la valeur économique du gisement charbonnier de la Sarre : le prince Wilhelm-Heinrich de Nassau-Sarrebruck (1718-1768).

En 1751, il dédommage les anciens propriétaires des terrains houillers et il étatise à sa manière les mines de son vaste domaine. À l’exploitation sauvage succèdent un début de concentration et une stratégie préindustrielle qui seront déterminantes pour l’avenir de ces houillères, appelées à changer douze fois de propriétaire en 250 ans.
           
La Révolution mène l’abbaye de Wadgassen à l’effondrement, tandis que les houillères sarroises sont déclarées «propriété de la Nation» le 28 juillet 1791.


Le 13 messidor an II (1er juillet 1794), le comité de Salut Public crée une agence des mines qui deviendra le conseil des mines en 1795. Le Domaine français prend possession de tous les biens des princes de Nassau-Sarrebruck en 1798 et dispose ainsi de l’ensemble des houillères en activité, y compris celles que la noblesse avait affermées à des tiers.

Pour le nouveau régime, l’industrie des mines doit être sinon une industrie d’Etat, tout au moins une industrie dont l’Etat doit diriger l’exploitation, par l’intervention directe de ses représentants auprès des exploitants. Napoléon I
er ordonne une mission de reconnaissance du gisement dans le département de la Sarre occupé par les soldats de l'Empire.

Les ingénieurs du corps des mines dressent un précieux "atlas" et leurs magnifiques pronostics sur l’avenir houiller de cette région déterminent l’empereur à partager le bassin sarrois en soixante concessions, pour en développer l’extraction qui atteignait à peine 50 000 tonnes en 1803.


Carte 37 de l'Atlas des concessions de la Sarre signée Beaunier et Calmelet, ingénieurs impériaux

C’est le résultat du travail acharné des vrais pionniers de l’épopée charbonnière sarro-lorraine, avec à leur tête Jean-Baptiste Guillot-Duhamel , de la promotion de 1783 de l'Ecole des Mines, directeur de l'Ecole Pratique des Mines de la Sarre, à Geislautern, ingénieur en chef, puis inspecteur divisionnaire et inspecteur général des Mines, et ses deux collaborateurs Louis-Antoine Beaunier, de la promotion de 1795, ingénieur en chef des Mines, et Michel-François Calmelet, de la promotion 1800, également ingénieur en chef des Mines.

Les mines françaises de la Sarre seront parmi les premières auxquelles s’appliquera le Code minier créé en 1810. Mais les événements de 1814 surviennent avant que l’important projet de Napoléon Ier n’aboutisse.  Le second traité de Paris, le 20 novembre 1815, sanctionne le retour de Napoléon de l’île d’Elbe et sa défaite à Waterloo. Il oblige la France à remettre le territoire de Nassau-Sarrebruck à la Couronne de Prusse.

Les ingénieurs français avaient tellement amélioré la situation des houillères sarroises que leur production venait de doubler en cinq ans.

Après la perte du département de la Sarre et de son charbon par ce traité, on se préoccupe immédiatement, en Moselle, de rechercher le prolongement du gisement dont la France vient d’être privée.

Ironie de l’Histoire, aujourd’hui Paris devrait savoir gré à l’Allemagne de perpétuer la mémoire de l’époque napoléonienne : un puits et une halde (terril) portent le nom de Duhamel, à Ensdorf, la dernière mine sarroise qui s’arrêtera définitivement dans quelques semaines. Point final d’un cycle extraordinairement long, plus long qu’en Lorraine.



De l’essor au déclin




Le terril Duhamel, près de Sarrelouis




C’est dans la deuxième moitié du XIXe siècle que l'activité des mines connut un essor rapide. Dans la décennie 1950, les charbonnages sarrois employèrent jusqu’à 66 000 personnes dans 18 unités d’exploitation, pour une production annuelle record de près de 17 millions de tonnes en 1960. Mais la crise du charbon, dès 1957, engendra une concentration et une rationalisation des activités minières.

En 1995, les charbonnages de Camphausen et Reden furent intégrés à la mine Est à Göttelborn, équipée du chevalement le plus haut du monde, mais cette dernière fut contrainte de fermer dès 2000.


Après l'arrêt de la mine Warndt en 2005, le dernier charbonnage encore exploité dans la région est celui d'Ensdorf.

La Sarre va fermer sa dernière mine avec solennité. L’appel d’offres en vue de la construction d’une sculpture monumentale en-haut des 150 mètres du « terril Duhamel », à Ensdorf, a obtenu 147 réponses. Le premier prix a été attribué à deux jeunes architectes de Berlin, Katja Pffeifer et Oliver Sachse.

Leur idée : une sculpture en acier de 30 mètres, un assemblage où les vides jouent avec les pleins pour donner à l’œuvre son caractère spectaculaire, tout en force et finesse, évoquant le "Z" de "Zukunft", l'avenir. On pourra en gravir les 288 marches et elle sera parée de leds. Habillée de lumière, elle deviendra, la nuit, le phare de tout un territoire.

Le "Saarpolygon"


Le coût total du « Saarpolygon », dont l'inauguration est prévue l'année prochaine,  s'élèvera 1,1 million d'euros. Sa réalisation sera financée par l’association créée pour la sauvegarde du patrimoine minier et la mémoire des mineurs de la Sarre (BergbauErbeSaar e.V.), grâce à des dons, la Fondation RAG et le Land Saar apportant 600.000 euros à la réalisation du projet. L'association, afin de conjurer l’oubli et pour instaurer une dynamique, voudrait faire du 30 juin, tous les deux ans, une "Journée du charbon".

En Sarre, après fermeture, les carreaux de mine ne sont pas systématiquement rasés, mais peuvent bénéficier d'une reconversion économique et culturelle, comme à Göttelborn et Reden grâce au travail de l'IndustrieKultur Saar (IKS).


À Ensdorf, les mineurs sarrois quitteront le métier la tête haute. Au pied du terril au nom français, leurs camarades lorrains auront le regard levé, à la hauteur de l'Histoire et de l'avenir. Deux manières d'exprimer un même sentiment d'appartenance et de fierté.



Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur

Eléments historiques extraits
de mon livre "Les chevaux de mine retrouvés"


[Publié le 1.6.2012]









































Liens externes :

- Patrimoine minier de la Sarre : le site de Sébastien Berrut
 
- Chant traditionnel des mineurs allemands : "Glück Auf ! Der Steiger kommt"



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Automne 2014 :
début du montage


La construction du monument en acier en forme de «-Z-» comme «-Zukunft-» (avenir) qui doit rappeler le passé charbonnier de la Sarre au sommet du terril de la mine d’Ensdorf (dernière mine de la Sarre fermée le 30 juin 2012, près de Sarrelouis), va démarrer cet automne (2014). L’inauguration est annoncée pour le premier semestre 2015.


Le 29 septembre 2014, l’association pour la sauvegarde du patrimoine minier et la mémoire des mineurs de la Sarre (BergbauErbeSaar e.V.), maître d'ouvrage, et  la Firme Claus Queck GmbH –  Stahlbau Queck – ont signé l'acte attribuant le marché à cette société de Düren, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

Plus de 500 entreprises, institutions, associations et de très nombreux particuliers ont soutenu le projet par un don. Sachant que l’on pourra gravir les 288 marches du «Saarpolygon» pour parvenir à son sommet à 30 mètres au-dessus du niveau du sol, ses promoteurs ont proposé d’apposer sur chacune des marches le nom d’un donateur, au tarif de 1.000 euros la mention. La proposition a été bien accueillie.

[Publié le 2.10.2014]




 

9 commentaires:

Sylvain Post a dit…

Die Internetzeitung 24 PR, du 9.2.2011
(...)Der Kohle-Abbau ist zu teuer für den Weltmarkt, ohne Subventionen könnte in Deutschland nicht gefördert werden. Nach Angaben des Gesamtverbands Steinkohle subventionierte Deutschland im vergangenen Jahr die Förderung mit zwei Milliarden Euro. Vor 15 Jahren waren es noch 5,3 Milliarden Euro, bis 2018 sinken die Subventionen schrittweise auf 1,1 Milliarden Euro.

Als erstes der letzten fünf Bergwerke in Deutschland wird nun das saarländische geschlossen. Die komplette Fördertechnik soll danach wieder ans Tageslicht geholt werden, sagt Bergwerksdirektor Breinig. Die Maschinen werden entweder ins Ruhrgebiet verlegt oder in andere Länder verkauft, in denen die Kohleförderung weiter geht.

Zum Abschied will die Bergbaukonzern RAG im Saar-Tal auf der 150 Meter hohen Ensdorfer Bergehalde "Duhamel" eine weithin sichtbare Landmarke errichten. "Das wird ein neues Wahrzeichen für das Saarland am Ende einer großen Industrie-Epoche", ist sich Bergwerksdirektor Breinig sicher. "Und ein Symbol für die Bevölkerung", fügt er hinzu: "Das haben wir Bergleute geschafft. Jetzt gehen wir mit erhobenem Haupt."

Sylvain Post a dit…

Site Internet de la ville d’Ensdorf, 22.4.2012
“Die Halde Ensdorf, auch Halde Duhamel genannt, zählt mit fast 50 Hektar Grundfläche und ca. 330 m über NN zu den größten. Sie ist im mittleren Saartal weithin sichtbar und überragt die bergbautypischen Hochbauten wie das Fördergerüst oder die Kohlenaufbereitung erheblich. Sie erhebt sich aktuell rund 150 m über das unmittelbar umgebende Gelände und ist ein Symbol für den leistungsfähigen Bergbaustandort in Ensdorf.
(…)Seit rund drei Jahrzehnten sind die fertig geschütteten Bereiche der Halde rekultiviert worden. Bis heute sich rund 30 Hektar Haldenfläche begrünt.
Am Südhang der Halde liegt eine kleine Weinanbaufläche mit 99 Rebstöcken. 1968 hatte der damalige Bergwerksdirektor Moritz Rauber die Idee, diese Weinreben anzupflanzen. Seit 1972 werden die Weinreben vom ehemaligen Bergmann und Hobbywinzer Anton Raubuch gepflegt. Der "Weinberg" liegt im Zentrum der für die touristische Erschließung freigegebenen Fläche. Auf Halden des Bergbaus ist dies eine außergewöhnliche Flächennutzung.
Auf Initiative von Landrat Dr. Peter Winter ist ein Teilbereich der Halde seit Mai 2004 auch touristisch nutzbar. Die Gemeind Ensdorf, deren Bürgermeister Thomas Hartz das Projekt von Anbeginn tatkräftig unterstützt hat, unterhält die Wanderwege, die bis auf das Plateau führen. Finanziert wurde das Projekt durch den Landkreis Saarlouis sowie das Wirtschaftsministerium des Saarlandes”.

Sylvain Post a dit…

Vous avez dit Fête de l'Europe ?
Drôle de fête pour l'Europe, qui célébrait hier la déclaration Schuman, considérée comme l'acte de naissance de l'Union européenne. Le 9 mai 1950, Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères français proposait la mise en commun de la production de charbon pour construire une union. « L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait », écrivait-il...

Hier, colloques, discours, rencontres avec les citoyens se sont multipliés, et chacun a pu constater à quel point les responsables européens étaient encore loin d'une définition commune de cette solidarité.

Le commissaire européen Michel Barnier résumait ainsi la situation dans un tweet : « journée de l'Europe, situation dure : faut trouver équilibre mesures crédibles pour marchés financiers/mesures que les peuples peuvent supporter ».

A Florence lors d'un colloque, le chef du gouvernement italien, Mario Monti, a ainsi reconnu qu'à la suite des votes en Grèce, en France, de la chute du gouvernement aux Pays-Bas, il y avait des « turbulences » et que le débat politique ouvert sur l'équilibre entre austérité et croissance allait être « intense » dans les prochains jours.

Sylvain Post a dit…

À son tour, la Sarre dit adieu au charbon

L’exploitation de la mine d’Ensdorf s’arrêtera le samedi 30 juin. Huit ans après la France, la Sarre vit aussi la fin de l’ère du charbon. Environ 1.300 salariés seront mutés dans la Ruhr ou le Nord-Rhénanie-Westphalie.

Sylvain Post a dit…

SR Online,
Regionalnachrichten

30.06.2012 11:37
Ensdorf: Saarland nimmt Abschied vom Bergbau


Das Saarland nimmt heute offiziell Abschied von über 250 Jahren Steinkohlebergbau. Das Bergwerk Saar in Ensdorf hatte gestern als letzte Grube den Betrieb eingestellt.

Den offiziellen Rahmen bildet heute ein Festakt um 14.30 Uhr auf dem Grubengelände. Ab 17.00 Uhr sind alle aktiven und ehemaligen Bergleute mit Familien und Freunden zu einem Fest eingeladen.

Am Abend ist eine große Mettenschicht mit musikalischen und geistlichen Teilen geplant. Der SR berichtet umfassend über das Bergbauende. Das SR Fernsehen sendet ab 14.30 Uhr ein Sonderprogramm.

Anonyme a dit…

Glück Auf !

Sylvain Post a dit…

Grande parade, le 23 septembre

Le dimanche 23 septembre, à partir de 13 heures, place de la Ludwigskirche, à Sarrebruck, la Sarre dira adieu au charbon, à l'occasion d'une cérémonie officielle voulue conjointement par la ministre-présidente de la Sarre et le président de l'union des sociétés de mineurs et sidérurgistes sarrois. Un rassemblement qui promet d'être haut en couleurs, car il réunira environ 80 groupes en uniformes de parade, avec musiques et fanfares dans le pur style de la tradition minière.
Toutes les sociétés de mineurs mosellanes viennent d'y être invitées, par lettre datée du mois de juillet.

Sylvain Post a dit…

Cérémonie reportée à l'année prochaine

La cérémonie officielle voulue conjointement par la ministre-présidente de la Sarre et le président de l'union des sociétés de mineurs et sidérurgistes sarrois, initialement annoncée pour le 23 septembre par les organisateurs, est reportée à l'année prochaine.

La décision a été prise à l'issue d'un tour de table avec les représentants des associations qui ont jugé cette date trop proche de l'adieu à la mine d'Ensdorf du 30 juin dernier.

Sylvain Post a dit…

Début d'un procès sur une gigantesque mine de charbon allemande


BERLIN - Les juges suprêmes allemands se penchent à partir de mardi sur la légalité d'un gigantesque site d'extraction de charbon à ciel ouvert à l'Ouest du pays, dont l'élargissement en cours nécessite de rayer de la carte des villages entiers.

La décision du tribunal constitutionnel de Karlsruhe (ouest), qui pourrait se faire attendre encore plusieurs mois, aura une portée nationale, alors que l'Allemagne mise plus que jamais sur le charbon après sa décision d'abandonner le nucléaire. Le charbon - lignite et houille- représente actuellement 40% dans la production du courant en Allemagne.

Le lignite très polluant est encore produit pour une large part en Allemagne même, et notamment sur le site de Garzweiler, en Rhénanie du Nord-Westphalie.

En 2006, ont débuté les travaux d'élargissement de cette gigantesque mine à ciel ouvert exploitée par RWE, deuxième producteur d'énergie du pays. A terme, elle doit couvrir une surface de 112 kilomètres carrés, un peu plus que la ville de Paris toute entière. Garzweiler II doit produire 1,3 milliard de tonnes de lignite d'ici 2045 qui alimentera les centrales thermiques allemandes.

L'agrandissement de la mine nécessite le déplacement de quelque 7.600 personnes, des quartiers ou villages entiers devant être nivelés pour céder la place à l'activité d'extraction. Certaines communes n'existent déjà plus, d'autres sont en cours d'évacuation.

Un des résidents concernés a porté plainte auprès du tribunal constitutionnel, aux côtés de l'influente association de protection de l'environnement Bund. Selon eux, l'exploitation du charbon n'est pas une nécessité impérieuse dans l'intérêt général, seul motif qui justifierait l'évacuation des populations. Bund veut faire valoir devant les juges que l'exploitation de charbon en Allemagne n'est pas indispensable pour assurer l'approvisionnement énergétique du pays, une conclusion à laquelle est également arrivée un rapport récent de l'institut de recherche économique DIW.

L'exploitation subventionnée de houille, qui n'est plus rentable depuis longtemps, doit prendre fin en Allemagne en 2018. Le lignite en revanche a toujours la cote: RWE opère plusieurs mines et Vattenfall, filiale du groupe public suédois du même nom, exploite un gros site à la frontière polonaise.

Le procès commence mardi par une première audition.


(©AFP / 04 juin 2013 12h20)