jeudi 1 août 2013

TEMPS DE TRAVAIL

Brèves de comptoir

Les Français travaillent bien plus que 35 heures par semaine ! Une étude vient de rappeler que la durée effective est nettement supérieure à la durée légale. Mais à propos : les Allemands doivent bosser trois minutes pour s’offrir une bouteille de bière, tout comme il y a vingt ans. Les Français à peine une minute de plus...

(Mis à jour le 1er août 2013)





Alors qu’à Paris, le 30 mai, François Hollande et Angela Merkel cherchaient à démontrer que l'Union européenne ne se résume pas à l'austérité, le quotidien Die Welt consacrait un de ses titres au pouvoir d’achat des Allemands. Nos voisins d’outre-Rhin «-peuvent se permettre en moyenne neuf pour cent de marchandises de plus qu’il y a vingt ans » indique le quotidien, reprenant une analyse de l’institut fédéral en charge du baromètre économique. Berlin y voit les dividendes des innovations technologiques et des gains de productivité.

Au rayon de l'électronique grand public, selon cette étude, 28 heures de travail permettent aujourd’hui d’acheter une télé à écran plat, alors qu’il en fallait 78 pour un tube cathodique du début des années 1990. Pour une plaquette de beurre, les Allemands doivent travailler nettement moins qu’il y a vingt ans : 4 minutes en 2012 contre 6 minutes en 1991. Le prix du lait, des œufs et de la côte de porc a baissé. En revanche, pour un dos de cabillaud un consommateur d’outre-Rhin doit travailler en moyenne 10 minutes de plus qu’en 1991, la surpêche ayant pour effet de tirer les prix du poisson vers le haut.

« Pour une bouteille de bière, il faut compter aujourd'hui 3 minutes, comme il y a vingt ans » signale encore cette étude qui se base sur un revenu net moyen de 10,31 € par heure en 1991. Depuis, le salaire horaire net moyen est passé à 15,89 €. Trois minutes mettent ainsi la bouteille de trente-trois centilitres à 0,79 €.

Pour autant, la pression n’est pas retombée chez les brasseurs allemands. Ils sont inquiets d’avoir vu leur production chuter pour la sixième année consécutive en 2012, alors que l’Allemagne a longtemps été le pays, après la République tchèque, où l’on boit le plus de bière dans le monde. Les jeunes Allemands consomment moins de bière et s’orienteraient volontiers vers les soft drinks. 

Les brasseurs d’outre-Rhin qui dominent de loin le marché européen, peinent aussi à l’exportation. Alors même que la consommation mondiale de bière est poussée par la demande asiatique, aucun brasseur allemand ne parvient à se hisser dans le top 10 des marques les plus vendues dans le monde, les Chinois arrivant premiers au classement.

L’Allemagne étant un pays où l’on boit plus de 100 litres de bière par an et par personne, contre 30 en France, il ne fallait pas sattendre de la part des statisticiens de l’Insee, qu’ils choisissent le modèle allemand au pays de la vigne et du vin. Que ne poussent-t-il pas leur mise en calcul de nos habitudes jusqu’à dire combien il faut de labeur tricolore pour déboucher un bordeaux ?

Finalement, si on en reste à la bière pour éviter les mélanges, quelle quantité de travail doit-on fournir en France pour s’offrir une pinte ? Achetée en grande surface par pack de vingt, à environ 12 euros le pack, la quantité équivalant à trente-trois centilitres ne coûtera pas plus cher qu’en Allemagne. Dans l’hexagone, un salarié payé 13,20 € de l’heure (salaire net horaire moyen constaté par l’Insee pour 2010) doit réaliser 3,59 minutes de travail pour payer ladite bouteille, qu’il boira où il veut, sauf au zinc. Rien à voir, en effet, avec les 2,50 € qu’il faut allonger pour une mousse au comptoir.

Alors, toujours persuadé que les Français travaillent moins que les Allemands ? Question dont on aura perçu l’ironie.


S.P.



Liens externes :

- Die Welt
- Le Monde
- Challenges
- Les Français travaillent bien plus que 35 heures !
 
 

5 commentaires:

Sylvain Post a dit…

Reste que l'Allemagne est le seul pays de la zone euro à revoir sa croissance en hausse pour 2013, soit 0,5 % au lieu de 0,4 %...

Sylvain Post a dit…

En réponse à mes camarades qui, sur Facebook, me demandent si le même raisonnement peut s'appliquer aux carburants...
Voici les prix moyens indiqués par la Fédération internationale de l'automobile et mis à jour au 15 mai 2013 :

Essence SP98 :
France : 1.599 €
Allemagne : 1.627 €

Diesel :
France : 1.410 €
Allemagne : 1.395 €

Source : http://www.automobile-club.org/se-deplacer-mobilite/prix-des-carburants.html

Un Français doit fournir 6 minutes de travail pour un litre de diesel dans son pays, un Allemand, 5 minutes de travail dans le sien pour un litre de diesel outre-Rhin. L'écart est le même pour l'essence : 7 minutes vs 6 minutes... Il convient d'avoir en tête qu'une minute de travail rapporte 22 centimes en France vs 26 en Allemagne en moyenne nationale, salaire net...

Sylvain Post a dit…

Les Français continuent à travailler plus de 35 heures

Selon le magazine Challenges daté du 26 juillet 2013, "En France, les salariés à temps complet travaillaient en moyenne 39,5 heures en semaine normale en 2011, un peu plus qu'en 2003 mais moins que la moyenne des pays de l'UE, selon une étude publiée vendredi 26 juillet par le ministère de l'Emploi.

La "durée habituelle hebdomadaire" de travail pour une semaine sans événement exceptionnel (jour férie, congé, etc.), incluant les heures supplémentaires régulières, est en France l'une des plus faibles de l'Union européenne, au 21e rang des 27 pays que comptait l'UE en 2011, précise la Direction des études statistiques du ministère du Travail (Dares).

Entre 2003 et 2011, elle a augmenté de 1,7% à 39,5 heures, contre 40,4 heures en moyenne dans l'UE à 27.

Les cadres affichaient des durées plus longues (44,1 h) que les employés (38,3 h) et les ouvriers (38 h).

Avec les salariés à temps partiel, la durée habituelle de travail s'établissait pour l'ensemble des salariés à 36,6 heures, légèrement supérieure cette fois à la moyenne européenne.

En tenant compte des jours de congés, fériés et éventuels repos, la "durée collective hebdomadaire" des salariés à temps complet était de 35,8 heures en 2011.

Sur l'ensemble de l'année, leur temps de travail effectif, congés et absences inclus, s'établissait à 1.683 heures ou 213 jours de travail. Elle était d'environ 1.900 heures dans les années 1950.

Cette durée était pour les femmes de 1.603 heures contre 1.741 heures pour les hommes. L'écart s'explique "probablement en grande partie" par le rôle prépondérant joué par les mères de famille dans la vie familiale, comme le suggère le niveau supérieur des congés maladie (incluant les absences pour enfants malades) pris par les femmes.

La durée annuelle des cadres était de 1.867 heures bien qu'ils disposent de plus de jours de RTT (11 en moyenne contre 8 pour les employés et 6 pour les ouvriers).

Les méthodes de collecte et de classification des données rendent délicates les comparaisons entre pays, notamment des durées annuelles, prévient la Dares dont l'étude s'appuie pour le cas français sur diverses sources (enquêtes trimestrielles et annuelles menées auprès des entreprises et enquête emploi de l'Insee menée en continu auprès des ménages)."
(Challenges avec AFP)

Sylvain Post a dit…

CE BLOG ENREGISTRE SA 53 700e VISITE AU 1er AOUT 2013

Ce blog vient d'enregistrer sa 53 700 e visite au 1er août 2013, totalisant ainsi 35 000 visites de plus que l'an dernier à la même date, soit une progression de 186% .
Merci à toutes et à tous !

Sylvain Post a dit…

Si l'Allemagne a résorbé son chômage, ce n'est pas par la création d'emplois ETP (équivalents temps plein), mais par le recours massif au temps partiel avec un salaire, souvent, bas... On sait qu’il n’existe pas de salaire minimum légal généralisé en Allemagne, à l’exception de certaines professions (BTP, entretien, peintres en bâtiment), et que les salaires sont autrement décidés entre partenaires sociaux au niveau des branches. Le parti socialiste allemand (SPD) fait actuellement pression pour obtenir une détermination par la loi d’un salaire minimum universel semblable au Smic français. Sa revendication porte sur un salaire horaire de 8,50 euros, mais elle n’a quasiment aucune chance d’aboutir, compte tenu de l’opposition farouche de la chancelière et de sa majorité au Bundesrat.