dimanche 14 juillet 2013

CONTROVERSE # CLOVIS

MENSONGE D’ÉTAT
La commémoration
du baptême de Clovis


Pourquoi avoir fêté le 1 500e anniversaire du baptême de Clovis en 1996 alors que les historiens savent qu'il n'a pas eu lieu en 496 ? Retour sur un affrontement qui opposa l'église catholique à la gauche progressiste. Comment ne pas penser aux manifs du printemps dernier ? 
 





« Si l’opération  “Année Clovis” est destinée au retour de la doctrine “France fille aînée de l’Église”, elle est bien mal fondée historiquement. Clovis, c’est l’Église au garde-à-vous et au service de l’État-» écrivait Roger-Xavier Lantéri dans Libération,  le 20 mai 1996, six mois avant le «-pharaonesque tralala-», selon lui, programmé pour le 1 500e  anniversaire du baptême de Clovis.

Pour ce journaliste historien, le baptême du premier roi chrétien d’Occident par le futur saint Remi n’a absolument pas eu lieu en 496, mais deux ou trois ans plus tard. Jean-Paul II et Jacques Chirac ne pouvaient pas l’ignorer, ni même le très chiraquien député-maire RPR de la Cité des Sacres, Jean Falala. L’Église catholique et la Ve République se sont rejointes sur le principe de cette célébration. Le pape a tenu à se rendre à Reims en dépit de son  état de santé et le président français, un an après son élection, a apporté son appui à la mise en scène de l’événement qui a très vite tourné à la polémique.

Pourquoi donc toute cette mise en scène sur une date contestable ? Inutile d’énumérer les éléments qui permettent de rejeter celle de 496. Certains auteurs font remarquer qu’en 498 Clovis est encore en négociation avec l’épiscopat et discute de sa possible conversion avec l’évêque de Tours.

Historien de l'Église, des Francs et de l'Auvergne, Grégoire de Tours, se garde bien de dater le baptême de Clovis. En 1993, un universitaire du Kentucky, Mark Spencer, publie une synthèse sur le sujet. «-Apparemment on connaît mieux l’histoire de France dans le Midwest qu’à l’Elysée-» lâche ironiquement Roger-Xavier Lantéri dans Libé. «-Même escobarderie, écrit-il, avec la fameuse réplique : Courbe le chef, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré ”… c’était une erreur de traduction pour Dépose tes colliers ”… c’est-à-dire tes amulettes ».

Au cœur du tumulte suscité par l’événement en 1996, «-certains observateurs ont pu noter la résurgence de l'affrontement de deux France : l'une républicaine et laïque, l'autre monarchique et catholique, estime le politologue Sébastien Thiéry. Cet affrontement, très XIXe siècle, résulta de nombreuses ambiguïtés constitutives de la célébration. Programmée par le “Comité pour la commémoration des origines : de la Gaule à la France”, cette commémoration se voulait “nationale”. 

Dés lors l'organisation de la venue du Pape constituait un premier sujet de discorde : la question de l'engagement de l'État et des fonds publics mobilisés à cette occasion devenait épineuse. Cependant, deux précisions permettent d'apaiser cette querelle. D'une part, la visite officielle du Pape, chef d'État, ne pouvait être prise en charge que par la puissance publique. D'autre part, toutes les cérémonies relatives au domaine du culte furent financées par l'Église et au moyen d'une immense récolte de fonds organisée auprès des particuliers ».



Provocation


Mais Sébastien Thiéry ne manque pas de relever une autre maladresse. Elle réside dans le choix de la date. Si l'année exacte du baptême de Clovis demeure inconnue, le jour est cependant indiscutable : le roi des Francs a reçu l'onction un 25 décembre. « Dès lors, programmer un tel événement un 22 septembre est apparu, aux yeux des républicains, comme une évidente provocation : la France républicaine oubliait de célébrer l'anniversaire de la Première République-». Le 22 septembre 1792 est, en effet, la date des actes de l'an I de la République française.

Cet avatar a eu le don d’énerver plus d’un représentant de la classe politique et de la société civile (voir ci-après la question écrite du sénateur Jean-Luc Mélenchon au gouvernement). Symboliquement, le jour de la commémoration du baptême de Clovis à Reims, des francs-maçons de cette ville ont tenu une assemblée non loin de là, au pied du moulin de Valmy. La bataille de Valmy, rappelons-le, fut la première victoire décisive de l'armée française pendant les guerres de la Révolution ayant suivi le renversement de la monarchie des Bourbons. 

« France qu’as-tu fait de ton baptême ? » s’était écrié Jean-Paul II, il y a trente ans, devant les jeunes catholiques rassemblés en masse au Bourget. La Ve République a semblé répondre à la question du souverain pontife par la commémoration du baptême du roi franc. 

Que le RPR et l’UMP aujourd’hui cultivent le souvenir de Clovis ne constitue pas vraiment une surprise. À la question : « Pourquoi vous référez-vous si souvent aux quinze cents années d’histoire de la France, alors que, pour la plupart des Français, elle remonte à deux mille ans ? », le général De Gaulle aurait répondu : « Pour moi, l'Histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Avant Clovis nous avons la préhistoire gallo-romaine et gauloise. L'élément décisif pour moi c'est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l'Histoire de France à partir de l'accession d'un roi chrétien qui porte le nom des Francs-».

Ces propos sont attribués au Général par Christian Amalvi, professeur d'histoire contemporaine à l'université Paul-Valéry de Montpellier-III, dans un article publié en 1989. Ces quelques phrases, selon Amalvi, résument parfaitement « ce que le XIXe siècle catholique n'a cessé de proclamer sur tous les tons et en toutes circonstances : la France n'est pas un peuple comme les autres ; elle constitue, grâce à la victoire miraculeuse de Tolbiac et au baptême de Reims, le peuple élu, prédestiné des temps modernes (par opposition à l'ère biblique), le successeur insigne du peuple hébreu. 

Cette prééminence providentielle implique une triple mission sacrée : propager la révélation chrétienne dans l'univers, « extirper » l'hérésie, protéger enfin l'Église de Jésus-Christ, la papauté en particulier, en tous temps et en tous lieux ». Christian Amalvi va plus loin dans l’interprétation providentielle de l’Histoire de France qu’il prête aux catholiques du XIXe siècle : « Chaque fois que la France s'est montrée fidèle au pacte de Reims, elle a brillé d'une gloire incomparable, notamment lors du règne de saint Louis. Chaque fois, au contraire, qu'elle s'est détournée de sa mission de Fille aînée de l'Église” (sous Philippe le Bel ou sous Louis XV par exemple), elle a été aussitôt impitoyablement châtiée. Et ce schéma, assure-t-on, n'est nullement périmé après la tornade” révolutionnaire : il demeure plus que jamais valable pour l'époque contemporaine »… 

De fait, il y a un millénaire et demi, la conversion de Clovis fut un acte essentiellement politique comme le soutient Roger-Xavier Lantéri : « L’alliance d’un conquérant pragmatique, installé seulement au nord de la Loire, avec un épiscopat français solidement implanté, principale machine administrative du pays. Cette alliance avait un objectif précis : la conquête de l’Aquitaine, c’est-à-dire de toutes les terres situées entre les Pyrénées et la Loire sur lesquelles régnaient des souverains chrétiens s’appuyant sur un épiscopat concurrent ». 

Conclusion : après sa victoire “miraculeuse” de Tolbiac, près de Cologne, où il battit les Alamans en 496, après avoir senti la bataille lui échapper, Clovis triompha des Wisigoths du royaume de Toulouse à la bataille de Vouillé, en 507. Il offrit ainsi à ses alliés catholiques l’exclusivité religieuse. Roger-Xavier Lantéri de rappeler que Clovis « se fait reconnaître de facto comme chef de l’Église de France et il définit lui-même strictement les matières sur lesquelles les évêques les évêques peuvent délibérer dans leurs conciles-: les affaires internes du clergé et la politique familiale ». 

Sur la question clivante de la politique familiale, comment ne pas digresser vers les vigoureuses manifs de catholiques et de la droite contre l’ouverture du mariage aux couples homosexuels … Miséricorde-!




Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur

Photo en tête d'article : le futur saint Remi baptisant Clovis,
sculpture située près de la basilique Saint-Remi, à Reims.
Elle est l’œuvre de Daphné du Barry, présentée comme la meilleure
représentante féminine du style figuratif classique en Europe.


Liens externes :

- Année Clovis : tout faux ! L’article de Roger-Xavier Lantéri dans Libé
- Le baptême de Clovis : heurs et malheurs d'un mythe. Par l’historien Christian Amalvi
- La commémoration de 1996 commentée par le politologue Sébastien Thiéry
- Les relations entre l'Eglise et l'Etat en Alsace-Moselle

 

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La protestation du sénateur Jean-Luc Mélenchon (gauche)...

Voici la question écrite adressée au gouvernement par Jean-Luc Mélenchon alors sénateur de l’Essonne (CRC-SPG, communistes et parti de gauche), publiée dans le JO du Sénat le 4 avril 1996 :
« M. Jean-Luc Mélenchon attire l'attention de M. le Premier ministre sur l'organisation des cérémonies en vue de la commémoration du baptême de Clovis. Le soutien apporté par les plus hautes autorités à cette manifestation et en particulier par le chef de l’État qui coprésidera les cérémonies, bien que garant de la République, de ses valeurs et de ses institutions, est particulièrement choquant. La République ne doit rien à Clovis et l’État, régi par les principes de laïcité, n'a pas à relayer l'idée selon laquelle la France serait le produit de la religion chrétienne. La France se caractérise par ses valeurs, par le pacte fondateur de 1789 auquel adhèrent les citoyens de la République et non pas l'appartenance au catholicisme. En cautionnant cette mystification, le Gouvernement véhicule implicitement un discours qui substitue les communautés aux individus et qui ne peut qu'exacerber les tensions et les rivalités entre les groupes. La référence à Clovis est une référence aux messages de haine et d'exclusion. C'est pourquoi il lui demande que le Gouvernement ne s'associe en aucune manière à cet événement ». 




... et la réponse d'Alain Juppé, Premier ministre,
président du RPR


Réponse d’Alain Juppé, alors Premier ministre (RPR), publiée dans le JO du Sénat le 25 avril 1996 : « L’État envisage la commémoration du baptême de Clovis dans l'esprit suivant. Il s'agit, en premier lieu, de marquer notre attachement au substrat historique sur lequel repose notre conscience nationale. Les grandes figures qui peuplent notre mémoire forment un patrimoine commun à tous les Français et sont l'une des composantes du lien social. Clovis est indiscutablement l'un des " grands noms de notre histoire " qui, comme en conviendra l'honorable parlementaire, ne commence pas en 1789. La commémoration, telle qu'elle est envisagée, ne manquera pas de relever la distance, parfois importante, qui sépare la réalité historique de l'image, plus ou moins mythique, qui s'est forgée ultérieurement. Ce sera l'un des intérêts des colloques et expositions scientifiques qui seront organisés autour de cet événement. Cet anniversaire est abordé, d'autre part, dans un esprit d'ouverture aux autres et non de repli sur soi : la figure de Clovis appartient aussi à la mémoire historique de nos voisins belges et allemands et le baptême de Clovis symbolise l'alliance heureuse qui s'est nouée sous son impulsion entre les tribus franques et la civilisation gallo-romaine. Il est bon de le rappeler, au moment où certains s'efforcent d'interpréter le souvenir de Clovis à des fins partisanes et dans un esprit d'exclusion. Enfin, le respect de la laïcité n'implique pas que l’État doive occulter la dimension authentiquement religieuse du baptême de Clovis. L’État laïc doit être impartial, il ne saurait être sectaire. Cet événement peut ainsi donner à nos concitoyens l'occasion de réfléchir, dans un contexte apaisé, au rôle des phénomènes religieux dans notre histoire et notre évolution sociale. Tel est l'esprit, objectif et serein, dans lequel le Gouvernement a décidé de constituer un comité chargé notamment de coordonner les manifestations organisées ou soutenues par les collectivités publiques à l'occasion du quinzième centenaire du baptême de Clovis. Enfin, le Président de la République ne présidera ni ne coprésidera de manifestation religieuse organisée à l'occasion de cet anniversaire ».


Publié le 20 juin  2013


MENSONGE D'ÉTAT JEANNE D'ARC, l'autre héroïne de Reims


7 commentaires:

Dominique Dréan a dit…

Un droit de suite efficace sur une polémique très vive - et vite oubliée.
Le "détail" du choix de la date relevé par Sébastien Thiéry est tellement énorme que c'en est drôle, mais je ne me souviens pas d'en avoir entendu parler à l'époque.
Politique et religion, c'est souvent une question de choix ponctuels: assurer son fonds de commerce en tirant à vue sur le mariage pour tous, c'est évidemment plus rentable pour l'UMP que d'envoyer un message de tolérance à des gens qui - en tout état de cause - votent peu pour elle. Aller pleurer à Lourdes, au risque d'aggraver la crue, c'est une façon, de lisser un peu les soutanes chiffonnées par cette même loi.
Le curé, l'instit, le médecin, le maire, toutes les "autorités" jadis incontournables ont été déboulonnées. La religion qui nous a imprégnés depuis des siècles reste quand même présente à travers une pseudo morale et il n'est vraiment pas honnête de la part des politiques d'en user pour se donner un semblant de légitimité.
Il reste maintenant un dernier bastion qui influence toute la vie sociale et politique, c'est la finance et ça, c'est un autre chantier!

Patricia Moreau a dit…

Voilà un article pertinent, qui apporte un bon éclairage sur le mythe du baptême de Clovis et la célébration du 1500ème anniversaire. La "récupération" des faits historiques et religieux à des fins politiques n'est pas un fait nouveau, comme le précise monsieur Dréan. Il n'en demeure pas moins qu'elle nuit à la vérité historique et que ce travers regrettable, qui avouons-le, a tendance à s'accentuer avec la multimédiatisation galopante de l'information au XXIème siècle, induit tout le monde en erreur. Nous allons finir par y perdre notre latin... Ce serait dommage.

Sylvain Post a dit…

L'opposition aux conditions de la visite du pape s'est traduite par l’éclosion d’un grand nombre de collectifs qui ont pris l’initiative de lancer une campagne de "débaptisation". La possibilité de demander à l'Église de vous marquer "apostat" dans les registres (à défaut d'un effacement physique de votre nom) a été mentionnée par Libération (10.8.1996) et Le Canard Enchaîné (14.8.1996). Le Journal du Dimanche du 22.9.1996 mentionne 870 demandes (d'après le Collectif de Tours); La Marseillaise du même jour mentionne 1 000 demandes (d'après le Collectif de Reims en totalisant les chiffres fournis par 37 autres collectifs).
L’Église catholique a admis que le nombre de ces demandes a été supérieur à celui d’une année « normale » écrit sur son blog, le journaliste Bruno Courcelle qui tente un inventaire des manifestations "contre" organisées en France. « Sans prétendre être exhaustif, précise-t-il, je citerai celles au sujet desquelles j'ai des informations ne venant pas de leurs organisateurs:

• Lorient, le 14 septembre, 3 000 participants (Ouest-France, 16.9)
• Avignon, le 14 septembre, nombre inconnu (La Marseillaise, 19.9)
• Aurillac, le 18 septembre, 100 participants,(La Montagne, 19.9)
• Tours, le 21 septembre, 3 000 participants, (Le Monde, 24.9)
• Valmy, le 22 septembre, 1 500 participants, (Le Monde, 24.9)
• Marseillan, le 22 septembre, 150 participants (L'Humanité, 23.9)
• Reims, le 22 septembre, 1500 participants au meeting de la Libre Pensée, 200 participants dans la rue (L'Humanité, France-Soir, Ouest-France, 23.9; Le Monde 24.9)
• Paris, le 22 septembre, (organisée par le Réseau Voltaire, Initiative Républicaine , le Mouvement "Europe & Laïcité" et d'autres) 8 000 participants d'après Libération, 6 000 participants d'après Sud-Ouest du 23 septembre, 10 000 d'après Le Nouvel Observateur.
•La Grande Motte, Ussel, Vienne, le 22 septembre, participation non précisée (Le Monde, 24.9) ».

Sylvain Post a dit…

Les discours prononcés en 1996 par le souverain pontife et le Président de la République à l’occasion de la commémoration du baptême de Clovis ont finalement été très prudents.
« Clovis a été mis au placard (…), écrit Bruno Courcelle sur son blog. La mobilisation laïque a forcé Chirac et Jean-Paul II à surveiller leurs termes.

Le Monde du 20 septembre titre en page 6 :
J. Chirac adresse au pape le salut de la France républicaine
Extrait de son adresse au pape:
" [...] Oui, Très Saint-Père, par-delà les siècles, la France républicaine et laïque, la France de la Déclaration des Droits de l'Homme, respectueuse des croyances et des convictions de chacun, respectueuse de tous les cultes et de leur libre expression, mais la France aussi, vielle nation façonnée par l'Histoire et l'esprit, demeure fière de ses racines."
« Il ne reste rien de l'allégeance flagorneuse du 20 janvier ! » remarque Bruno Courcelle.
Réponse du pape:
"[...] En adhérant à la foi catholique, Clovis, à sa manière et selon les conceptions propres à son temps, a pu guider des peuples différents vers l'édification d'une seule et même nation."
« On est loin du baptême de la France. (Le Nouvel Observateur s'interroge le 7.11: quel est l'auteur des discours de Jean-Paul II?)

Sud-Ouest titre en première page le 23 septembre :
Le pape déjoue le piège
En page 2 on peut lire:
"Enfin le voyage du pape aura crevé comme bulle au soleil les polémiques sur la laïcité. J. Chirac qui s'était laissé aller à quelques imprudences, avait redressé le tir dès l'arrivée jeudi. Et à l'évidence, toute présence ministérielle avait été interdite hier autour du baptistère de Clovis. [...] Quant au pape, son homélie rémoise s'est bien gardée de toute reconnaissance en paternité de la France chrétienne au profit de Clovis ou de tout autre."

Sylvain Post a dit…

Je vous invite à lire l’étude magistrale de Christian Amalvi parue en 1989 (lien ci-dessus, à la fin de l’article) et prends le risque de sortir de son contexte l’extrait suivant :
« La victoire de la République « révolutionnaire » suscite chez les catholiques deux types de réactions dissemblables : la première, minoritaire, consiste à constater, de façon désabusée, que c’en est bientôt fini de la France : « Tant que les rois de France ont continué l’œuvre de Clovis, le Christ a veillé sur eux et sur le royaume. Il a retiré son bras quand on l’a repoussé, et de chute en chute la France est tombée dans le radicalisme athée qui, de nos jours, la pousse à sa ruine. » Finis Galliae ! (V. de Maumigny, Droits de l’homme et droit divin, 1887).
La seconde attitude, majoritaire, invite au contraire les catholiques à la fois à la résistance (certains précisent à la « croisade ») contre la République anticléricale et à une réflexion de portée historiographique sur le problème des origines capable de faire pièce à la sacralisation laïque des sacrosaints principes de 89. Cet appel à la résistance revêt un double aspect : scolaire et politique (…). Sur le plan politique, le clergé justifie, en 1881 [ndla :avant le 14e centenaire du baptême de Clovis déjà fêté en grande pompe en 1896] son appel à voter pour les candidats conservateurs en dénonçant la destruction de toutes les traditions nationales et religieuses perpétrées par les républicains ».
L’Église ne réaffirme l’importance de l’événement fondateur de 496 ( sic) que pour mieux étouffer celui de 1789…

P.H. a dit…

Excellent papier, j'avais suivi en son temps le pataquès idéologique parfaitement déplacé et pour tout dire annonciateur des temps que nous vivons ....

Sylvain Post a dit…

Peut-on se faire "débaptiser" ?

Lu sur ZENIT, site internet "Le monde vu de Rome" :

La cour d’appel de Caen vient de rendre sa décision dans l’affaire de la demande de radiation du registre des baptêmes, jugée en première instance le 6 octobre 2011 par le tribunal de grande instance de Coutances. Le Tribunal ordonnait alors de procéder à l’effacement définitif de la mention selon laquelle le demandeur avait été baptisé, et ce, par tout moyen. Cette décision, à mes yeux, n’était pas admissible.
J’étais alors directement concerné et mis en cause en tant qu’évêque du diocèse de Coutances et Avranches. J’avais donc décidé de faire appel de cette décision. La cour d’appel de Caen infirme aujourd’hui la décision du Tribunal de Coutances.
D’une part, les magistrats ont reconnu que la tenue des registres de baptêmes correspond à une finalité légitime dans le cadre de la loi informatique et libertés. D’autre part, les magistrats ont conclu qu’il n’y avait pas, pour cet événement public qu’est le baptême, atteinte à la vie privée. En effet, le registre n’est pas accessible aux tiers et la divulgation de l’information est au surplus le fait du seul intéressé.
C’est bien ce que je souhaitais faire entendre en 2011. Bien sûr, l’Église restera à l’écoute des personnes qui veulent faire une démarche en vue d’obtenir la radiation de leur nom des registres de baptême : l’Église continuera, comme auparavant, à accéder à leur souhait en apposant à proximité de leur nom, sur le registre des baptêmes, une mention qui en atteste.
L’Église accueille de façon compréhensive ces demandes et respecte la liberté de cheminement de ces personnes. Mais elle se doit aussi d’honorer le sens fondateur et essentiel de l’acte de baptême. C’est l’attitude qu’elle a eue avec le demandeur de la Manche.
Elle ne peut pas lui dire : « Oui, votre baptême n’a pas eu lieu. » C’est impossible ! Le baptême, pour les chrétiens, est une nouvelle naissance dans la vie du Christ. Cet événement, d’ordre spirituel, est aussi un acte humain et historique, vécu par plusieurs personnes qui en ont donc été partie prenante ou témoins.
Je suis d’autant plus satisfait de la décision de la cour d’appel de Caen que celle-ci pourra permettre de répondre aux interrogations d’autres diocèses confrontés à des
questions similaires.

+ Stanislas Lalanne
Evêque de Pontoise
(11 septembre 2013) © Innovative Media Inc.