samedi 30 juin 2012

CONFLIT DE DATES EN LORRAINE

La découverte du charbon pour les nuls


On est allé un peu loin en présentant publiquement les
de Wendel comme les découvreurs, en 1856, du charbon lorrain.
Car les premiers mineurs de Moselle avait remonté la houille
vingt-cinq ans plus tôt. Bel exemple d’autosuggestion récurrente



 
 

Le propos commence bien. Quatre reproductions de tableaux représentant des membres de la famille de Wendel sont offertes, ce printemps, au musée de la mine de Petite-Rosselle. Joséphine de Wendel (1784-1872), Charles de Wendel (1809-1870), Théodore II de Gargan (1827-1889) et François II de Wendel (1874-1949) font leur entrée dans l’espace muséographique de l'ancien “Carreau Wendel”.

Dès le lendemain, le traitement médiatique de cette remise nous apprend que ce sont les «Portraits des pionniers du charbon lorrain». «Objectif : pérenniser l’histoire de cette famille d’industriels».

Où est le problème ? On est allé un peu loin, je crois, en affirmant que la famille de Wendel fût «à l’origine de l’extraction du charbon qui a débuté dans le bassin houiller en juin 1856 au puits Saint-Charles, à Petite-Rosselle…». À tenir ce langage, on manque singulièrement de considération pour les mineurs de la première heure, ceux qui ont foncé le puits de Schœneck quarante ans plus tôt. Je ne crois pas que cette antienne, propagée depuis des lustres, dénote une connaissance incertaine de l’histoire chez les passeurs de mémoire. C’est un parti pris. Au nom de quel intérêt ?

Passer à la trappe la période qui commence en 1816 et livre du charbon vers 1830, c’est laisser choir au fond du gouffre le premier chapitre des houillères de Moselle, émaillé de conditions de travail incroyablement périlleuses, d’accidents fréquents, de venues d’eaux, d’éboulements et, aussi, d’un manque sidérant de connaissances scientifiques et techniques, de moyens matériels et de ressources financières.

Mais tout de même. Ces mineurs sont allés jusqu’aux limites de leur épuisement, parvenant au bout de l’effort à remonter le charbon. Aucune comparaison avec les tonnages de la deuxième moitié du XIXe siècle, diront certains. J’en conviens. Doit-on, toutefois, juger l’action de l’homme à l’aune de sa seule contribution au PIB ? Son histoire doit-elle s’écrire en langage mathématique et s’expliquer à partir de chiffres, de nombres, de ratios ? Cela signifierait que l’être humain puisse être dépouillé de ses qualités de chair et d’os, de cœur et d’esprit, et n’avoir avec ses semblables qu’une relation : il ne serait membre de la société qu’économiquement.

Oublier les pionniers de 1816-1830, c’est ingrat, car les efforts des débuts profiteront aux générations suivantes. Ainsi, Charles de Wendel tirera parti des travaux de Schœneck  pour parvenir à la “redécouverte ” du charbon lorrain quelques décennies plus tard. Il n’en est pas le découvreur. On peut à la fois encenser l’œuvre des de Wendel et renvoyer à celle de leurs prédécesseurs.

Ce que l’on peut attendre du musée de la mine de Petite-Rosselle, censé faire autorité sur ces questions, c’est qu’il nous dise avec rigueur quand et comment le charbon a été extrait du sous-sol mosellan, qu’il nous détaille la naissance difficile du bassin houiller, avant de nous conter son exploitation industrielle.

Pas simple. Je veux juste faire remarquer que la géologie a façonné un bassin charbonnier continental dont la singularité est d’être à cheval sur la frontière entre l’Allemagne et la France. Un bassin à deux étages superposés : “westphalien” en-dessous, “stéphanien” au-dessus, des appellations qui renvoient à la région d’Allemagne située entre la Weser et le Rhin pour la première,  à Saint-Etienne pour la seconde, et qui suggéreraient presque une double nationalité…

Le scénario qu’il faudrait privilégier consisterait donc à favoriser une conscience sarro-lorraine de ce gisement. Concernant la chronologie  des événements, il serait logique de remonter à sa première exploitation rationnelle, il y a 250 ans, en oubliant un instant le bornage des États.

Ça tombe bien. La partie sarroise était à l’époque sous la souveraineté française. Cela nous ramène à 1762 et au personnage historique reconnu  pour avoir pressenti la valeur économique des richesses du sous-sol de la Sarre : le prince Wilhelm-Heinrich de Nassau-Sarrebruck (1718-1768), qui agissait en bonne intelligence avec le Royaume de France.

Il y aurait donc une meilleure harmonie à trouver dans la manière de raconter la découverte et l’exploitation du charbon sarro-lorrain. Imaginer, afin de rendre intelligible la continuité physique du gisement, un “travers-banc” tracé à la mine de crayon entre Ottweiler et Faulquemont. Un tracé jalonné par l’aventure minière au regard des périodes politiques de notre histoire : l’Ancien Régime, la Ière République, le Premier Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet, le Second Empire. Reprenons…

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Ancien Régime
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D'après l'ancien droit de la France, les mines sont de droit régalien. Au roi seul appartient de les concéder. S’il existe, en France, des redevances pour les gisements de minerais métalliques, il n’y a pas, à l’époque, de concessions au sens strict pour le charbon. Louis XIV  accorde en 1698 à tous les propriétaires du sol, le droit d’exploiter des mines de houille dans leurs fonds.

Oubliée, la Grande Maîtrise des mines et minières de France que Henri IV avait créée en son temps... Louis XIV, le modèle des souverains et Colbert, le meilleur des conseillers du roi, font preuve d’un réel manque d’intérêt pour le charbon. Ils pensent faux !  Comme si la France du XXe siècle passait à côté des nouvelles technologies…

Louis XV, réparant la faute qu'on avait commise avant lui, replace les mines de charbon comme toutes les autres sous la main du roi : «À l'avenir personne ne pourra ouvrir et mettre en exploitation des mines de houille ou charbon de terre, sans avoir préalablement obtenu une permission du sieur contrôleur général des finances…».

En 1751, le prince Wilhelm-Heinrich de Nassau-Sarrebruck dédommage les anciens propriétaires des terrains houillers et il étatise à sa manière les mines de son vaste domaine. À l’exploitation sauvage succèdent un début de concentration et une stratégie préindustrielle qui seront déterminantes pour l’avenir de ces houillères. Parallèlement, les Prémontrés de l’abbaye de Wadgassen exploitent la houille qu’ils ont sous leurs pieds.

Malgré les circonstances favorables aux princes, en Sarre, l’extraction par galeries atteint à peine 50 000 tonnes sous l’Ancien Régime. C’est peu, mais cette production porte en elle les pronostics sur l’avenir houiller de la région transfrontalière. 

La Révolution mènera  l’abbaye de Wadgassen à l’effondrement, tandis que les houillères sarroises seront déclarées “propriété de la Nation” le 28 juillet 1791.

Le 13 messidor an II (1er juillet 1794), le comité de Salut Public crée une agence des mines qui deviendra le conseil des mines en 1795. Le Domaine français prend possession de tous les biens des princes de Nassau-Sarrebruck en 1798 et dispose ainsi de l’ensemble des houillères en activité, y compris celles que la noblesse avait affermées à des tiers.

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Premier Empire
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Pour le Premier Empire, à partir de 1804, l’industrie des mines doit être sinon une industrie d’Etat, tout au moins une industrie dont l’Etat doit diriger l’exploitation, par l’intervention directe de ses représentants auprès des exploitants. Napoléon Ier ordonne une mission de reconnaissance du gisement dans le département de la Sarre occupé par les soldats de l'Empire.

Les ingénieurs du corps des mines dressent un précieux
“atlas” et leurs pronostics sur l’avenir houiller de cette région déterminent l’empereur à partager le bassin sarrois en soixante concessions, pour en développer l’extraction.

Ce sera le résultat du travail acharné des vrais pionniers de l’épopée charbonnière sarro-lorraine, avec à leur tête Jean-Baptiste Guillot-Duhamel , de la promotion de 1783 de l'Ecole des Mines, directeur de l'Ecole Pratique des Mines de la Sarre, à Geislautern, ingénieur en chef, puis inspecteur divisionnaire et inspecteur général des Mines, et ses deux collaborateurs Louis-Antoine Beaunier, de la promotion de 1795, ingénieur en chef des Mines, et Michel-François Calmelet, de la promotion 1800, également ingénieur en chef des Mines.

Les mines françaises de la Sarre sont parmi les premières auxquelles s’applique le “Code minier” créé en 1810…. dont le bicentenaire, il y a deux ans, est passé inaperçu ! Une occasion manquée de monter un colloque, avec mise en perspective d’une loi après-mine.

Mais les événements de 1814 surviennent avant que le projet de Napoléon Ier n’aboutisse.  Le second traité de Paris, le 20 novembre 1815, sanctionne le retour de Napoléon de l’île d’Elbe et sa défaite à Waterloo. Il oblige la France à remettre le territoire de Nassau-Sarrebruck à la Couronne de Prusse avec le précieux “atlas” des réserves charbonnières.

Les ingénieurs français ont tellement amélioré la situation des houillères sarroises que leur production a doublé en cinq ans. Nos voisins allemands ne manqueront pas de le souligner à l’occasion de l’adieu à la dernière mine sarroise, le 30 juin 2012, à Ensdorf. On peut apprécier leur fair-play : ils inaugureront un mémorial sur le “ terril Duhamel ”, au nom bien de chez nous, qui domine le panorama de Sarrelouis.


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Restauration
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À moins que le “mal français” ne donne le haut-le-cœur à chaque évocation de Waterloo et du second traité de Paris, il faut bien en convenir : la déculottée face aux Britanniques, Allemands, Prussiens et Néerlandais, a joué en faveur de la découverte du charbon lorrain en contraignant la France à intensifier la recherche sur son propre territoire, amputé de la Sarre.

L’ingénieur Beaunier fait ses valises pour le centre de la France. Appelé à développer le bassin minier de la Loire, il cesse de se partager entre la Préfecture de Metz et l’École des mines de Geislautern, en Sarre et se consacre aux mines des secteurs de Saint-Etienne et Rive-de-Gier. Et là, il révolutionne le transport du charbon dont l’industrie a grand besoin, en créant la première ligne de chemin de fer de l’histoire ferroviaire française, ouverte à la circulation en octobre 1828, entre Saint-Etienne et Andrézieux.

En Lorraine, il ne faut pas être grand clerc pour supputer le prolongement des veines de charbon sarrois au-delà de la nouvelle frontière franco-prussienne, en direction de la Moselle. «Il sembla à l’ingénieur des mines prussien qui inspira aux diplomates  l’idée de nous borner si étrangement, que les couches, si elles ne tournaient pas impoliment le dos à la France, passaient cependant sous notre sol à une telle profondeur, que nous n’avions plus de charbon à espérer de ce côté» écrit en 1867 Louis Simonin, l’auteur le plus cité de la littérature minière, ingénieur diplômé de l’École des mines de Saint-Etienne.

Mais, ajoute-t-il, «l’ennemi avait compté sans l’initiative courageuse, hardie, des habitants de la Moselle (…). On se mit résolument à l’œuvre dès le premier jour, d’abord aux environs de Forbach». À Schœneck, précisément.

Pour appréhender la naissance compliquée du bassin houiller lorrain, «il faut prendre les choses à l’origine» avertit Simonin. C’est ce que fait Bernard Desmars, de l’université de Lorraine, dans une brillante étude publiée en 1998, sous le titre La difficile genèse du bassin houiller lorrain (1815-1870)”.

«Les recherches de houille, les soupçons sur sa présence sont relativement précoces, et la preuve de son existence est acquise dès les premières années de la Restauration», indique cet universitaire.

«Entre 1815 et 1870, écrit-il, le sous-sol mosellan accueille de nombreuses entreprises de prospection et de sondages dans l'espoir d'y découvrir la houille. Cependant, cette attention est inégalement soutenue selon les moments, et les variations de cet intérêt peuvent être enregistrées à travers le courrier reçu à la préfecture, déclarant l'intention de se livrer à la recherche du précieux combustible, ou annonçant sa découverte et la volonté de l'exploiter.

Hétérogène dans son contenu et dans sa fonction, ce courrier témoigne d'une même préoccupation - démontrer la présence de houille - dont l'intensité apparaît particulièrement nette à deux moments : les années 1815-1835 d'abord, les années 1847-1858 ensuite, de façon alors plus brève, mais plus vigoureuse et finalement plus efficace, puisqu'à l'issue de cette seconde période, le bassin houiller sera définitivement reconnu.»

L'entreprise la plus importante, et en même temps la plus précoce, se déroule à Schœneck. Les premiers sondages sont établis dès août 1816 et permettent la découverte d'une couche en novembre 1817. Bernard Desmars précise que la concession est obtenue au profit de trois associés Thieriet, Gangloff et Rupied, par une ordonnance royale du 20 septembre 1820, «malgré des demandes concurrentes et des oppositions déposées par François de Wendel, le maître de forges de Hayange, et les héritiers du duc de Deux-Ponts, propriétaires d'une partie des terrains concernés».

Les trois concessionnaires forment une société anonyme et engagent les opérations. Mais le fonçage du puits est long et contrarié par de nombreuses difficultés qui ralentissent les travaux et en alourdissent le coût. «La houille est rencontrée à la fin de 1829 et l'exploitation peut commencer l'année suivante; des obstacles en limitent immédiatement l'ampleur : l'une des deux galeries ouvertes doit être abandonnée dès décembre 1830, toujours en raison des venues d'eau».

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Monarchie de Juillet
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Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), la houille extraite à Schœneck ne peut guère alimenter que les machines de l'entreprise : «Il n'en sera vendu que pendant les années 1834 et 1835, et encore ne s'agit-il que de très faibles quantités» selon Bernard Desmars. La situation financière compromet l'avenir de la compagnie qui suspend les travaux d'exploitation en novembre 1835.

L'année suivante, les eaux envahissent les galeries et le puits. Le conseil d'administration recherche alors vainement de nouveaux capitaux et sollicite des aides publiques qui lui sont refusées. En 1840, la société est mise en liquidation. Selon “Charbonnages de France”, de 250 à 300 hommes  ont travaillé dans cette mine. Ils ont remonté près de 11 000 tonnes de charbon.

Après l’échec de cette première période, dû aux incertitudes scientifiques, aux déficiences techniques, surtout au regard des problèmes posés, aux insuffisances financières des acteurs, la recherche du charbon lorrain ne suscite plus guère d’intérêt de 1835 à 1845.

Une nouvelle étape commence dans l'histoire du bassin houiller mosellan durant les dernières années de la Monarchie de juillet, avec à la fois, la reprise des travaux dans le territoire de Schœneck déjà concédé, et l'extension de la prospection vers l'ouest maintenant appuyée sur une véritable étude géologique menée par l'ingénieur des mines de la Moselle. La puissante publique se montre moins timorée, stimulée par un lobbying efficace.

«En février 1844, écrit Bernard Desmars,  les milieux économiques mosellans interviennent auprès des pouvoirs publics : un député dépose à la Chambre « une pétition par laquelle la Chambre de Commerce de Metz et les maîtres de forges de la Moselle exposent l'avantage industriel et financier d'opérer de préférence dans l'Est de la France les sondages de terrains houillers sur les fonds destinés aux recherches minérales » ; en même temps, le président de la Chambre de Commerce demande au Secrétaire d'État aux travaux publics « que des travaux de recherches, c'est-à-dire des sondages, soient faits sur la frontière est du département, dans le voisinage des houillères prussiennes, les gens de l'art ayant la certitude qu'on retrouvera en France les couches de charbon qui de la Prusse se dirigent vers notre pays».

Charles de Wendel, bien évidemment, le sait. La création de Stiring-Wendel naît de la volonté de cet industriel et homme politique, conseiller général et député, gérant de la Maison de Wendel, première société métallurgique de l’Est de la France. «Il transforme en projet ce qui devait être un rêve ou une vision : créer, grâce au chemin de fer, le premier combinat lorrain réunissant fer et charbon».  C’est l’éclairage pertinent qu’apporte Marcel Gangloff, instituteur retraité, dans une remarquable contribution à l’histoire de Stiring-Wendel.

La loi de concession de 1845 autorise la mise en place de la voie ferrée  entre Metz et Sarrebruck, “la ligne du charbon” devant permettre aux industriels de la région de l’Est de s’approvisionner de manière régulière en charbon dans le bassin de Sarrebruck.
 
Charles de Wendel est quasi-certain que le sous-sol de la région de Forbach livrera de la houille. «Les travaux réalisés à Schœneck l’ont prouvé» note Marcel Gangloff. En 1846, le maître de forges lorrain et un investisseur parisien, le baron James Tom Hainguerlot, qui contrôle les canaux de la Capitale, rachètent la concession de Schœneck. Ensemble, ils fondent la Compagnie anonyme des mines de houille de Stiring et chargent Karl Gottfeld Kind, surnommé “le Napoléon des sondeurs”, de mener des sondages, non plus à Schœneck, mais à Stiring.

La même année, Charles de Wendel fait commencer la construction d’une usine métallurgique à Stiring : la société des Hauts Fourneaux et Forges de Stiring  qui proposera rails et poutrelles en fer puddlé aux diverses compagnies ferroviaires et à la nouvelle société houillère. Elle connaîtra la difficile période de la métallurgie qui persistera jusqu’à 1850, sous la IIe République, se développera sous le Second Empire et fermera en 1897, durant l’annexion à l’Empire allemand.


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Second Empire
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La première compagnie minière, née sous la Restauration, n'ayant atteint qu'une exploitation irrégulière et éphémère, la véritable naissance du bassin houiller mosellan sera attribuée au Second Empire. Marcel Gangloff  indique que «très vite, des veines de charbon sont trouvées à Stiring, mais des problèmes de venues d’eau rendent leur exploitation impossible. La réussite interviendra quelques années plus tard à Petite-Rosselle». C’est après le  fonçage d’un troisième puits que l’exploitation du charbon commencera en 1856. Les historiographes se sont si bien emparés de cette date que le commun des mortels est en perte de repères concernant les premiers pionniers de l’aventure charbonnière.

L'ouverture d'autres puits favorisera une croissance régulière de l’extraction. Cependant, l'essentiel de la production houillère de la Compagnie de Stiring sera  écoulé au profit de l'entreprise de Wendel, à des prix généralement très avantageux pour l'établissement métallurgique.

Le temps est venu de donner un caractère politique à l’annonce de cette expansion. Agent de propagande zélé et habile, proche du pouvoir impérial qui le décore de la Légion d’honneur, Louis Simonin, auteur prolixe sorti avec le titre d’ingénieur de l’École des Mines de Saint-Etienne, sera le premier à publier qu’ «en 1858, l’Empereur Napoléon III, ouvrant les Chambres, annonçait à la France et au monde, la découverte du bassin houiller de la Moselle, prolongement du vaste et fertile bassin de Sarrebruck. Le fait était désormais définitif, hors de doute». Sous-entendu : on aurait voulu y croire dès 1816 ? Des débuts qu’on s’empresse de reléguer aux archives. Une histoire “sur mesure”.

Simonin s’emploie à diffuser, en France, une idéologie calquée sur celle du patronat. La Révolution industrielle est en marche. Il faut produire du fer. Mélange de minerai et de charbon de bois – abandonné pour le coke obtenu par pyrolyse de la houille – porté à incandescence, le métal devient symbole de progrès. La sidérurgie va édifier des fortunes, façonner une classe ouvrière et redessiner le paysage de régions entières. Sur le continent européen, quatre familles se partagent le titre de maîtres de forges : les Krupp, les Thyssen, les Schneider et les de Wendel. D’autres marqueront cette époque, comme Carl Röchling qui acquiert en 1881 l’aciérie de Völklingen.

Et entre le patronat français et le pouvoir impérial la porosité est grande. Napoléon III en personne, viendra visiter le site industriel de Stiring et sa cité modèle en 1857, l’année même où le nom Wendel est ajouté à celui de Stiring sur proposition du conseil général «…pour remercier Madame de Wendel des sacrifices qu’elle a faits pour la construction des bâtiments affectés aux besoins de la communauté», note Marcel Gangloff. La cité est érigée en commune.

À la veille de la guerre franco-prussienne qui scelle la fin du Second Empire, les résultats de l’exploitation charbonnière à l’actif des de Wendel sont jugées médiocres par la plupart des spécialistes. De leur côté, en 1860, les mines sarroises emploient 11 000 mineurs et enregistrent un volume d’extraction de 2 millions de tonnes.

Quant à l’opinion française, elle reste divisée sur le bilan de Napoléon III, exalté par les uns, déprécié par les autres, en dépit du développement industriel, économique et financier considérable qui a marqué son règne, et de la transformation de Paris par Haussmann.

Paris, Biarritz, Nice, Vichy ou Plombières lui sont particulièrement redevables. Le bassin houiller lorrain, aussi, est prompt à mettre en valeur le Second Empire. Quitte à assumer une contradiction, car cette bonne opinion doit s’accommoder du détestable souvenir de la guerre de 1870 et de la défaite de Sedan qui valurent à la Moselle redécoupée d’être livrée à l’Allemagne pour un demi-siècle.

Pourquoi s’appesantir autant sur les débuts du charbon sarro-lorrain ? J’y tenais, n’était-ce que pour mobiliser l’attention sur ses vrais débuts. À l’évidence, l’essor du bassin houiller de Moselle qui s’ensuivit revêt bien plus d’importance. Et, davantage encore aujourd’hui, sa revitalisation pour le sauver du marasme. 


Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur



Illustration extraite de "La Vie souterraine" (1867) de Louis Simonin
rééditée en 1982 par les Ed. Champ Vallon :
- Le Nord - Pas-de-Calais





- Le Bois du Cazier

- Le Bois du Luc

- Le Grand Hornu 

- Blegny-Mine



37 commentaires:

Sylvain Post a dit…

Puits de Schœneck :
treuil à vapeur et chevaux


Dans l'ouvrage "Les chevaux de mine retrouvés", Jacques Urek, co-auteur du livre "Les chevalements lorrains" de Pierre-Christian Guiollard, rappelle qu' «en 1818 débute le fonçage du puits de Schœneck, le premier puits du bassin houiller lorrain. À l’origine, le charbon est transporté dans des caisses en bois tractées sur des rondins comme la «schlitte», ces traîneaux auxquels s’adossent les «schlitteurs» des Vosges pour glisser, avec un chargement, sur un chemin escarpé, constitué de quartiers de bois placés comme les traverses de chemin de fer. Technique simple, mais fatigante et dangereuse. À Schœneck, toutefois, c’est un treuil à vapeur qui permet de tirer les caisses de charbon et de déblais, en 1821.
Neuf chevaux sont en service dans le périmètre de cette mine en 1829. Certains sont préposés à la pompe à manège, pour remonter l’eau d’exhaure. La plupart assurent au jour le transport du charbon».

Sylvain Post a dit…

L'hommage de Grosbliederstroff à toutes les générations de mineurs

Extrait du discours prononcé le 30 mai 2010, lors de l'inauguration de la stèle à la mémoire des mineurs, à Grosbliederstroff, par le président de la société des mineurs de cette localité, Alfred Muller. Il a vu juste, jugez-en :

« Une commémoration en rappelle une autre : 2010 est l’année du bicentenaire du Code minier, la loi fondamentale adoptée en 1810, relative à l’exploitation du sous-sol en France.

La prospection du gisement charbonnier lorrain n’était pas encore à l’ordre du jour lorsque cette loi vint règlementer les exploitations du département de la Sarre, où Napoléon Ier avait mobilisé les ingénieurs du corps impérial des Mines pour établir un atlas partageant le gisement sarrois en soixante concessions.

Après la chute de Napoléon, au lendemain de la perte de la Sarre par la France, c’est en 1816 qu’un sondage fut entrepris en terre mosellane, à Schoeneck. Deux années plus tard, dans cette localité, le fonçage du premier puits du bassin houiller lorrain s’avéra périlleux, à tel point que les nombreuses venues d’eau rendirent son exploitation désastreuse.

Les efforts se concentrèrent alors sur d’autres secteurs et ce n’est que quarante ans plus tard, en 1858, que Napoléon III annonça officiellement la découverte du bassin houiller de Moselle.

Ce rappel historique donne toute sa portée à la journée de ce 30 mai 2010. En effet, l’inauguration de la stèle à la mémoire des mineurs éveille notre conscience au lourd tribut que réclama le début de l’aventure du charbon. L’hommage va donc bien au-delà des «Trente glorieuses» et de la période couverte par la nationalisation des Houillères du Bassin de Lorraine. Il concerne également les pionniers de notre histoire charbonnière.

De même, le «Glück Auf !» adressé aux représentants de la Sarre évoque le caractère transfrontalier de nos traditions minières dans l’espace sarro-lorrain où la géologie se joue de la frontière des États.

Ce «Glück Auf !» est notre manière de dire l’amitié entre les peuples de la mine, le plus bel exemple de la fraternité des mineurs de France et d’Allemagne restant celui de leur engagement au coude-à-coude, en 1906, lors de la catastrophe de Courrières.

Alors que les relations entre la France et la Prusse étaient détestables après la guerre de 1870 et l’annexion de la Moselle et de l’Alsace par le Reich, des mineurs allemands de la Ruhr forcèrent Berlin et Paris à les autoriser à faire route pour le Nord-Pas-de-Calais, munis d’équipements de sauvetage que la France ne possédait pas.
Ce concours inédit et absolument imprévisible dans les circonstances du moment en dit long sur l’état d’esprit des travailleurs du sous-sol.

C’est le jour et l’endroit de rappeler, avec reconnaissance, le rôle joué durant deux siècles (si l’on se réfère au bicentenaire du Code minier) par les mineurs qui ont fait de cette région transfrontalière une terre d’énergie.

Sylvain Post a dit…

Le mémoire de Stéphanie Robert

L'histoire de la première compagnie houillère de Moselle a été faite par Stéphanie Robert, "La découverte du charbon en Lorraine par la concession des Mines de houille de Schoenecke. 1816-1841", Mémoire de maîtrise sous la direction de J.-P. Kintz, Université de Strasbourg, 1994, 126 p.
Stéphanie Robert a résumé ses conclusions dans « À la découverte du charbon lorrain ! La Compagnie des mines de houille de Schoenecken (1820-1841) », paru dans Lorraine du feu, Lorraine du fer. Révolutions industrielles et transformations de l'espace mosellan (XVIIe -XIXe siècles), Archives départementales de la Moselle, 1996, p. 27-33. Le même volume comprend plusieurs autres articles sur le bassin houiller au XIXe siècle; l'étude de ce dernier est désormais facilité par son dépôt à l'antenne de Saint-Avold-Jeanne-d'Arc des Archives départementales.

Sylvain Post a dit…

Occasions manquées

Le musée de la mine de Petite-Rosselle n'est pas représenté au Comité Français d'Histoire Industrielle (CFHI) créé en 2011 par l'Agence Nationale pour la Garantie des Droits des Mineurs (ANGDM), afin de préserver et promouvoir la mémoire industrielle et sociale de la mine en France.

Une réunion d'installation vient de rassembler les membres du comité : les cinq syndicats de mineurs, des représentants des anciennes entreprises minières, du Corps des Mines, de l'Association des Communes minières, des archives et des musées, un historien du CNRS et un sociologue.

C'est le Centre historique minier de Lewarde qui a été choisi pour les musées de la mine français. La Lorraine est absente.

Le bassin houiller lorrain ne fait pas partie, non plus, du réseau européen des musées de la mine de charbon dont les membres ont décidé récemment de renforcer leur collaboration autour des échanges dans les domaines des recherches scientifiques, des productions culturelles, des pratiques professionnelles mais aussi du tourisme, du marketing et de la communication.

Pour la France , c'est encore le Centre historique minier de Lewarde - présenté désormais comme le musée français du charbon le plus important par son activité - qui est en pointe.

Six musées ont signé la charte de l'Europe des musées de la mine :
- le Bois du Cazier (Belgique),
- le CHM Lewarde (France),
- le Deustches Bergbau-Museum de Bochum (Allemagne),
- le National Coal Mining Museum for England, à Wakefield (Angleterre)
- le Centro Italiano della Cultura dell Carbone en Sardaigne (Italie)
- le musée de la mine Guido de Zabzre (Pologne).

Un élu a dit…

Résignation

C’est bien la résignation le mal du pays en Moselle Est. Pourrons-nous éveiller les consciences ? En tout cas merci pour ces informations.

Sylvain Post a dit…

Des réactions à l’article sur les débuts du charbon

L’article intitulé « La découverte du charbon pour les nuls » a provoqué, dès sa mise en ligne, une première série de réactions. Elles vont du compliment : « Que d'infos... historiquement correctes, passionnantes et exactes ! Mais où vas-tu chercher tout ça ? Glück Auf ! », à l’étonnement : « Passionnant. Merci pour tout ce que je viens d'apprendre » ou encore : « J'étais loin d'imaginer une telle histoire ...et pourtant, c'était hier ».

Pour tel autre correspondant faisant autorité sur le sujet, «Il est historiquement juste de dire que c'est à Schoeneck que se situe la toute première exploitation même si elle n'était pas importante et que c'est à Petite-Rosselle que l'aventure industrielle avec une production plus conséquente et une véritable commercialisation a commencé. Il est vrai, dit-il, que l'emploi du terme de "pionniers" pour les quatre personnages de la famille de Wendel n'était pas le meilleur… ».

Et d’ajouter qu’ « actuellement la seule étude sérieuse concernant Schoeneck est le travail de maîtrise présenté il y a quelques années par Stéphanie Robert, mémoire que l'on peut trouver aux archives à Jeanne d'Arc »… « Il est d'ailleurs regrettable que très fréquemment les travaux de Schoeneck et de Stiring soient oubliés au profit de Petite-Rosselle et de la famille de Wendel, bien que leur rôle et leur implication dans notre région soient prépondérants à partir des années 1845 ».

L'universitaire Bernard Desmars auquel nous faisons référence dans l'article, cite également Stéphanie Robert à qui nous accordons le même intérêt.

Merci à toutes et à tous ! Vos encouragements sont les bienvenus, comme le sont aussi les critiques. La fréquentation du blog dépasse les 14.600 "pages vues" depuis sa création en janvier dernier.

Sylvain Post a dit…

Abus de langage

Je lis sur le site Internet du musée de la mine de Petite-Rosselle, que celui-ci « promet de devenir un grand centre scientifique sur les énergies ».

Qu’est-ce qu’un centre scientifique ? C’est le lieu où se développe le travail des hommes et femmes de science. Le musée de la mine de Petite-Rosselle pourra se prévaloir du label de « Centre scientifique » - comme il le fait à tort aujourd’hui - lorsqu’il sera le siège de l’activité de chercheurs qui effectuent une mission de recherche scientifique et qui publient régulièrement des résultats concrets et vérifiables.

Pour l’instant, le Carreau Wendel a la vocation d'un centre de diffusion de la culture scientifique, technique et industrielle auprès du public. L'époque est aux abus de langage !

Yves D. a dit…

On peut exiger la rigueur historique. Ne doit-on pas s'inquiéter de ce que révèlent les commentaires que je viens de lire : malgré les moyens qui lui ont été accordés et dont il continue de bénéficier, le musée de Petite-Rosselle ne prendrait-il pas les mesures que réclame son épanouissement ? Ne se serait-il pas créé un territoire trop étroit ? Les faiblesses signalées ne doivent elles pas conduire à recadrer sa politique ? Avec la crise qui s'annonce, a-t-il choisi le bon cap, la question n'étant pas de savoir comment on conserve la mémoire du charbon, mais quel avenir on veut lui donner ?

Un passionné de la mine

Anonyme a dit…

Bien désolant... tout ça

Sylvain Post a dit…

La région de Forbach risque de perdre 10% de sa population

Selon une étude de l'INSEE, l’arrondissement de Forbach est le seul dans le département de la Moselle à perdre de la population entre 1999 et 2008 (-5.700 habitants, soit -3%). Cette baisse fait suite à celle de même ampleur observée lors de la décennie précédente. La Communauté de communes de Freyming-Merlebach connaît la plus forte baisse absolue et relative de population : 3.500 habitants perdus en neuf ans (soit -9%).
Si les tendances démographiques observées ces quinze dernières années en matière de fécondité, mortalité et migrations se poursuivent dans les années futures, et on voit mal comment un retournement serait possible, le nombre d’habitants du département resterait stable à horizon 2030, à l’exception notable de l’arrondissement de Forbach qui devrait perdre 17.000 habitants (soit 10% de sa population actuelle).

Sylvain Post a dit…

Un colloque sur l’après-mine et une initiative en direction de la nouvelle Assemblée

Dans l’article « La découverte du charbon pour les nuls » je fais allusion au bicentenaire du Code minier en disant que 2010 aurait pu être l’occasion d’un colloque… avec mise en perspective d’une loi après-mine.

Sur le bien-fondé d’une telle loi, les victimes de dégâts miniers sont unanimes.

«L’Etat refuse de revenir sur le passé et, dans les procédures, multiplie les manœuvres dilatoires pour tenter d’échapper à ses responsabilités sans réparer les dégâts provoqués par une exploitation peu soucieuse de l’environnement» juge la CLCV de Rosbruck. C’est, dit-elle, pour tenter de débloquer cette situation que la Région Lorraine et le Collectif de Défense des Bassins miniers lorrains ont organisé à Metz, le 11 février 2012, un colloque sur «L’après-mine dans la Grande-Région, insuffisances et évolution nécessaire de la législation».

Plus d’une centaine de participants, élus, représentants d’associations, venus des bassins ferrifère, houiller et salifère lorrains mais aussi de Sarre et du Nord-Pas-de-Calais ont participé aux débats.

Deux professeurs de droit à l’université, l’un de Lille, l’autre de Perpignan, spécialistes du droit minier ont «démontré l’iniquité des textes actuels et ont proposé des modifications essentielles pour la cause des sinistrés des dégâts miniers».

Puis des parlementaires (en l’absence, signalée par la CLCV, du député UMP du bassin houiller, battu au premier tour des législatives 2012) se sont engagés à porter, dès juin, devant la nouvelle Assemblée élue «une vraie loi après-mine qui règle enfin la situation de ceux que l’Etat veut oublier».

Qui a dit que la question n'est pas d’actualité ?

Anonyme a dit…

Le musée présentera bien la genèse du bassin houiller avant 1856, rassurez-vous. Les travaux de Stéphanie Robert ne seront pas oubliés.

Le communiqué de presse aurait du ajouter un adjectif qui aurait (presque) coupé court à toute polémique : "le début de l'exploitation -industrielle- du charbon lorrain démarra en 1856 à Petite-Rosselle".

Il faut bien reconnaitre que le rôle des Wendel fut fondamental dans la naissance industrielle du bassin houiller lorrain. Sans capitaux suffisants, trop de venues d'eau, et trop d'eau, pas d'extraction durable de charbon (pour simplifier)...

Stéphanie Robert fait encore partie des grands classiques des bibliothèques sur le charbon lorrain. Son mémoire reste une référence, que l'on n'est pas prêt de remplacer.

Vous avez le mérite de défendre vos idées, fort bien argumentées, sans vous cacher sous un statut de bloggueur anonyme ;)

Sylvain Post a dit…

Merci pour cette réaction. S'il avait été question du "début de l'exploitation industrielle du charbon lorrain", l'idée ne me serait sans doute pas venue de m'exprimer aussi longuement sur le sujet... et d'exposer au grand jour ma passion pour la culture minière qui, au fond, nous est commune !
Le formulaire de réponse vous permettait de ne pas rester anonyme.

F. Klein, Hombourg-Haut a dit…

Ce serait donc la faute à un communiqué de presse mal fagoté ? J’ai compris que la querelle entre les «antiques» et les «modernes» est apaisée. Mais la réponse me paraît un peu courte, car elle ignore les autres interrogations, celles qui concernent l’absence de la Lorraine au comité d’histoire industrielle et le fait que notre bassin houiller ne joue pas la carte du réseau européen des musées du charbon. L’individualisme a ses limites. Et je n’ai toujours pas compris le projet de « centre scientifique de l’énergie » !

Sylvain Post a dit…

Les gestionnaires du Musée de la mine auraient tout avantage à répondre à cette série d'interrogations.

Sylvain Post a dit…

Patrimoine mondial de l'UNESCO : le Nord-Pas-de-Calais bientôt fixé

Entre le 24 juin et le 6 juillet, le comité du Patrimoine mondial de l'UNESCO se réunira à Saint-Pétersbourg pour examiner les candidatures présentées pour le prochain classement. Cette année, 36 dossiers seront examinés, dont celui du Bassin minier Nord-Pas-de-Calais déposé en 2010.

Deux groupes d'experts d'organes consultatifs de l'Unesco ont rendu, en mai, des avis divergents sur la candidature du bassin minier du Nord/Pas-de-Calais au patrimoine mondial.

Le Conseil international des monuments et des sites est favorable tandis que l'Union internationale pour la conservation de la nature est plus critique.

Une actualité à suivre dès dimanche prochain

2AE XLS a dit…

Que faut-il penser de toutes ces erreurs, ou (pour être gentil) oublis de la part d'un musée labellisé "Musée de France" normalement piloté scientifiquement et historiquement par un conservateur, épaulé par un vrai conseil scientifique, apte et capable de construire un avenir irréprochable à notre mémoire minière régionale; ou, peut-être, qu'il n'y a effectivement pas de conservateur mais simplement des autoproclamés faisant fonction de?

J'ai l'impression qu'on est entrain de se contenter de peu et de bâcler au plus vite ce projet qui pourtant à une certaine époque (pas si lointaine) avait d'autres ambitions.

Sylvain Post a dit…

Absent de la sélection du guide des « Balades et sorties » de la presse régionale

Dans le guide «Balades et sorties en Alsace-Lorraine» distribué cette semaine auprès de 2 millions de lecteurs par Le Républicain Lorrain, L’Est Républicain, Vosges-Matin, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, L’Alsace et Le Pays de Belfort-Héricourt-Montbéliard, le musée de la Mine de Petite-Rosselle ne figure, ni parmi les adresses sélectionnées pour 2012, ni sur la carte touristique proposée par cette publication. Il est simplement cité dans un texte général. Pour Petite-Rosselle, le lecteur est orienté vers le spectacle des «Enfants du charbon» dont on sait qu'il a, pour l'instant, disparu de la scène.

Yves D. a dit…

Quand même curieux pour "le plus grand site minier de France", "un musée unique au Monde" !

Sylvain Post a dit…

Précurseur du coke, le « charbon défumé » de Sulzbach

Pour obtenir un charbon utilisable dans l’industrie métallurgique, c’est encore le comte de Nassau-Sarrebruck, qui encourage le « défumage » de la houille au moyen de fours en briques dans lequel le charbon, chauffé de l’extérieur, subi une transformation. La dépollution et l’augmentation du pouvoir calorifique du charbon de terre s’accompagnent de l’émission de noir de fumée et de goudron, sous-produits qui trouveront un usage.

Cette innovation marque un progrès important en 1760 et pourrait faire de Sulzbach, la première « cokerie » mondiale…

C’est une information liminaire apportée par Emile Yax, lors d’une conférence qu’il a présentée le 22 juin, sur le désenclavement des mines de Petite-Rosselle par la route, le rail et la voie fluviale, à partir de la première production industrielle et commerciale du charbon lorrain en 1856.

La conférence a réuni un joli parterre d’auditeurs impliqués dans la culture minière, à l’initiative des Amis du Puits St-Charles, dans les locaux de l’association du même nom, à Petite-Rosselle.

Sylvain Post a dit…

UNESCO : le volontarisme du Nord-Pas-de-Calais

Verdict attendu ce samedi 30 juin par l'association "Bassin Minier Uni" (BMU) pour la Candidature au Patrimoine Mondial de l'UNESCO présentée par le Nord-Pas-de-Calais.

Un bel exemple de volonté politique par-delà les clivages. BMU a multiplié les initiatives autour de cette candidature, à l'image de la vidéo "BMU, bonne chance !" que vous pouvez voir ci-dessus, dans les "liens externes".

Sylvain Post a dit…

L'interview de la directrice du BMU dans "Nord-Eclair"

Formée à l'aménagement du territoire, la directrice de BMU, Catherine O'Miel, ne pouvait rêver meilleur terrain de jeu que le bassin minier du Nord - Pas-de-Calais, qu'elle connaît mieux que sa poche, et meilleure aventure que l'Unesco.



Quand et comment a commencé l'aventure Unesco ?

>> L'association BMU a été lancée en 2003 par Jean-François Caron. Moi, je suis arrivée dans ce projet deux ans plus tard. Au début, comme tout le monde, je trouvais ce prestigieux label complètement hors de portée et en même temps, je me suis dit : « Et pourquoi pas ? » En plus, je ne connaissais pas du tout le bassin minier, je suis donc arrivée vierge de toute idée préconçue.

J'ai appris à le découvrir et j'ai construit ma propre philosophie au fil des rencontres.

Quels ont été les principaux obstacles à surmonter ?

>> Quand je suis arrivée, j'ai souvenir d'une phase où on se rend compte que c'est plus compliqué que ce qu'on imaginait. On commençait à réaliser l'ampleur de la tâche et puis il a fallu convaincre le ministre de la Culture. Ça n'a pas toujours été facile, il y a eu des moments d'abattement... Le plus dur à vivre a été le report de l'examen du dossier l'an dernier. Car la France ne peut présenter que deux dossiers par an à la session du comité du patrimoine mondial et en 2011 il y en avait trois... Pour des raisons politiques, l'État a donc décidé de présenter les Causses et Cévennes et Le Corbusier. Je me souviens encore du coup de fil le matin du 1er février. C'est moi qui l'ai reçu... Ça a été très dur car on était sur la fin. On a eu l'impression qu'on nous coupait net dans notre élan. Mais aujourd'hui, c'est digéré.

Est-ce que cet écueil ne vous a finalement pas permis d'être au top un an plus tard ?

>> Si, car il y a eu une telle levée de boucliers que ça a ressoudé les gens qui jusqu'alors regardaient ça d'assez loin. C'est la force de cette région : il y a eu une solidarité devant l'injustice.

Dix ans de travail pour un dossier de 15 kilos... Quand vous regardez le chemin parcouru, seriez-vous prête à le refaire ?

>> Oui, je signe tout de suite. C'est une expérience unique dans une vie professionnelle par la nature même du projet, mais aussi pour l'aventure collective, car BMU n'est qu'une partie émergée de l'iceberg. Nous avons travaillé avec plein d'autres personnes. Et puis je me suis complètement attachée à ce territoire. Les gens méritent qu'on se batte pour eux. Je suis fière de contribuer au renouveau de ce territoire et je le serai plus encore si on est inscrit."

Sylvain Post a dit…

Le Nord- Pas-de-Calais retient son souffle

La 36e session du comité mondial de l'UNESCO, qui se tient actuellement à Saint-Pétersbourg (Russie) a commencé vendredi 30 juin 2012, l'examen de la trentaine de sites proposés au patrimoine mondial de l'humanité.
L'unique dossier porté par la France, celui du bassin minier du Nord - Pas-de-Calais, devrait selon toute vraisemblance être étudié ce samedi 30 juin par les 21 représentants d'Etats, qui forment le comité.

Sylvain Post a dit…

UNESCO : le bassin minier du Nord - Pas-de-Calais classé au Patrimoine mondial !

Selon le quotidien régional La Voix du Nord, la nouvelle est tombée peu après 17h : le bassin minier du Nord - Pas-de-Calais est désormais classé patrimoine de l'humanité, à l'issue de la 36e session du comité mondial de l'UNESCO.

"L'émotion est immense dans la délégation française. Cette décision vient récompenser dix ans de travail visant à faire reconnaître le travail des mineurs de la région et à restaurer la fierté du bassin minier" écrit La Voix du Nord dans une dépêche mise en ligne dès l'annonce de la décision.

Sylvain Post a dit…

UNESCO : décision aujourd’hui pour les sites miniers de Wallonie

Selon la RTBF, les quatre sites miniers wallons majeurs pourraient, à leur tour, faire leur entrée au Patrimoine mondial de l'humanité à l'issue de la 36e session du Comité du patrimoine de l'Unesco.

Ils font partie de la « Grande Région » dont la Lorraine assure actuellement la présidence.

On devrait savoir ce dimanche soir si les quatre sites miniers du Grand-Hornu, de Bois-du-Luc, du Bois du Cazier et de Blegny-Mine sont retenus ou pas.

Ils représentent, pour la Région wallonne, qui est à la base du dépôt de la candidature, les lieux les mieux conservés de l'exploitation charbonnière en Belgique, du début du 19e siècle à la seconde moitié du 20e siècle.

Le bassin houiller wallon est l'un des plus anciens et les plus emblématiques de la révolution industrielle sur le continent européen.

Sylvain Post a dit…

Le Bassin minier à l'Unesco, une victoire pour le Nord/Pas-de-Calais désindustrialisé


Extrait de La Voix du Nord, 30 juin 2012

"La décision prise samedi par l'Unesco d'inscrire le Bassin minier du Nord/Pas-de-Calais au patrimoine mondial de l'humanité récompense la seule candidature française mais surtout une région ayant connu une reconversion difficile après trois siècles d'exploitation du charbon.

Quand en 2010 la France avait officiellement déposé la candidature du bassin minier, le ministre de la Culture de l'époque Frédéric Mitterrand en avait souligné le caractère "exceptionnel par son sujet et son ampleur, qui, en outre, est portée avec passion et émotion par toute une région".

Son successeur, Aurélie Filippetti, a salué cette inscription par le comité du patrimoine mondial - la 38e en France - qui "reconnaît la valeur universelle et exceptionnelle de ce paysage tout à la fois culturel, industriel et social qui rend hommage au monde disparu de la mine", ajoutant qu'elle entendait faire de la valorisation du patrimoine industriel "l'une de ses priorités".

Le maire de Lille, Martine Aubry, a évoqué une "formidable nouvelle pour le bassin minier, pour le Pas-de-Calais, et pour notre région toute entière".
"C'est un hommage rendu à tous ceux qui ont travaillé pour développer notre économie, notre industrie, qui ont souvent laissé leur santé et leur vie (...), un hommage à tous ceux, qu'ils soient nés ici ou qu'ils soient venus d'ailleurs, qui ont mis leurs forces, leur intelligence, au service de notre pays", a-t-elle écrit dans un communiqué.

Se félicitant d'un succès qui concrétise un travail de dix ans, le président du conseil général du Nord Patrick Kanner y voit "à la fois la reconnaissance d'une histoire humaine, celle de la mine, et d'une culture riche de ses multiples apports, que la région, qui a su prendre par ailleurs de grands tournants industriels et tertiaires, n'a jamais reniées".

"Pour certains, gommer le paysage sinistre de vieille industrie était une nécessité. Mais aujourd'hui les choses ont changé (...). L'héritage que l'on a, il n'est pas banal, pas répétitif", souligne Frédéric Kowalski, chargé d'études sur les bassins miniers au sein de l'association Chaîne des terrils.

Aux yeux de l'Unesco, le bassin minier est désormais reconnu en tant que "paysage culturel évolutif". Sur 120 kilomètres de long, 87 communes, 17 fosses, 21 chevalements, 51 terrils, 3 gares, 124 cités, 38 écoles, 26 édifices religieux, des salles des fêtes ou encore 4.000 hectares de paysage vont porter les couleurs d'un héritage patrimonial de trois siècles d'exploitation du charbon.

La conservation de ce patrimoine, qui n'a pas laissé que de bons souvenirs à la région, n'a pas fait l'unanimité. "On disait, il faut passer du noir au vert, cela s'est fait de manière assez forte et du coup on a aseptisé beaucoup de choses, on a perdu un peu notre âme. C'était une industrie du 18e siècle qui n'avait plus lieu d'être", explique Frédéric Kowalski.

Mais selon lui une grande majorité est désormais favorable à la conservation. Certains voient dans l'inscription au patrimoine de l'Unesco de nouvelles retombées touristiques, une attractivité économique.

Sylvain Post a dit…

Les quatre sites miniers belges inscrits au Patrimoine mondial de l'Unesco

RTBF, dimanche 1 juillet 2012, à 10h27

L'Unesco a inscrit ce dimanche les quatre sites miniers wallons du Grand-Hornu (Mons), du Bois-du-Luc (La Louvière), du Bois du Cazier (Charleroi) et de Blegny-Mine (Liège) au Patrimoine mondial de l'humanité.

Sylvain Post a dit…

Un site de la Ruhr inscrit par l’UNESCO dès 2001

À ce jour, 37 sites allemands sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO , au nombre desquels le complexe de la mine de charbon de Zollverein, à Essen.

Essen est une ville située dans la partie centrale du bassin de la Ruhr dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

Son complexe industriel a été reconnu site du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2001. Le Comité du Patrimoine mondial a qualifié la mine de charbon de Zollverein d’exemple représentatif du «développement de l’industrie lourde en Europe».

Son architecture, influencée par le style du Bauhaus, fut déterminante pendant des décennies pour la construction industrielle moderne. Le complexe industriel de la mine de charbon de Zollverein était le site d’extraction de charbon le plus grand et le plus moderne du monde.

La mine fut fermée en 1986. Aujourd’hui, l’ensemble du complexe industriel est un lieu de visite dédié à l’histoire de l’exploitation minière et du développement de l’architecture industrielle dans l’une des régions industrielles les plus importantes d’Europe.

http://www.zollverein.de

2AE XLS a dit…

Bravo au BMU (Bassin Minier Uni) pour le classement du bassin Minier Nord-Pas de Calais au Patrimoine de l’Humanité à la date du 30.06.2012.
Bravo au Bassin Houiller Wallon (Belgique) pour son classement au Patrimoine de l’Humanité à la date du 01.07.2012.
Avec le Bassin Houiller Zollverein de Essen (Allemagne) lui aussi classé depuis 2001, ça fait quand même du beau monde autour de notre Bassin Houiller Lorrain et de son Musée de la Mine « unique au monde ».
Unique par la disparition de son manque d’ambition.
Unique par l’absence totale d’événements, comme le confirme sa « rubrique agenda ».
Unique par le fait que son Président du Conseil d’Administration assure également le rôle de conservateur; alors que sa compétence professionnelle ne peut que lui permettre de prétendre au titre de personne ayant été inscrite aux Houillères du Bassin de Lorraine.
Unique par l’absence d’un conseil scientifique.
Unique par le désintéressement qu’affichent clairement le milieu politique local, communautaire et régional.
N’oublions pas qu’à proximité de Petite-Rosselle, de l’autre côté de la frontière, à Völklingen, existe une aciérie classée au Patrimoine de l’Humanité, que la Sarre vient de fêter en grande pompe la fin de 250 ans d’aventure charbonnière, et que les installations préservées permettraient d’effacer en un tour de main le soit disant « unique » du musée « La Mine », si par hasard la vallée de la Sarre venait à être classée par l’UNESCO.
Alors Messieurs, montrez ce dont vous êtes capable pour défendre la mémoire de nos mineurs !
Soyez unique par le fait de vous unir et de travailler intelligemment pour notre région, et surtout cessez de vous conforter dans le rôle de destination annexe du site de Vôlklingen.
Ayez de l’imagination ; ou vos intérêts personnels vous l’interdisent !

Sylvain Post a dit…

Pour la Belgique c’était un examen de rattrapage

Après le bassin minier du Nord - Pas-de-Calais samedi soir, la Wallonie a rejoint, dimanche, la liste du patrimoine mondial de l'humanité. Pour la Belgique, il s’agissait d’un examen de rattrapage.

Après ce coup double, on ne voit pas très bien ce que le bassin houiller de Lorraine pourrait espérer de la part de l’UNESCO. En tout cas, le musée des mines de charbon de Moselle, très techniciste et entrepreneurial, et qui rencontre une difficulté récurrente à constituer son équipe scientifique et culturelle, ne saurait être, en l’état actuel, l’étendard d’une demande d’inscription... dans l’éventualité où quelqu’un en éprouverait le désir, ce qui n’est pas sûr. Quel projet défendre, quelles idées relayer au milieu des dissensions que connaît la région ?

Mais revenons aux décisions prises ce week-end par l’UNESCO. Le quotidien "Nord-Eclair", sous la signature de Céline Debette, écrit ce lundi 2 juillet, que ce fut «un vrai soulagement pour la délégation belge qui avait vu son dossier retoqué en 2010 à la session de Brasilia.

Certes, la délégation belge s'est montrée moins démonstrative que les Nordistes à l'annonce du verdict du comité du patrimoine mondial. Toutefois, l'émotion était bien au rendez-vous, hier matin, en ce troisième jour d'examen des propositions d'inscription. Il faut dire que cette candidature a connu quelques péripéties depuis son lancement il y a quatre ans. Notamment avec la décision, prononcée en 2010, de différer l'attribution du précieux label à cette série de biens les mieux conservés de l'exploitation charbonnière en Belgique : le Grand Hornu, le Bois-du-Luc, de Bois du Cazier et Blegny-Mine».


"Nord-Eclair" note que ce rappel à l'ordre [a été] finalement bénéfique puisque «cela nous a donné l'opportunité d'approfondir les questions de gestion et de protection des quatre sites », concède France Chainaye, l'ambassadrice de Belgique auprès de l'Unesco, tout en précisant qu'une meilleure coopération entre ces lieux emblématiques a été, depuis, mise en place.

Ces efforts ont été largement salués par le rapport des experts de l'Icomos qui, cette fois, a recommandé d'emblée l'inscription. Ce qui n'a d'ailleurs suscité aucune question de la part des membres du jury qui ont très vite validé cette décision.

Tout juste remis de leur longue nuit de fête, écrit encore "Nord-Eclair", les membres de la délégation nordiste n'ont pas manqué de féliciter chaleureusement leurs voisins d'outre-Quiévrain. «Je suis très content pour eux comme pour nous car c'est quand même l'histoire du patrimoine minier qui est à l'honneur», atteste Jean-François Caron, le "plus qu'heureux" président de Bassin minier uni (BMU).

Et Gilbert Rolos, son homologue de Mission bassin minier d'ajouter : «C'est l'illustration de la solidarité entre deux territoires au passé commun». Des propos particulièrement appréciés par les Belges, venus en comité restreint. Roger Hotermans, conseiller à la délégation wallonne, tient d'ailleurs à préciser, selon "Nord-Eclair" qu'il n'y «avait aucune rivalité entre nos deux dossiers. Même si nos sites ont été présentés à l'Unesco séparément, tout ça va constituer un ensemble témoignant d'un pan de la vie de l'Europe occidentale ».

Sylvain Post a dit…

Paru dans "Le Républicain Lorrain" du 23 juillet 2012 :

La ministre, la dynastie et le musée

Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, démonte avec application l'engagement du groupe Wendel pour le Centre Pompidou-Metz.

Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, n’apprécie pas – c’est un euphémisme – la présence de la société Wendel dans l’organigramme du Centre Pompidou-Metz. Autrefois dynastie industrielle lorraine et aujourd’hui société d’investissement, elle y figure même en bonne place en sa qualité d’unique mécène fondateur, qui a d’ores et déjà versé 1,5 million d’euros et s’est engagé sur cinq ans.

L’élue de Moselle multiplie les sorties sur le sujet. Une première fois, dans les colonnes du Monde, elle lâche: « Quand je vois le nom de Wendel sur les murs du Centre Pompidou-Metz, cela me fait mal ». Une douleur exprimée une nouvelle fois sur les ondes de France Culture : « Je peux me montrer critique lorsque les opérations de mécénat ne me semblent pas faites dans des conditions d’éthique ou de déontologie nécessaires ». Pour illustrer son propos, Aurélie Filippetti cite Wendel au Centre Pompidou comme « un cas problématique pour moi, même s’il est isolé ». Las, la société a répliqué : « Ce n’est pas la première fois que M me Filippetti s’en prend au groupe Wendel pour des raisons tout à fait personnelles », écrit-elle dans un communiqué.

Les ressorts personnels de la position d’Aurélie Filippetti sont évidents, tant ses vies personnelle, littéraire et politique sont marquées par la dynastie industrielle. Son père était mineur et maire communiste d’Audun-le-Tiche. Elle a grandi à l’ombre des hauts fourneaux qu’elle a vu disparaître les uns après les autres. Elle en a fait un roman, Les derniers jours de la classe ouvrière, édité chez Stock en 2003.

Clin d’œil du destin, lors de sa première campagne législative, en 2007, elle affronte Alain Missoffe, arrière-petit-fils de François De Wendel. La candidate socialiste joue à fond la carte de l’héritier d’une famille qui a abandonné la Lorraine. Son adversaire rappelle que la sidérurgie a fait vivre la région. Aurélie Filippetti remporte finalement la 8 e circonscription de Moselle. Aujourd’hui, la ministre revient à la charge. L’engagement du groupe De Wendel n’est certes pas totalement désintéressé. « La Lorraine est restée dans le cœur de la société Wendel. Les institutions comme la nôtre ont besoin d’histoire et d’identité », reconnaissait, dans nos colonnes, Frédéric Lemoine, président du directoire. Le précédent ministre de la Culture avait officiellement distingué Wendel pour son soutien au Centre Pompidou-Metz. Aurélie Filippetti démonte avec application ce même engagement. La politique peut donner le tournis.

Sylvain Post a dit…

Wendel s'insurge contre les propos d'Aurélie Filippetti

Le groupe Wendel, critiqué par Aurélie Filippetti pour son rôle de mécène, accuse la ministre de la Culture de «porter atteinte à (son) honneur», selon Le Figaro daté 23 juillet 2012.

Extraits de l’article :
«Stupéfait»: dans un très long communiqué, daté du 19 juillet, la société Wendel, au départ dynastie industrielle lorraine, aujourd'hui société d'investissements cotée, s'insurge contre les propos d'Aurélie Filippetti. Dans une interview accordée à France Culture, en plein Festival d'Avignon, la ministre de la Culture expliquait: «Je peux me montrer critique lorsque les opérations de mécénat ne me semblent pas faites dans des conditions d'éthique ou déontologiques nécessaires.» À ce titre, ajoutait-elle, celle de Wendel au Centre Pompidou-Metz «est un cas problématique pour moi, même s'il est isolé». Ce matin-là, PSA venait d'annoncer la suppression de 8000 emplois et les auditeurs de France Culture se succédaient à l'antenne, en colère. «Je sais ce que la désindustrialisation veut dire, commenta Filippetti. La Lorraine en a payé le prix.»

« Créé en 1704 dans cette région, Wendel n'est plus dans la sidérurgie, ajoute Le Figaro. Mais c'est au nom de son passé industriel qu'en 2010 l'entreprise a versé 1,5 million d'euros au Centre Pompidou-Metz (lire ci-contre). Le président du directoire, Frédéric Lemoine, siège par ailleurs au conseil d'administration du musée. Évidemment, rien de tout cela n'est contraire à l'éthique ».

« Pourtant, c'est la seconde fois qu'Aurélie Filippetti met en cause publiquement le groupe. Lors de la campagne présidentielle, moment de tous les excès de langage, elle avait déclaré au journal Le Monde: «Les musées se bradent à des entrepreneurs. Quand je vois le nom de Wendel (…) sur les murs du Centre Pompidou à Metz, cela me fait mal.» Pour ­Wendel, la coupe est pleine. «Mme Filippetti, élue de Moselle, s'en prend au groupe pour des raisons tout à fait personnelles», affirme sa porte-parole ».

Toujours selon Le Figaro, « Wendel n'est pas un habitué du mécénat culturel, même s'il a financé pendant cinq ans la Fondation Cartier-Bresson. En 2010, le groupe a choisi de devenir mécène fondateur du Centre Pompidou-Metz: 1,5 million d'euros ont été versés, et le groupe s'est engagé sur cinq ans. Le président du directoire, Frédéric Lemoine, est également présent au conseil d'administration du musée. Et l'association des amis de la fondation de Wendel a par ailleurs versé une contribution exceptionnelle lors de l'inauguration ».

En contrepartie de ce mécénat, l'auditorium du Centre Pompidou-Metz porte le nom de Wendel.

Anonyme a dit…

Mais alors, que doit penser Madame Filippetti du Musée du Charbon de Petite-Rosselle qui vient de se rebaptiser :"Parc Explor Wendel/La mine Wendel/Les mineurs Wendel"?
En matière de provoc' vis-à-vis de la ministre de tutelle, on ne fait pas mieux ! Les mauvaises langues doivent se dire qu'il n'y pas de quoi pavoiser pour le député-maire socialiste de Forbach, auquel Mme Filippetti a apporté son soutien...

Georges V. a dit…

Attribuer aux de Wendel la découverte du charbon lorrain, c'est contrevenir à la vérité historique.

Sylvain Post a dit…

Propos d'Aurélie Filippetti / De Wendel (suite)

Antoine Fonté, adjoint à la Culture de la Ville de Metz, a déposé, le 1er août, le commentaire suivant sur le réseau social Facebook :

"La polémique autour des propos de la ministre de la Culture, Aurélie FILIPPETTI, concernant le mécénat DE WENDEL auprès du Centre Pompidou- Metz, a une source bien précise : « …le Président de la société d’investissement WENDEL et quatorze autres cadres, épinglés pour fraude fiscale… » ( Europe1, les Echos, le 22 juin et 27 juin 2012, L'EXPRESS).

Les services fiscaux disent avoir constaté des infractions fiscales graves et intentionnelles par l’élaboration d’un montage permettant à 14 cadres de la Société d’Investissement De WENDEL de toucher 340 millions d’investissements nets, échappant au fisc.

Voilà la contradiction que soulevait, il me semble, Madame Aurélie FILIPPETTI en parlant « de déontologie et d’éthique » sur l’implication en mécénat de la fondation WENDEL. Il n’y a donc pas de remise en cause de l’implication historique de De Wendel sur notre région et ni syndrome de « Stockholm » à cultiver.

Pour ma part, ayant dès 1963, à l’âge de 14 ans, intégré les laminoirs à chaud St jacques de De WENDEL via le centre d’apprentissage, je sais ce que le « paternalisme » De WENDEL a apporté à la région, de même que je sais comment la force de travail des milliers d’ouvriers de la sidérurgie et des mines , pour beaucoup immigrés, a été utilisée et a participé au redressement de la France et à l’enrichissement des De WENDEL.

Ironie de la vie, je siège aujourd’hui avec Monsieur SEILLIERE au conseil d’administration du Centre Pompidou-Metz.

Les 1,5 M €, sur cinq ans, apportés par la Fondation De WENDEL au Centre Pompidou-Metz, sont peut-être un peu de la valeur ajoutée produite par ces ouvriers qui retourne à Metz et à la culture. En attendant, que la justice éclaircisse le problème fiscal qui se pose au Président de cette fondation.

Quant à l’Etat, il est vrai, il serait bon qu’il revoie sa méthode de participation financière au fonctionnement du Centre Pompidou-Metz.

ANTOINE FONTE
ADJOINT A LA CULTURE VILLE DE METZ"

Sylvain Post a dit…

La ministre de la Culture n'assistera pas à l'inauguration du musée: « Les mineurs Wendel »

Lu sur le site l’Est-Républicain.fr, le 16 sept. 2012 sous le titre :
Wendel dans la tourmente - Les dessous du duel Filippetti-Wendel.

" La ministre de la Culture n'assistera pas aujourd'hui à l'inauguration du musée: "Les mineurs Wendel" à Petite Rosselle. L'élue lorraine avait prêté une oreille attentive à une cousine du clan du baron Ernest Antoine Seillière, soupçonné par Bercy et la justice d'avoir abusé du fisc.

Depuis quatre ans, Sophie Boegner se bat. Souvent seule, héritière parmi quelques centaines d’autres des Wendel, elle a décidé de s’attaquer à la statue du Commandeur, l’ancien patron des patrons français, Ernest-Antoine Seillière, 75 ans, que ses amitiés politiques auront protégé un temps, avant qu’il ne soit rattrapé par le fisc puis par la justice. Le ministère de l’Economie et des Finances a porté plainte contre lui : il risque, en plus d’une forte amende, jusqu’à 5 ans de prison.

Ainsi va le monde des affaires, où d’audacieux montages financiers permettent à quelques-uns de s’enrichir au-delà du raisonnable. Le baron Seillière, avec l’aide du président du directoire de Wendel, décide d’une opération financière qu’il croit gagnante. Avec 13 autres dirigeants du groupe, il s’attribue des actions de Wendel pour un montant de 324 millions d’euros, en reportant le paiement de l’impôt. Jackpot assuré.

Sauf que la belle mécanique s’enraye. Le montage est dénoncé par une cousine, Sophie Boegner qui dépose plainte pour abus de biens sociaux contre les 14 personnes. La justice classe sans suite.

L’affaire fait suffisamment de bruit pour que l’inventeur du montage financier quitte l’entreprise, qui regroupe les participations de Wendel.

Le vent politique a tourné

Mais cette femme opiniâtre ne renonce pas. Elle remue ciel et terre, trouve souvent porte close, tant le nom de Seillière apparaît inattaquable, jusqu’au jour, il y a deux ans, où elle rencontre Aurélie Filippetti, alors députée de Moselle. Une élection au cours de laquelle elle a battu le propre gendre du baron, Alain Missoffe.

La gauche fait passer le message : pas question d’étouffer l’affaire en plein scandale Bettencourt. Successeur d’Eric Woerth, François Baroin laisse le fisc enquêter, qui décide finalement la veille de Noël 2010 d’un redressement, confirmé en mai dernier.

Outre Sophie Boegner, l’ancien directeur juridique a lui aussi porté plainte pour abus de biens sociaux, délit d’initié et manipulation de cours. Il accuse l’ancien directeur d’avoir vendu 40 millions d’actions Wendel en 2007. Le fisc aussi poursuit les 14 bénéficiaires pour fraude fiscale. La justice est saisie.

Tout cela commence à faire tache. Les héritiers Wendel n’aiment guère la publicité et certains, s’ils ne rallient pas encore leur cousine, commencent à lâcher le n° 1 du groupe, réélu à la tête du conseil de surveillance avec beaucoup moins de voix lors de la dernière assemblée générale des actionnaires. Son mandat s’achève l’an prochain et déjà un nom circule pour lui succéder.

D’autant que le vent politique a tourné. Devenue ministre, Aurélie Filippetti, la Lorraine, s’en est prise à Ernest-Antoine Seillière, proche de Nicolas Sarkozy, membre du premier cercle, les principaux donateurs de l’UMP. La responsable gouvernementale ne viendra pas inaugurer le musée de Petite-Rosselle, consacré à l’histoire des mineurs. Le baron appréciera. Sic transit…
P.P "

Anonyme a dit…

"Sic transit gloria mundi"... Ainsi passe la gloire du monde !