lundi 7 mai 2012

MONS 2015

Van Gogh chez les mineurs


L’un des peintres les plus connus au monde a vécu parmi les « gueules noires » des houillères belges, dans le Borinage. Il en est reparti deux ans plus tard, pour lier son destin à la peinture. En accédant au titre de Capitale européenne de la culture en 2015, Mons se souviendra des débuts de Van Gogh, venu comme évangéliste dans les mines.


 
 


Si Vincent Van Gogh, fils d’un pasteur protestant, est né en 1853 dans le Sud des Pays-Bas, c’est le Borinage qui correspond au lieu de naissance de l’artiste. En 1869, à l'âge de 16 ans, Vincent Van Gogh quitte la maison familiale et devient apprenti chez Goupil & Cie à La Haye, filiale fondée par son oncle Hein. Cette firme internationale vend des tableaux, des dessins et des reproductions. Il  refuse de voir l’art comme une marchandise et abandonnera cette voie pour se tourner vers la religion.

Le soutenant dans son désir de devenir à son tour pasteur, sa famille l'envoie en mai 1877 à Amsterdam. Il se prépare pour l'université et étudie la théologie avec son oncle Johannes Stricker, théologien respecté, mais il échoue aux examens et  retourne au domicile familial. Il suit des cours pendant trois mois à l'école protestante de Laeken, près de Bruxelles, échoue à nouveau et abandonne ses études pour devenir prédicateur laïque. Début décembre 1878, Vincent Van Gogh obtient une mission d'évangéliste en Belgique, auprès des mineurs de charbon du Borinage, dans la région de Mons.

Plusieurs études documentées par l'abondante correspondance de Van Gogh, permettent de connaître avec précision cette période. Plus de huit cents lettres écrites à sa famille et à ses amis, dont six cent cinquante-deux envoyées à son frère Théo. Il lui écrit ceci, en novembre 1878 :

«…Il y a au sud de la Belgique, en Hainaut, dans les environs de Mons, jusqu’à la frontière française, même bien au-delà, une région appelée le Borinage où se trouve une drôle de population d’ouvriers qui travaillent dans les nombreux charbonnages. J’ai entre autres trouvé ceci à leur sujet dans un manuel de géographie :
 

Les Borains (habitants du Borinage, pays au Couchant de Mons) ne s’occupent que de l’extraction du charbon. C’est un spectacle imposant que celui de ces mines de houille ouvertes à 300 mètres sous terre, et où descend journellement une population ouvrière digne de nos égards et de nos sympathies. Le houilleur est un type particulier au Borinage; pour lui le jour n’existe pas, et sauf le dimanche, il ne jouit guère des rayons du soleil. Il travaille péniblement à la lueur d’une lampe dont la clarté est pâle et blafarde, dans une galerie étroite, le corps plié en deux, et parfois obligé de ramper ; il travaille pour arracher des entrailles de la terre cette substance minérale dont nous connaissons la grande utilité, il travaille enfin au milieu de mille dangers sans cesse renaissants mais le porion belge a un caractère heureux, il est habitué à ce genre de vie, et quand il se rend dans la fosse, le chapeau surmonté d’une petite lampe destinée à le guider dans les ténèbres, il se fie à son Dieu Qui voit son labeur et Qui le protège, lui, sa femme et ses enfants. Ses vêtements se composent d’un chapeau de cuir bouilli, d’une veste et d’un pantalon de toile.
Le Borinage se situe donc au sud de Lessines où l’on retrouve les carrières de pierre. J’aimerais tant y aller comme évangéliste… »
(Extrait de la lettre 148 à Théo, écrite en néerlandais, datée 13-16 novembre 1878).
  

Descente au fond


Sa traversée du Borinage commence à Pâturages (commune de Colfontaine) en 1878. Il y est accueilli par un pasteur qui l'installe chez un colporteur au 39, rue de l'Église. Il part ensuite pour Wasmes (Colfontaine), dans une maison qu’il jugera trop luxueuse.  Van Gogh choisit de vivre comme ceux auprès desquels il prêche, partageant leurs difficultés jusqu'à dormir sur la paille au fond de la maison du boulanger. Il consacre tout aux mineurs et à leurs familles.

«Il se sentait tenu d'imiter les premiers chrétiens, de sacrifier tout ce dont il pouvait se passer, et il voulait être plus dépouillé que la plupart des mineurs à qui il prêchait l'évangile » écrit le pasteur Bonte à l’académicien Louis Piérard (1886-1952), journaliste, écrivain et homme politique, auteur de "La vie tragique de Vincent Van Gogh". Le religieux ajoute « que la propreté hollandaise avait été aussi régulièrement abandonnée; le savon était délaissé comme un luxe coupable, et notre évangéliste, s'il n'était pas couvert d'une couche de charbon, avait ordinairement la figure plus sale que celle des charbonniers. Ce détail extérieur ne le préoccupait pas ; il était absorbé par son idéal de renoncement, il montrait d'ailleurs que son attitude n'était pas du laisser-aller, mais la pratique fidèle d'idées qui gouvernaient sa conscience. »

Vincent Van Gogh va même jusqu'à descendre à 700 mètres au fond de la mine. Extraits d’une lettre à Théo, datée d’avril 1879 :

« Il n’y a pas longtemps, j’ai fait une excursion fort intéressante, j’ai notamment passé 6 heures dans une mine. Et encore, dans une des mines les plus vieilles et les plus dangereuses des alentours, nommée Marcasse. Cette mine a une très mauvaise réputation par suite des nombreux accidents qui s’y produisent, soit à la descente, soit à la remonte, soit à cause de l’étouffement ou des explosions de grisou, ou l’eau souterraine, ou l’effondrement d’anciennes galeries, etc. C’est un endroit sombre, et à première vue, tout dans son voisinage a un aspect sombre et funèbre. »

« …Nous descendîmes jusqu’à 700 m dans les coins les plus cachés de ces enfers…
A la faible lumière d’une petite lampe, un ouvrier en vêtement d’une toile grossière, sale et souillé comme un ramoneur, est occupé à enlever du charbon à coups de pioche. »
 
«… La descente dans une mine est une chose terrible, dans une espèce de panier ou de seau, on descend dans un puits, mais alors un puits de 500 à 700 m de profondeur, de sorte que regardant du fond en haut, on aperçoit le jour de la grandeur d’une étoile au ciel à peu près».

« …Certains ouvriers travaillent dans les maintenages, d’autres chargent le charbon dans des petits charriots qui sont transportés sur des rails comme pour un tramway, ce sont surtout les enfants qui font cela, aussi bien des garçons que des filles. On y trouve aussi une écurie là-bas, à 700 m sous terre, avec quelque 7 vieux chevaux qui transportent de plus grandes quantités vers l’accrochage, l’endroit où elles sont tirées vers le haut…».



Il soigne les grands brûlés


Lors d'un coup de grisou, Vincent Van Gogh porte secours aux victimes. L’académicien Louis Piérard en parle dans son ouvrage "La Vie tragique de Vincent Van Gogh" : « 1879 : année tragique : une épidémie de fièvre typhoïde (la sotte fièvre) survint et puis la grande catastrophe endeuilla le pays (coup de grisou de l’Agrappe, à Frameries). Vincent se dévoua sans compter pour soigner les blessés et les malades et les brûlés du grisou, au visage noir et boursouflé».

Van Gogh lui-même évoque la catastrophe dans une lettre à son frère : « …Est-ce que dans le temps je t’ai raconté de ce mineur gravement blessé par suite d’une explosion de grisou ? Dieu merci il est guéri maintenant, il sort déjà et commence à marcher pour reprendre la coutume, ses mains sont encore très faibles et ça durera encore tout un temps avant qu’il sache de nouveau les employer au travail, mais il est sauvé… ».

Autre témoignage recueilli par Louis Piérard : « … Cette même année arriva une explosion de grisou au puits n° 1 du Charbonnage belge où plusieurs ouvriers furent brûlés. Notre ami Vincent n'eut aucun repos : jour et nuit découpant le reste de son linge, pour en fabriquer des grandes bandes avec de la cire et de l'huile d'olives, pour courir aux brûlés de la catastrophe…»

Ce rôle comparable à celui d’un prêtre-ouvrier, effraie le Comité synodal d’évangélisation qui suspend la mission du jeune protestant néerlandais. Van Gogh se rend alors à Cuesmes (Mons), où il s'installe. Toutefois, sous la pression de ses parents, il revient à Etten pour y rester jusqu'en mars 1880. Ses parents sont de plus en plus préoccupés par la crise existentielle de leur fils. Un conflit considérable éclate entre Vincent et son père. Van Gogh se réfugie à Cuesmes, qu’il quittera pour aller séjourner six mois à Bruxelles, y développant son talent artistique naissant.

C’est de l’époque du Borinage que datent ses premières œuvres. "Les bêcheurs, d’après Millet" (1880), "Mineur, la pelle sur l’épaule" - "Femmes de mineurs portant des sacs de charbon" (1882). Sombres et presque monochromes, elles expriment avec rudesse la pauvreté et la misère de ces mineurs auxquels il s'attacha avec une ferveur et une exaltation exacerbées. Accepté comme son premier chef d’œuvre, les "Mangeurs de pommes de terre" sera peint en 1885, aux Pays-Bas.



"Femmes de mineurs portant des sacs de charbon" © Fondation Kröller-Müller


En 1886, Vincent Van Gogh s'installe à Paris et vit avec son frère Théo qui dirige une petite galerie de tableaux. Les couleurs s'éclaircissent. Il sera influencé par Millet, Rembrandt, Frans Hals, Anton Mauve et Eugène Delacroix… Paris est alors à l'apogée de la révolution impressionniste. Van Gogh fréquente Pissarro, Cézanne, Signac, Toulouse-Lautrec, Emile Bernard, explore avec eux les voies d'une nouvelle peinture, le divisionnisme et le cloisonnisme.

«Mais Vincent, tout en étant fasciné par Gauguin, sait qu'il porte en lui un message, un génie qui ne sont qu'à lui» écrira Pascal Bonafoux. Il quitte Paris en 1888 pour Arles et, un an plus tard,  Saint-Rémy-de-Provence.
 
Après avoir rendu visite à Théo à Paris, Van Gogh s'installe à Auvers-sur-Oise, commune rurale du Vexin français, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Paris. Il est alors au sommet de sa maîtrise artistique et son activité est intense. Mais son instabilité mentale reprend. Le 27 juillet 1890, dans un champ où il peint une ultime toile, il se tire un coup de revolver dans la poitrine et meurt deux jours plus tard, à 37 ans, Théo à son chevet.

 
Lettres à Théo


Maison de Cuesmes où Van Gogh séjourna
Van Gogh, lors de son séjour dans la région de Mons, vécut pour moitié dans une maison de Wasmes, pour l’autre dans une maison de Cuesmes. Cette dernière est bien connue depuis sa restauration en 2007. Celle de Wasmes est pour l’instant en mauvais état, mais un accord est intervenu très récemment entre la commune de Colfontaine et ses propriétaires. De telle sorte que les deux viendront s’inscrire pour l’échéance de 2015, dans le projet "Les Routes de Van Gogh", un projet de communication européen initié par la Fondation Van Gogh d’Amsterdam.
 
Les débuts de Van Gogh ont donné lieu à nombre d'écrits : "Vincent Van Gogh au Borinage" de Georges Duez, "Van Gogh chez les gueules noires" de Pierre Secretan-Rollier...

Le spécialiste Pascal Bonafoux, historien de l’art, leur a consacré, en 1998, de très belles pages dans son "Van Gogh", aux éditions du Chêne.

C’est surtout la nouvelle édition exhaustive et agrémentée d'un important appareil critique de la correspondance de Van Gogh qui captive les chercheurs. Sous le titre "Vincent Van Gogh. Les Lettres" (Ed. Actes Sud, 2009), elle a été mise au point par le musée Van-Gogh d'Amsterdam et le Huygens Instituut à la Haye.

Elle comprend de nombreuses reproductions des œuvres d'art de Van Gogh lui-même ou d'un autre artiste qu'il mentionne dans ses lettres. Un travail collectif salué par la critique littéraire. « Une mine fondamentale. Van Gogh épistolier se révèle bien plus érudit et relié à ses contemporains que sa légende d’artiste maudit et solitaire» écrit Sabine Gignoux, dans le journal La Croix.

Un autre travail collectif "Sur les traces de Van Gogh dans le Borinage" (Carnets de Hainaut, Culture et Démocratie, HDC, 2005), est paru avec une préface du sénateur de communauté et député wallon Richard Miller, docteur en philosophie et lettres, sous la plume de Michel Draguet, directeur des musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, docteur en histoire de l’art, et Alexandra Hauquier, historienne de l’art (auteurs), avec le conseil scientifique de Hervé Hasquin et des photographies de Pierre Peeters.

Signe des temps, la Toile et les réseaux numériques font entrer la diffusion de l'info dans une autre dimension, à l'exemple du blog de Filip Depuydt (lien ci-dessous).

La Wallonie espère attirer 300 000 visiteurs au nouveau musée d’Art moderne de Mons, (le BAM) pour l’exposition "Van Gogh au Borinage, la naissance d’un artiste", qui se déroulera de février à mai 2015. Ses organisateurs veulent montrer des facettes peu connues de Van Gogh.

L’exposition préparée avec les grands musées et, en particulier, le musée Van-Gogh d’Amsterdam et la Fondation Kröller-Müller, à Otterlo, réunira une soixantaine d’œuvres. Le Hollandais Sjraar Van Heugten qui travailla longtemps au musée Van Gogh et fut directeur de ses collections ces onze dernières années, en sera le commissaire.

Les spécialistes de Van Gogh disent que le séjour du futur peintre au Borinage peut encore réserver des surprises et mérite l’exposition et les recherches scientifiques qui y seront liées.

«Des documents précieux sur la vie sociale et économique à la fin du XIXe siècle, des photographies, des articles de presse sur le passage de Vincent van Gogh à Mons peuvent sûrement être retrouvés. Cette recherche se penchera aussi sur la connaissance  - voire la reconnaissance  - dont Van Gogh bénéficia en Belgique et plus particulièrement à Mons après sa mort».

Les années au Borinage paraissent donc essentielles pour comprendre Van Gogh. Aspects méconnus de la vie de celui qui signait « Vincent », mort de peine et de misère. Et dont les toiles s’arrachent à prix d’or.


Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur



"Les bêcheurs, d'après Millet" 1880
Mardi 30 avril 2013, au
Centre historique minier de LEWARDE,
à l'occasion de la sortie du livre
de Bruno VOUTERS :
Soirée Van Gogh au fond de la mine
Projection d'un extrait du film "La vie passionnée de Vincent Van Gogh" de Vicente Minnelli, lecture de lettres de Van Gogh par le comédien Fred Personne, interventions de Bruno Vouters et d'autres invités.
Réservation indispensable au 03 27 95 82 96 avant le 26 avril.
CHM de LEWARDE


Jeudi 10 mai 2012, sur "France 5" :
21.40 Sur les traces de Van Gogh, 
entre mythe et vérités
Documentaire de Catherine Aventurier (2012)




Liens externes :




6 commentaires:

Sylvain Post a dit…

Jean Ferrat chante "Les Tournesols"

En voici les paroles :

Mon prince noir et famélique
Ma pauvre graine de clodo
Toi qui vécus fantomatique
En peignant tes vieux godillots
Toi qui allais la dalle en pente
Toi qu'on jetait dans le ruisseau
Qui grelottais dans ta soupente
En inventant un art nouveau
T'étais zéro au Top cinquante
T'étais pas branché comme il faut
Avec ta gueule hallucinante
Pour attirer les capitaux

Mais dans un coffre climatisé
Au pays du Soleil-Levant
Tes tournesols à l'air penché
Dorment dans leur prison d'argent
Leurs têtes à jamais figées
Ne verront plus les soirs d'errance
Le soleil fauve se coucher
Sur la campagne de Provence

Tu allais ainsi dans la vie
Comme un chien dans un jeu de quilles
La bourgeoisie de pacotille
Te faisait le coup du mépris
Et tu plongeais dans les ténèbres
Et tu noyais dans les bistrots
L'absinthe à tes pensées funèbres
Comme la lame d'un couteau
Tu valais rien au hit-parade
Ni à la une des journaux
Toi qui vécus dans la panade
Sans vendre un seul de tes tableaux

Mais dans un coffre climatisé
Au pays du Soleil-Levant
Tes tournesols à l'air penché
Dorment dans leur prison d'argent
Leurs têtes à jamais figées
Ne verront plus les soirs d'errance
Le soleil fauve se coucher
Sur la campagne de Provence

Dans ta palette frémissante
De soufre pâle et d'infini
Ta peinture comme un défi
Lance une plainte flamboyante
Dans ce monde aux valeurs croulantes
Vincent ma fleur mon bel oiseau
Te voilà donc Eldorado
De la bourgeoisie triomphante
Te voilà star du Top cinquante
Te voilà branché comme il faut
C'est dans ta gueule hallucinante
Qu'ils ont placé leurs capitaux

Mais dans un coffre climatisé
Au pays du Soleil-Levant
Tes tournesols à l'air penché
Dorment dans leur prison d'argent
Leurs têtes à jamais figées
Ne verront plus les soirs d'errance
Le soleil fauve se coucher
Sur la campagne de Provence

Denis Claus a dit…

Joli boulot
Jolie chanson
Bravo
Denis

Denis B., artiste peintre a dit…

Une belle rencontre qui nous relie à Van Gogh, à mon séjour en Arles en 1959.
Votre blog est d'une grande richesse culturelle que j'apprécie grandement et il nous ouvre des perspectives pour 2015.
Gérardmer, le 30 avril 2012.

Sylvain Post a dit…

Belgique : un DVD et un livre consacrés aux mines
Un DVD et un livre intitulés "LES MINES" seront officiellement présentés le mardi 15 mai 2012, au Bois du Cazier, à Marcinelle (Belgique). Ce double opus est le fruit d'une collaboration entre les sites miniers majeurs de Wallonie (Grand-Hornu, Bois-du-Luc, Le Bois du Cazier, Blegny-Mine), le Musée
de la Vie wallonne, La Louvière 2012, les archives IHOES et SAICOM, le Service d'études et
de recherche des ouvrages souterrains (SEROS), la biennale européenne d'art contemporain
Manifesta 9, la cellule patrimoine limbourgeoise Mijn-Erfgoed, les Archives de l'Etat à
Hasselt, le Provinciaal Centrum voor Cultureel Erfgoed (PCCE) et les archives audiovisuelles
Sonuma et VRT.

Sylvain Post a dit…

Hommage à Vincent Van Gogh au temple protestant de Petit-Wasmes

Lors des promenades Vincent Van Gogh, à Wasmes du dimanche 29 avril et du jeudi 17 mai 2012, le Pasteur Luigi Davi a rendu hommage à celui qui fut en 1879 le premier évangéliste pour la communauté protestante de Petit-Wasmes. Il l’a fait en ces termes :
« Vous êtes venus ici cet après-midi pour Vincent Van Gogh, un peintre de renommée mondiale, certes, mais un peintre qui,comme tant d'autres, fut passablement méconnu de son vivant, pour n'être reconnu que bien après sa mort. Un peintre qui aujourd'hui intéresse et passionne toujours plus de personnes, des amateurs venus du monde entier, et n'hésitent pas à marcher sur les traces de celui dont la courte vie interpelle. Plus en plus de gens veulent voir ce que Vincent Van Gogh a vu : les ruelles de Petit-Wasmes, les terrils, ...
De plus en plus de gens veulent toucher ce qu'il a touché : la Maison Denis, le puits de Marcasse, le Salon du Bébé. Mais permettez une question simple, une question naïve : lors de son séjour à Petit-Wasmes, que nous a laissé Vincent Van Gogh ? Que nous a laissé ce fougueux jeune homme ?
Qu'y a-t-il construit ? Que nous a-t-il laissé de son œuvre ? Que nous a-t-il laissé de sa vie, ici ? Aujourd'hui, 133 ans après son passage, il demeure un patrimoine : Vincent Van Gogh, qui a traversé les siècles. Un patrimoine immatériel que vous ne verrez pas, que je ne peux vous montrer, mais que je représente en tant que Pasteur. Parce que ce patrimoine, c'est l’Église protestante évangélique de Petit-Wasmes. Une Église qu'il a accompagnée dans ses premiers pas.
Ce qu'a construit ce jeune homme ici, n'est pas fait de briques, ni de bois, car ses efforts se sont portés vers l'édification d'un organisme vivant. L’Église, ce n'est pas un bâtiment, c'est un organisme composé d'hommes et de femmes. Une Église locale dans le véritable sens biblique du terme. L'histoire de cette Eglise est intimement liée à l'histoire de Vincent Van Gogh.
Ce jeune évangéliste ne correspondait pas vraiment à l'idée que le consistoire de l’Église Protestante s'était fait de sa fonction. A la fin de son contrat d'évangéliste de 6 mois, une inspection en provenance de Bruxelles conclut au non renouvellement de son contrat à Petit-Wasmes. La déception de Vincent Van Gogh fut très grande, son incompréhension totale. Lui, dont le comportement, certes radical, n'avait été que la réponse évidente à la question essentielle : "Que ferait Jésus à ma place ?".
Voilà comment, à la fin de l'été 1879, l'église protestante de Petit-Wasmes perdit son premier "Pasteur de Cœur', tandis ce que le monde gagnait un artiste de génie.
Alors que son œuvre artistique est aujourd'hui exposée et admirée dans les musées du monde entier, son œuvre spirituelle, invisible, moins connue, se poursuit ici à Petit-Wasmes depuis plus d'un siècle. Dans la transmission de cette flamme qui réchauffait le cœur de ce jeune évangéliste. Cette œuvre, bien plus que ses tableaux, est vraiment hors de prix."
Pasteur Luigi Davi
avril 2012

Anonyme a dit…

Bonjour

Connaissez vous le dernier livre sur van Gogh ?
Il s'agit d'un inédit du célèbre éditeur Robert Morel : Enquête sur la mort de Vincent van Gogh.

Toute sa vie, Robert Morel a été passionné par la personnalité de Vincent van Gogh. Dès les années 1950, il lui consacre de nombreux travaux (Plon, le Figaro littéraire, Le Club du Livre Chrétien,…) et même, en 1953, un drame radiophonique « La passion de Vincent Van Gogh Peintre et Martyr » (rediffusé en 2002 par la radio de Brême).

En 1989, il avait le projet de publier les résultats d’une enquête sur la mort de van Gogh.
Durant des années, il a recoupé, regroupé, étudié, une documentation énorme. Il a été en relation suivie avec Vincent Wilhem van Gogh, le fils de Théo, mais aussi avec le fils du Dr Gachet et Adeline Ravoux, témoins directs des derniers jours de Vincent.
Le 18 août 1954, cette dernière lui a d’ailleurs adressé, à sa demande, un long témoignage inédit. Robert Morel devait malheureusement décéder avant d’avoir pu mener cette publication à son terme.

Le temps a passé et aujourd’hui il n’y a plus une certitude mais plutôt deux hypothèses sur les circonstances du coup de feu fatal.

En avril 1989, Robert Morel avait le projet d’un livre consacré à la mort de Vincent van Gogh, qui selon les conclusions de ses recherches ne se serait pas suicidé.
Malheureusement, Robert Morel devait décéder quelques mois plus tard, en 1990, avant d’avoir pu mener à bien cette édition.
Les révélations de cette enquête bouleversent radicalement la version alors unanimement admise du suicide du peintre.

La parution, en novembre 2011 aux États-Unis de « Van Gogh the life » par Steven Naifeh et Gregory White Smith provoqua une telle tempête médiatique que peu de personnes n’ignorent aujourd’hui la remise en cause de la version du suicide du peintre maudit.
La crédibilité de ces deux auteurs, déjà prix Pulitzer pour leur biographie de Pollock, a été renforcée par l’imprimatur que leur a accordé M. Leo Jansen fondateur et directeur du Van Gogh Museum à Amsterdam.

Une évidence s’impose désormais : Robert Morel avait raison et ce qui pouvait sembler il y a 23 ans une théorie fantaisiste apparaît aujourd’hui, comme un nouvelle réalité sur la mort de van Gogh.
Avec Odette Ducarre, sa femme, qui travaillait à ses côtés et ses enfants François, Ève et Marie, nous sommes heureux de rendre enfin publique cette enquête qui tout en décrivant les derniers jours de Vincent, magnifie sa générosité et son sens du partage qui furent la quête permanente de toute son existence.

Janluc Bastos
Association des amis de Robert Morel.
www.robert-morel.fr