mercredi 20 mars 2013

CRÉCELLEURS



De Kläbberbùùwe sìnn dòò


Les crécelleurs vont connaître leur quart d’heure de popularité
à partir du Jeudi saint. Accompagnés du crépitement
de leur instrument de sollicitation massive – la crécelle (Kläbberkaschte, en platt, Ratsche, en allemand) – leurs refrains remplaceront les sonneries des cloches
des églises catholiques, les seules à “partir à Rome” jusqu’à Pâques.





 
 

Marianne Haas-Heckel, dans son, livre Les pieds dans le Platt (Ed. Les Amis des Musées et des Arts, Sarreguemines, 2008) consacre toute une chronique à ces ritournelles, propres à l'église catholique. En voici un extrait...
 
Dès le jeudi soir, les Kläbberbùùwe entonnent :
C’est l’angélus, c’est l’angélus, c’est l’angélus du soir !
 
Version en platt :
Naachtklock, Naachtklock, Naa-aachtklock !
 
Et pour annoncer les offices :
C’est le premier coup, préparez-vous !
- C’est le deuxième coup, habillez-vous !
- C’est le troisième coup, venez avec nous !
- L’office va commencer, venez avec nous !
- Venez en marchant ou en boitant !
- Les grabataires, restez chez vous !
 
Version en platt :
- Zùm érschde Mòòl !
- Zùm zwèdde Mòòl !
- Zùm dridde Mòòl !
- Zùm létschde Mòòl !
- Jétz géht de Kirsch òn !
- Wer nìtt laafe kònn, dèr hippt !
- Wer nìtt hibbe kònn, dèr blibbt !
 
De maison en maison,  les crécelleurs recevront, pour finir, des œufs ou quelque argent. Un baromètre de l’attachement à cette pratique en terre de Concordat, où le droit local reconnaît et organise les cultes.
 
Dès le
“retour” des cloches des catholiques, Rosbruck, ma ville d’adoption, et Naßweiler, sa voisine et jumelle sarroise, carillonneront à l’unisson. Deux églises catholiques et une évangélique (le protestantisme n'a pas de pape, ses cloches ne “partent” donc pas à Rome), mettront les paroissiens au défi d’entendre la moindre fausse note !


S.P.

Article publié le 5 avril 2012



Crécelleurs avec leur Ratsche, dans le nord de la Bavière.
ph. Immanuel Giel






L'église catholique de Nassweiler (Sarre),  localité jumelle de Rosbruck (Moselle),
avec Belle-Roche (Cocheren) en arrière-plan. Janvier 2013.




6 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce blog est décidément un point de rencontre culturel formidable …

Gaby a dit…

Merci, ça fait chaud au coeur, je me sens "wie de Hem!"

Déborah a dit…

Merci pour ce bel article ! Je comprends enfin ce que les enfants crient lorsqu'ils passent avec leurs crécelles, à Betting !

Sylvain Post a dit…

«sìnn» et «bìnn»

Un sympathique lecteur plattophone m’écrit, à propos du titre « De Kläbberbùùwe sìnn dòò », que l’article «de» est révélateur : c’est un pluriel caractéristique de votre région [de Sarreguemines]. Je dis et j’écris [dans le Pays de Bitche] : « D’ Klébberbùwe sìnn dòò ». Ici le pluriel se reconnaît au « d’ ». C’est aussi le cas pour le féminin : « de Mònn, d’Frau, d’Lidd, d’ klènne Kìnn » (…) A propos de « sìnn », je me souviens qu’un Sarregueminois m’a demandé un jour : « Bìnn Ìhr 1939 àh ìn de Charente gewènn ? »
Je me serais donc attendu à lire, dit-il : « De Kläbberbùùwe bìnn dòò ». Il y a une subtilité qui doit m’échapper dans la conjugaison de verbe être. »

Je réponds volontiers à mon interlocuteur que je préfère le « sìnn », dans ce cas précis, au « bìnn » que j’emploie dans d'autres circonstances…
Pour en avoir le cœur net, je me suis tourné vers un ami : « Les deux formulations « sìnn » et « bìnn » ne me choquent pas et s'utilisaient à mon avis toutes les deux (dans le contexte du Platt d'Etzling). Mais en toute logique « sìnn » devrait s'appliquer à un sujet pluriel et « bìnn » à un sujet singulier. Je dis plus spontanément : "isch bìnn mììd" et "sìnn die mììd". Quoique : "bìnn se schùnn dòò ? " me semble aussi familier que "sìnn se schùnn dòò ? "...
Jetzt wèès isch nìmmé wù isch dròòn bìnn... Conclusion on peut dire que les deux s'utilisent.

Finalement, la conjugaison allemande du verbe "être" au présent, m’a sans aucun doute influencé : ich bin, du bist, er (sie, es) ist, wir sind, ihr seid, sie sind…

Gilbert a dit…

je n'arrivais pas à comprendre ce que les enfants chantaient... maintenant je sais!
merci Sylvain

Gérard a dit…

Bravo pour ce rappel des traditions. Je me permets de signaler le site kalhausen.com qui parle dans sa partie "Traditions" des enfants de choeur en général et des "Kläbberbùùwe" en particulier.