lundi 8 décembre 2014

QUEL CENTENAIRE DE 14-18 EN MOSELLE ?

Risque d'amnésie

Le bout d’Hexagone qu’on appelait alors le Reichsland Elsass-Lothringen a été privé, en août 1914, de la «-cohésion nationale-» dont il est tant question pour qualifier l'état de l’opinion publique française le jour de la mobilisation. Et pour cause : les trois départements de l'Est avaient été abandonnés par la France à l'Allemagne en 1871. Sans une attention particulière pour les Mosellans et les Alsaciens envoyés au front par Berlin, le travail de mémoire, à l'occasion du Centenaire de 14-18, serait notoirement incomplet.





Impossible d’y échapper. Durant quatre ans, de 2014 à 2018, les nations du monde entier viendront en France commémorer l’engagement de leurs soldats et de leurs travailleurs sur le front de l’ouest, épicentre de la Première Guerre mondiale. Lors d’un discours solennel, très lié à l’actualité, le 7 novembre à l’Élysée, le président François Hollande a donné des orientations sur ces commémorations, conçues pour être un marqueur de son quinquennat. Pour le chef de l’État, ce cycle mémoriel doit être un moment d'unité nationale. C’est aussi, dit-il, l’occasion exceptionnelle de «-rendre justice à l’Union européenne, à cette grande avancée humaine-», et de proclamer que la France est au service de la paix. Le Centenaire invite à «-comprendre le cataclysme de 14-18, de déchiffrer les motivations qui poussèrent les peuples les plus avancés de la planète à engloutir leurs ressources morales et matérielles dans un immense brasier qui manqua d’annihiler la civilisation européenne-» écrivait en 2011 Joseph Zimet, directeur de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives, au ministère de la Défense et des Anciens Combattants en introduction du rapport qui lui avait été demandé sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

«
-Faudra-t-il uniquement commémorer, en 2014, le déclenchement de la Grande Guerre ?-» s’interrogeait Joseph Zimet. Et de faire la recommandation suivante : «-les Français attendent, en 2014, une interprétation intelligible et une lecture globale de la Première Guerre mondiale. Ainsi c’est toute la guerre que l’on doit commémorer, en 2014, d’un seul trait, et non pas seulement ses débuts.-» En France, le 14 Juillet 2014 «-sera inédit-». Il mettra à l’honneur toutes les nations engagées dans la Grande Guerre, avec l’invitation des chefs d’Etat et de gouvernement sur les Champs-Elysées, où défileront les soldats de tous les pays belligérants de la Première Guerre mondiale. Le calendrier prévoit également la commémoration du centième anniversaire de l’assassinat de Jean Jaurès, le 31 juillet. Puis, le 3 août, le président de la République fédérale d’Allemagne sera accueilli à Paris pour un temps de recueillement ; c’est le 3 août 1914 que l’Allemagne avait déclaré la guerre à la France. Suivra une commémoration décentralisée de la mobilisation générale et de l’entrée en guerre, partout en France, avec le concours des communes. Si le président de la République a insisté sur la dimension universelle du Centenaire français, il a tout autant souligné son ancrage territorial.

En clair, l’État ne pouvant pas prendre en charge toutes les initiatives, laissera aux régions, aux départements et aux communes le soin d’approfondir l’aspect local pour compléter la vision globale. Toute la période de 1914-18, et non pas uniquement le début ou la fin de la guerre, sera commémorée. Le traitement spécifique de l’Alsace-Moselle, territoires annexés à l’Allemagne durant le premier conflit mondial est ainsi renvoyé à Strasbourg et à Metz. Quelque chose m’invite à penser que la plupart des élus locaux alsaciens et mosellans rappelleront la mobilisation par l’Allemagne des hommes des trois départements de l’Est, en âge de combattre, mais qu’ils éviteront de remuer des cendres encore chaudes, même à bonne distance de l’événement. Ces hommes
furent envoyés pour la plupart sur le front russe afin qu’ils ne soient pas tentés de désobéir aux ordres face à leurs compatriotes, lors des combats de Verdun, du Chemin des Dames, de la Somme ou de l’Artois.

 
Albums de famille

 
Reste à savoir quel relief le Centenaire donnera aux réalités que les Alsaciens et les Mosellans ont réellement vécues contre leur gré, abandonnés par la France durant près d’un demi-siècle ? Quelle part de lumière sera portée sur leur quotidien entre 1914 et 1918, alors qu’ils étaient coupés de la France ? Éviter l’oubli, c’est le but des commémorations. La mémoire commune ne peut pas se délester du poids de l’Annexion, quitte à ce que cette évocation fasse désordre dans l’élan d’unité et de cohésion nationale recherché par nos dirigeants. On pourrait rétorquer que rien n’impose de monter en épingle l’Annexion, que ne l’a-t-on fait en 1971 ?

Conscients du côté théâtral que revêt un centenaire, nonobstant sa gravité, les habitants des ex-territoires annexés vont-ils, dans les coulisses de cet événement touchant soixante-douze nations, rester seuls à regarder les photos de cet arrière-grand-père français jusqu
en 1871, coiffé du casque à pointe durant son service militaire ? Parfois même le diplôme de bonne conduite pieusement conservé et dont la date prouvera qu’on n’était pas encore en guerre à ce moment-là.

À partir de 1890, en effet, et jusqu’aux signes annonciateurs de l’embrasement, les territoires annexés ont connu une phase d’apaisement due essentiellement à l’essor économique, à la mise en place d'une législation sociale avancée, à l’instauration de la Constitution de 1911 de l’Alsace-Moselle, à l’impact des mariages mixtes, sans négliger le rôle de l’école et de la jeune université de Strasbourg voulue par Berlin, de la vie culturelle, du brassage et de la germanisation opérés par le service militaire, le rôle de l’
Église, celui, du code du travail et du syndicalisme importé d’Allemagne. Durant cette période, la prospérité a incontestablement forgé un nouveau standard de vie. Le «-Jugendstil-», l'équivalent de notre «-Art nouveau-», a pignon sur rue.


Qu’il s’agisse des mines de charbon ou du bassin ferrifère ou encore des usines sidérurgiques en Moselle, les facteurs se sont additionnés et permettent de comprendre avec les lunettes d’aujourd’hui, l’évolution de l’opinion publique d’alors. Une industrialisation solide, encouragée par les capitaux venus d'autres états de l'Empire, a assuré aux populations annexées un certain confort. Les voies ferrées sont passées de 700 à 1 900 kilomètres. C’est l’époque où 18 puits sont foncés dans le bassin houiller lorrain, parmi lesquels le puits V à Merlebach, les puits Simon 1 et 2 à Forbach, le puits 3 de La Houve. Inutile de s’appesantir sur le bénéfice que le complexe militaro-industriel allemand a tiré de l’exploitation à outrance du charbon lorrain. Car au final, la guerre a été une escroquerie envers le peuple et ce serait une véritable injure que de reprocher à ce dernier d’avoir, en même temps, servi loyalement l’Allemagne et continué d’aimer la France.

Il n’y a pas de duplicité morale dans cette forme d’ambivalence. Les exemples sont là pour démontrer la permanence du sentiment pro-français, notamment la constance de l’action du Souvenir français, l’accueil chaleureux réservé aux œuvres d’Erckmann-Chatrian. La Société Erckmann-Chatrian a initialement été conçue pour la défense et la promotion du français en Alsace-Moselle annexées. Dès 1914, elle a largement diffusé dans les écoles et les hôpitaux, les romans très populaires des deux écrivains aux racines lorraines. Et s’il fallait un exemple de plus, il suffirait de songer au monument de Noisseville, à dix kilomètres à l’est de Metz, érigé puis inauguré en 1908 par les habitants de la région pour «-se souvenir d'avoir été français-» et cela en présence de soldats allemands.

Pourtant, à partir de 1911-1912, Strasbourg et Metz savent que la guerre est redevenue possible. Le mode de vie qui s’est développé au fil des années, éclatera comme une bulle de savon lorsque, le 31 juillet 1914 l’imminence du conflit conduit Berlin à décréter l’ «
-état de danger de guerre-» (en allemand Kriegsgefahrzustand), à suspendre l’application de la Constitution de l’Alsace-Moselle et à instaurer l’état de siège. Une dictature militaire se met en place, alors qu’un tel régime ne sera installé nulle part ailleurs en Allemagne. Le Reichsland Elsass-Lothringen devient à partir de cette date, une zone d’opérations militaires et un «-glacis-» avec ses forteresses et ses casernes. Metz, Sarreguemines, Forbach, Saint-Avold, entre autres, sont des villes de garnison. Dans le Bas-Rhin, le fort de Mutzig (en allemand «-Feste Kaiser Wilhelm II-») construit à partir de 1893 pour barrer la plaine du Rhin contre toute offensive française venant de Belfort et empêcher une opération d’envergure sur les arrières de l'armée allemande, devient la plus vaste et la plus puissante fortification en Europe.

L’état de siège infligé aux Mosellans et aux Alsaciens, la dictature militaire totale, le rationnement drastique, les séquestrations économiques nombreuses, la répression lourde, la suppression des libertés et des réunions publiques, la censure de la presse, mènent progressivement la majorité de la population de la résignation à l'amertume, puis à la détestation de tout ce qui a trait à l'autorité impériale. Les communes de ce bout d’Hexagone qu’on appelait alors le Reichsland Elsass-Lothringen, ont, après le conflit, rempli leur devoir, n’ayant pas attendu pour inscrire sur les monuments aux Morts les noms de leurs fils tombés sous la mitraille, quel que fût leur uniforme. Cette décision en a fait des précurseurs au moment où l’actualité de 2013 révèle la construction, à l’occasion du Centenaire, d’un mémorial comportant les noms de 600.000 soldats – classés par ordre alphabétique, sans distinction de nationalité –  sur les bords de la colline de Notre-Dame-de-Lorette, près d'Arras (Pas-de-Calais).


La mobilisation des Alsaciens-Mosellans


Les premiers combats ont éclaté sur le sol mosellan le 10 août 1914, avec l’offensive française lancée par la cavalerie pour s'emparer du village de Lagarde, dans le canton de Vic-sur-Seille. Le feu des artilleurs allemands et une charge des Uhlans ont eu raison de l’attaque française menée par des régiments arrivés de Provence. Les combats ont fait plus d’un demi-millier de morts, en présence des habitants terrorisés, terrés dans leurs maisons. Les civils ont été épargnés, avec une exception : les Allemands ont fusillé sur le champ un cultivateur mosellan et son commis, soupçonnés d’avoir aidé les soldats français. La première mitrailleuse française et les canons saisis à Lagarde ont été «-exhibés-» sur la place publique, à Sarrebruck et les cartes postales consacrées à ce butin ont servi la propagande pour galvaniser le moral des Allemands et briser celui des Français. Pour mémoire, la bataille de Morhange remportée par les Allemands aura lieu le 20 août 1914.

Durant ces «-Moissons tachées de sang-» (titre d’un livre de Jacques Didier sur Lagarde, éd. Serpenoise), la mobilisation par l’Allemagne, en août 1914, de 220.000 Alsaciens et Mosellans nés entre 1869 et 1897, est venue heurter les consciences dans les territoires annexés. Au total, à la fin du conflit, les nôtres incorporés dans l’armée allemande seront 380.000. Des milliers y ont laissé leur vie. Ceux qui en sont revenus, la guerre inscrite dans leur chair et le cœur en bandoulière, ont été accueillis avec méfiance, exclus des fêtes organisées en l'honneur des troupes françaises et incompris des nouveaux compatriotes.

Les archives sont là pour raconter l’explosion de joie du mois de novembre 1918, à l’entrée des troupes françaises en Moselle et en Alsace et le retour à la mère-patrie. Pourtant, les habitants (pas tous) vivront un formidable désenchantement qui s’accentuera de mois en mois : les Français revenus traiteront les Mosellans et les Alsaciens en population vaincue. Sujet longtemps tabou. Là «-s’enchevêtrent, comme l’a dit François Hollande, des histoires personnelles et le destin d’un pays
-». Mais son discours de très haute tenue ne visait pas particulièrement les situations propres à la Moselle et aux départements du Rhin et souvent ignorées du reste de la France. Éviter l’oubli, c’est le but des commémorations. Sans un mot sur cette page douloureuse, le logiciel du Centenaire de 2014 présenterait un bug.

 
Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur

[publié le 9.11.2013]





Le peintre Eugène Chaperon (1857-1938) place le poteau-frontière au centre de cette toile, présentée en 1914.
 Le poteau se confond avec une croix, au pied de laquelle l’Alsace et la Moselle attendent le libérateur.

© Service historique de la Défense / dr


 

Les canons français saisis par les Allemands lors de leur victoire à Lagarde (Moselle),
exposé sur la place publique à Sarrebruck en août 1914. 
© photo dr


Lien externe :

- Archives de l'Assemblée nationale : déclaration des députés des provinces recouvrées

- Visite virtuelle du Fort de Mutzig - Feste Kaiser Wilhelm II

- Article précédent : quel centenaire de 14-18 en Moselle ?




REBONDS  « AYONS LE COURAGE DE LA VÉRITÉ »
par Robert MOURER


Les dernières générations de mineurs lorrains connaissent Robert Mourer, 85 ans, ancien leader syndical dont la vie tout entière a été guidée par l’idée de la solidarité et de l’exigence du progrès social. Ses contemporains sont plus nombreux encore à saluer sa fidélité tenace aux idéaux du syndicalisme chrétien et son action d’une intensité exceptionnelle. Elle s’est, durant plus d’un demi-siècle, cristallisée autour de la nécessité d’engager une stratégie de l’après-mine dès l’annonce de la récession charbonnière, et autour de l’espoir de voir rebondir la Moselle-Est afin qu’elle puisse se positionner dans l’économie du XXIe siècle. Robert Mourer réagit à nos réflexions sur le Centenaire de 14-18 :


Comment ne pas souscrire à ces articles lorsqu’ils concluent que «-sans une attention particulière pour les Mosellans et les Alsaciens envoyés au front par Berlin, le travail de mémoire, à l'occasion du Centenaire de 14-18, serait notoirement incomplet-» ?

Mes parents, de souche lorraine, sont nés sous la nationalité allemande qui leur fut imposée par le traité de Francfort en 1871. Mon père né en 1886, ma mère née en 1896 suivirent l’école communale dont le seul enseignement toléré était la langue allemande. Encore de nos jours, les livres d’histoire de l’Éducation nationale se confinent à la frontière artificielle, imposée par de répétitifs bouleversements historiques à nos régions bilingues, coupant ainsi en deux la Lorraine dont nous sommes pourtant des ressortissants à part entière et dont l’histoire ne saurait être occultée.

Pour l’occasion de cette commémoration, je ne puis oublier ce que mon père a vécu, enrôlé malgré lui comme des milliers d’autres concitoyens alsaciens-mosellans pendant la Grande Guerre. Mobilisé en 1914 sous l’uniforme allemand, il fut mêlé aux combats sur le front oriental et ne rentra de Russie qu’en 1918 après l’armistice. Mon grand-père quant à lui, accomplissait avant 1870 son service militaire dans l’armée française.

Moi-même, enrôlé de force dans le « Reichsarbeitsdienst », je me suis évadé avec deux camarades mosellans à la veille du transfert d’office dans une unité combattante de la Wehrmacht. Après mon évasion, je suis accueilli par un patriote résistant et je reste caché jusqu’au 8 décembre 1944, date de la libération du village par les troupes américaines. À l’issue de la guerre je fus rappelé sous les drapeaux par l’armée française, rejoignant le 26ème Régiment d’infanterie lorrain à Nancy. À peine âgé de 21 ans, j’ai donc porté deux uniformes, l’un maudit, et enfin celui de mon pays.

Mon père nous parlait rarement de ce qu’il a vécu durant la Première Guerre mondiale et de sa participation contre son gré, sous l’uniforme allemand, aux combats en Russie. Cet épisode tragique l’avait profondément marqué, autant physiquement que moralement. Comment abordera-t-on la situation si particulière des provinces « annexées ». Si je mets le mot annexé entre guillemets, c’est que les livres d’histoire de l’Éducation nationale ont singulièrement occulté l’historicité des tragédies répétitives subies par nos provinces concernées.

L’historicité, c’est le courage de la vérité, c’est l’authenticité de la reproduction de la mémoire collective. Si en 1871 il y a bien eu annexion, c’est aussi le fait que le Parlement français qui siégeait à Bordeaux a entériné ce coup de force de l’ennemi par un vote très largement majoritaire pour l’abandon de l’Alsace-Moselle. La population subit, la mort dans l’âme, les conséquences souvent dramatiques de « l’annexion » forcée de leur terre natale à l’Allemagne pendant presque un demi-siècle.

Dès le 17 février 1871, les députés alsaciens-lorrains protestataires faisaient une pathétique et émouvante déclaration à l’Assemblée de Bordeaux, déclarant entre autres : «-La France ne peut consentir ni signer la cession de la Lorraine et de l’Alsace – Elle ne peut pas sans mettre en péril la continuité de son existence nationale, porter elle-même un coup mortel à sa propre unité en abandonnant ceux qui ont conquis par deux cents ans de dévouement patriotique le droit d’être défendus par le pays tout entier contre les entreprises de la force victorieuse. Une assemblée même issue du suffrage universel ne pourrait invoquer sa souveraineté pour couvrir et ratifier des exigences destructrices de l’intégrité nationale (…)-».

Faut-il rappeler que la constitution de 1791 affirmait clairement que : « Le royaume est un et indivisible-», le titre III précisant que «-la souveraineté est une, indivisible, inaliénable et imprescriptible-» et que «-la souveraineté appartient au peuple-».


RESPECTER LES FAITS


L’historien Claude Gauvard fait remarquer dans le livre "Les historiens français à l’œuvre ", «-Qu’il serait bon de mener une réflexion approfondie sur la capacité du pouvoir politique à influencer les travaux historiques et la lecture de l’histoire nationale ». Dans cet ordre de réflexions, je cite également la réponse dErnest Renan  à la question de la définition d'une nation  : «-"Le lot de souvenirs communs" qui équilibre le "plébiscite de tous les jours". Dans cette perspective, la recherche et l’enseignement de l’histoire, tout comme les manifestations populaires de la mémoire, doivent être considérés comme la pierre angulaire de la nation-».

L’académicien Pierre Nora évoquant la mémoire collective, disait : «-La mémoire collective n’est pas simplement un phénomène spontané. Elle ne se maintient en vie que par le concours de la volonté et de l’action humaine. Elle est organisée et se lie étroitement au politique. Quand on consacre une tombe au soldat inconnu, quand toutes nos villes et villages se couvrent de ces terribles monuments aux morts de la Première Guerre mondiale, on est dans la mémoire, mais surtout on est dans la politique-».

Nous ne pouvons qu’espérer que dans le cadre des cérémonies commémoratives du Centenaire de la Grande Guerre 14-18, cette mémoire collective et sacrée, soit fidèle aux événements pour rendre hommage dans un acte d’union nationale aux 300.000 jeunes alsaciens-mosellans tombés sur les différents champs de batailles sous un uniforme qui n’était pas le leur.

Je cite une nouvelle fois Pierre Nora qui écrivait : «-On attend de l’enseignement de l’histoire qu’il serve fidèlement le "devoir de mémoire collective" dont, à tort ou à raison, une partie du politique pense qu’elle est le remède au délitement du lien social auquel nous sommes confrontés-». Les optants pour la France durent quitter la Lorraine avant le 1er octobre 1872. Ces départs favorisèrent l’envahissement de l’Alsace-Lorraine par les fonctionnaires venus de toutes les régions de l’Allemagne ; toute place abandonnée par un Lorrain était occupée par un Allemand, ce qui équivalait à la germanisation de chaque parcelle de terre française.

« Gambetta s’alarmait », raconte M. Henri Galle, de l’immense exode des Lorrains. Gambetta, parlant à deux compatriotes lorrains qui fuyaient le pays natal, ne put contenir une expression de regret : «-Si vous partez tous, leur dit-il, nous n’aurons plus de raison d’aller reprendre nos provinces perdues». Dans son ouvrage « La Lorraine annexée » le professeur François Roth signale que fin 1872, il y avait déjà en Alsace-Lorraine 46 % de fonctionnaires prussiens, 26 % de fonctionnaires alsaciens-lorrains, 9 % de Bavarois et les autres, des Luxembourgeois et des Suisses. Ces fonctionnaires occupèrent dans le pays reconquis les meilleures places et les indigènes durent se contenter des postes subalternes.

L’application de la constitution de l’empire au Reichsland prévue d’abord pour le 1er janvier 1873 fut retardée d’une année et la dictature prolongée. Bismarck disait au Reichstag le 16 mai 1873 : «-Nous avons nécessairement à combattre en Alsace-Lorraine maintes sympathies pour un passé séculaire, qui a donné aux habitants maintes gloires, maints avantages ; nous avons à surmonter péniblement les sympathies vraiment françaises du pays, et avons tout à faire en sorte qu’elles ne compromettent pas la sûreté matérielle de l’Allemagne-».

L’école primaire obligatoire fut le principal instrument de germanisation entreprise par les Allemands. Comme l’écrit le professeur François Roth, dans la zone germanophone, elle était devenue « ganz deutsch », « entièrement allemande », dès 1872. La germanisation de l’école avait chassé le français dans toutes les écoles des villages frontaliers. En 1918, le français était une langue étrangère parmi les classes populaires, ouvrières et rurales. Dès le début des hostilités le ministère de la Guerre se méfia de l’attitude des jeunes soldats alsaciens-lorrains envers l’Allemagne. On s’inquiéta de leur éventuelle désertion. Pour y remédier, les autorités militaires adressèrent des circulaires secrètes aux différents corps d’armée.

A la suite de nombreuses manifestations de tendances anti-allemandes constatées chez les Alsaciens-Lorrains, on projeta de transférer tous les militaires alsaciens-lorrains vers l’intérieur de l’Allemagne ou vers le front oriental. L’autorité militaire allemande fit surtout arrêter les membres du « Souvenir français » ou du « Souvenir alsacien-lorrain », les parents d’officiers et de soldats français, les journalistes à tendance particulariste ou française, les hommes politiques et un grand nombre de prêtres. Des motifs futiles suffirent à entraîner une peine d’emprisonnement, entre autres : usage de la langue française, correspondance clandestine avec la France, introduction de journaux français en Lorraine, le fait d’avoir chanté La Marseillaise, le refus de cantonner des soldats allemands ».

Le monde du travail fut lui aussi soumis à d’extrêmes contraintes. Dans son livre “Die Anfänge der Bergarbeiterbewegung” l’historien sarrois, Michael Mallmann mentionne une grève des mineurs de Petite-Rosselle en ces termes : «-Ce qui est sûr, c’est qu’en automne 1874, le tribunal militaire de Strasbourg condamna 9 mineurs des houillères de Petite-Rosselle à des peines sévères avec privation de liberté. Le motif invoqué : mise en cause de la paix et de l'ordre public et menaces envers l’Etat allemand-». Ce conflit, par sa dureté et ses conséquences, marquera profondément les premières grèves menées par le mouvement ouvrier lorrain. La Chambre des députés session 1923 mentionnait que, 1.435 Lorrains ont été condamnés à :
- 18.258 jours de travaux forcés,
- 119.387 jours de prison, 72.598 jours d’internement,
- 116.817 jours de séjour forcé,
- 174.854 jours de séjour libre,
- 40.680 jours de séjour forcé en Alsace-Lorraine.
En outre, 17 Lorrains ont été fusillés et 54 soldats lorrains punis pour cause de germanophobie.

Dès l’ouverture des hostilités en 1914, le commandement militaire allemand des 21e et 16e Corps d’armée diffusa une sévère mise en garde à la population minière du bassin houiller Lorrain, rappelant l’interdiction formelle de se lancer dans des mouvements revendicatifs et des arrêts de travail. Il publia le communiqué suivant : «-Que le personnel d’un puits de mine dépendant de la circonscription militaire, s’est laissé entraîner dans une grève de plusieurs jours. Malgré les restrictions imposées aux travailleurs par la guerre et le travail dur et pénible qu'ils accomplissent, il est rappelé que la situation d’exception imposée par le conflit armé, fait obligation aux forces vives de se mettre à la disposition de la nation pour conduire le pays vers la victoire finale. Aucun arrêt de travail ne sera toléré par l’autorité militaire.

En cas de grève, les instigateurs, se trouvant en situation mobilisable seront rappelés sous les drapeaux. Toute cause ayant motivé une exemption du service militaire sera considérée comme caduque dès le moment où l’ouvrier se sera mis en arrêt de travail pour raison de grève. Il sera considéré comme un élément perturbateur de l’ordre public et il s’exposera aux sanctions sévères, prescrites par les lois militaires. Toute campagne revendicative devra garder forme et mesure, et ne pas anéantir les sacrifices consentis par tout un peuple engagé dans une bataille décisive-».

La population était placée sous haute surveillance. L’occupant n’ignorait pas que malgré presque un demi-siècle d'annexion, le retour à la "mère-patrie" restait plus que jamais vivace dans la population. De nombreux événements soulignent la mentalité de nos compatriotes durant cette période tragique. Dans la localité minière de Spicheren, 25 jeunes conscrits dont plusieurs travaillaient aux mines de Petite-Rosselle, manifestèrent publiquement leur opposition à l'occupant.

Le 12 octobre 1916, ces jeunes gens furent traduits devant le tribunal militaire de Sarrebruck pour s’être parés, le jour de la conscription de rubans tricolores tout en exhibant les couleurs françaises devant le magasin Schroeder à Forbach. Les 25 jeunes manifestants, le commerçant Schroeder et son épouse furent condamnés à 4 mois d’emprisonnement ferme. Que sont devenus ces jeunes manifestants après leur enrôlement dans l’armée allemande ? Envoyés sur les différents champs de batailles sous un uniforme qu’ils maudissaient Il y eu incontestablement des victimes. Si l’Histoire ne les reconnait pas comme « Morts pour la France », alors ils sont morts pour qui et pour qu’elle cause ?


SUJET À MALENTENDUS


La déclaration de M. P. Moineaux en dit long sur la portée et la compréhension de l'histoire de nos régions frontalières de l'Est. «-En fait aucune étude sur l'Alsace et la Lorraine ne devrait paraître qu'accompagnée d'un croquis schématique illustrant bien la situation géographique de ces pays avec frontière d'annexion et zone linguistique. Sinon, tout est sujet à malentendus-».

Les monuments aux Morts d'Alsace-Moselle, ne portent souvent que l'inscription « À nos Morts » et ne représentent jamais de poilus. Plus de 380 000 Alsaciens-Mosellans avaient été mobilisés par le Reich pour combattre sous l'uniforme allemand. Aux yeux de la France, un voile pudique devait recouvrir le sacrifice de ces combattants, tombés pour un drapeau et un pays qui n’étaient pas les leurs. Un historien dont j’ai perdu les coordonnées, écrivait : «…Ces annexés à l’espérance tenace qui ne s’évadent pas de leur province, mais s’y incrustent comme des "cailloux de France sous la botte de l’envahisseur"-».

Victime de convoitises belligérantes, la Moselle dût changer plusieurs fois en un siècle de statut politique et s’exposer aux vicissitudes d’une existence dramatique. La lutte pour la sauvegarde des avantages sociaux, obtenus durant ces périodes douloureuses, est des plus légitimes. Ce combat, mal interprété par des gens peu avertis sur la question d’Alsace-Moselle et son destin tragique, fut souvent taxé d’égoïsme régional. Les avantages acquis constituent encore aujourd’hui une part importante du substrat social de droit local, légué par l’histoire mouvementée aux populations des provinces annexées à côté de tant d’aspects négatifs.

D’ailleurs l’Administration française dut reconnaître cette situation après le retour de l’Alsace-Moselle à la Mère-Patrie, au point que le commissaire général de la République affirmait solennellement, je le cite : «-J’estime non seulement qu’il faut maintenir cette législation, mais en tirer de précieux enseignements pour l’amélioration de notre législation française (…) Il est certain que L’Alsace-Lorraine n’accepterait pas aisément d’être privée d’une législation qui a fait ses preuves et à laquelle nous avons un intérêt certain à faire de nombreux emprunts. Quarante-huit ans dans la vie d’un peuple constituent une période qui n’est pas négligeable.

Pendant quarante-huit ans, par la force, par la compression, quelquefois par les promesses et par la flatterie, l’Allemagne a essayé de s’imposer aux esprits et aux consciences. Pour y résister, il a fallu que les populations se replient sur elles-mêmes. Comment dès lors s’étonner si, le jour où ce régime disparaît et où les chaînes tombent, les populations de l’Alsace et de la Lorraine ont besoin de quelque temps pour rentrer dans les cadres de la nouvelle patrie et si, malgré elles, elles ressentent quelques hésitations en face d’institutions nouvelles qu’elles connaissent encore mal. Comment pourrions-nous leur en vouloir d’un particularisme qui leur a permis de se conserver à nous.-»

M. Welschinger, membre de l'Institut, dans une conférence prononcée le 4 décembre 1918, soulignait les richesses économiques des provinces recouvrées par ces mots : «-Que vous dire encore sur la situation de l'Alsace-Lorraine (...) Que les mines de fer, de houille, d'alun, que les salines et les gisements de potasse et de pétrole de Pechelbronn sont des richesses considérables ; que la métallurgie, l'industrie textile, la verrerie, la faïencerie, les fabriques de papier, la brasserie, la tannerie, les teintureries, les fabriques de produits chimiques ne demandent qu'à prospérer davantage encore. De ce court et rapide exposé on peut affirmer que la France recevra non seulement dans ses concitoyens libérés un trésor de bonnes volontés et d'intelligence, mais de véritables trésors en richesse incontestable-».

La France voyait revenir à elle deux de ses provinces les plus riches et les plus prospères, et ce retour s’opérait avec le minimum de dommage pour les régions reconquises. Peu de régions, en effet, offraient un ensemble de ressources aussi vastes et aussi complètes que l’Alsace et la Lorraine désannexées. M. Edmond Thery, économiste européen faisait le commentaire suivant : «-Sol d’une admirable fertilité, propre à toutes les cultures, à toutes les exploitations forestières et à tous les genres d’élevages ; sous-sol d’une incomparable richesse avec ses mines de fer, de houille, de pétrole, de potasse et de sel ; industries ayant acquis un formidable essor dans tous les genres sidérurgiques, métallurgiques, textile, céramique et alimentaire ; disponibilités énormes d’énergie en houille blanche par l’utilisation possible du Rhin ; réseau remarquablement dense de communication de toute nature, voies de fer, voies de terre, voies fluviales et canaux, etc.»

Mais ce contexte industriel ne pouvait faire oublier que la guerre avait profondément meurtri la Moselle. Sur 15.000 hectares et 107 localités, il y avait 14.061 immeubles totalement ou partiellement démolis et 15 usines détruites. Au 1er juin 1920, le sol (prairies et terres cultivables), grâce aux efforts de plusieurs milliers d’ouvriers, avait été remis en état à concurrence de 39.000 hectares pour l’Alsace, et 10.000 pour la Lorraine. A la même date, 224 villages étaient en cours de relèvement, 4.678 maisons en cours de réparation, 1.044 réparées ou reconstruites, sans parler des travaux réalisés par l’initiative privée.

Georges Suffert, ancien éditorialiste du Républicain Lorrain écrivait dans un ouvrage consacré à la Lorraine mosellane : «-Pour les populations frontalières du Nord-Est de la France, regarder le passé imposait le souvenir de guerres continuelles. Il n'y a pas de mémoires de ruraux, de chroniques de village qui ne commencent par une longue litanie de guerres dont les habitants firent les frais. Les souvenirs des trois grandes guerres se perpétraient dans les mémoires en raison de la singularité de certaines situations. Combien de frères, de cousins, enrôlés dans les armées ennemies, se retrouvèrent face à face sur le théâtre des opérations ? Combien de soldats Alsaciens et Lorrains furent obligés de servir tantôt l'uniforme allemand, tantôt l'uniforme français. En moins d’un siècle, la Lorraine fut meurtrie par 3 guerres. Annexée à deux reprises par l'Allemagne, elle dut subir la dure loi de l'occupant.-»

Dans mes souvenirs d’enfance reste vivace l’évacuation en Charente en 1939/1940. Nous, les enfants, devions faire fonction de traducteurs auprès de nos parents qui, et pour cause, ne parlaient que quelques bribes de français. Nous ne nous rendions pas toujours compte que cet état de fait était très pénible pour eux, souvent aggravé par la réaction plus que critique de certaines personnes de la population autochtone charentaise, ignorant totalement la tragédie de nos provinces si souvent martyrisées.


MESURES VEXATOIRES


Encore un mot à propos du certificat de réintégration. Dans une question écrite publiée dans le JO Sénat du 11/12/1997, M. Philippe Richert, parlementaire du Bas-Rhin, « appelle l'attention de M. le ministre de l'Intérieur sur l'obligation faite encore aujourd'hui à certains citoyens alsaciens et mosellans de produire un certificat de réintégration dans la nationalité française, à l'occasion de nombreuses démarches administratives. En effet, à l'issue du premier conflit mondial, lorsque l'Alsace et la Moselle sont redevenues françaises, les habitants de ces trois départements sont demeurés citoyens allemands, à moins qu'ils n'aient expressément choisi d'être français. De nombreux Alsaciens et Mosellans ne s'étant jamais considérés comme allemands avaient cependant estimé ne pas avoir à demander de retrouver une nationalité française qu'ils n'avaient jamais reniée et toujours gardée au fond de leur cœur. Ils ont de ce fait été soumis pendant des années à des tracasseries administratives sans fin.

Aujourd'hui encore, près de quatre-vingts ans après la fin de la guerre, les enfants et petits-enfants des Alsaciens-Mosellans adultes en 1919 sont soumis par la loi à l'obligation de présenter un certificat de réintégration dans la nationalité française de leurs parents ou grands-parents. Ainsi, il y a quelques années, le fils d'un célèbre militaire français, commandant de l'armée de l'air, a-t-il dû prouver, en entrant dans une grande école, que son grand-père avait bien opté pour la nationalité française en 1919. Plus récemment, un petit-fils d'Alsacien, dont les grands-parents avaient quitté l'Alsace en 1871 pour ne pas devenir allemands, s'est vu refuser l'accès au diplôme de Meilleur ouvrier de France au motif que son grand-père n'avait pas expressément déclaré vouloir redevenir français. Il avait pourtant suffisamment prouvé, par son attitude, son attachement à l’État français et à sa nationalité d'origine ! 

Des instructions ont bien été données aux préfets l'an passé par le précédent ministre de l'Intérieur, afin qu'ils appliquent avec beaucoup plus de souplesse l'obligation législative de présentation d'un certificat de réintégration dans la nationalité française. Cependant, au-delà des tracas administratifs qu'elle peut occasionner, une telle obligation peut apparaître comme vexatoire pour ceux de nos citoyens qui y sont soumis. A l'heure où l'on débat des modalités d'acquisition de la nationalité française, il souhaite attirer son attention sur la situation de ces citoyens, dont les parents ou grands-parents ont été ballotés bien malgré eux d'un État à un autre sans jamais renier leur nationalité française, et à qui l'on demande encore quatre-vingts ans après de justifier qu'ils sont bien des Français à part entière ».

Dans une des revues du Cercle littéraire de Sarreguemines publiée en 1969, on pouvait lire le commentaire suivant : «-Trop d’entre nous ignorent ce qu’était jusqu’à une époque récente le sort permanent des gens de frontières. Il est des choses qu’il est bon d’oublier, mais il est des attitudes, des souffrances qui à force de répétition deviennent une deuxième condition et ceci nous n’avons pas le droit de l’oublier parce que cette condition-là, nous la traînons avec nous comme la glaise à nos souliers-».

Comment résumer plus explicitement les tragédies répétitives imposées aux populations de nos régions frontalières ? La Commémoration du Centenaire de la Grande Guerre est un moment fort qui mériterait que les plus hauts responsables du pays ne laissent planer aucune équivoque sur la réalité historique du calvaire enduré par nos provinces martyrisées, dont les villes et villages furent souvent plus que d’autres frappés par l’absurdité de la guerre, ayant vu leurs enfants s’entretuer sous des uniformes différents. Par le centenaire de la Grande Guerre, le moment n’est-il pas venu de commémorer dans un même élan de fraternité et sous un même vocable d’amour de la Patrie toutes les victimes inscrites sur nos monuments aux Morts ?



Robert Mourer 22 novembre 2013





Stèle des "Oubliés de l'Histoire",
à l'entrée du cimetière de Forbach, rue Bauer.











 

15 commentaires:

FB a dit…

Ce serait magnifique si les hommes politiques et les journalistes avaient un minimum de culture historique. Mais on ne peut pas s'intéresser au long terme quand on a le nez dans le guidon !

Sylvain Post a dit…

LES PUITS DE MINE FONCÉS DANS LE BASSIN HOUILLER LORRAIN ENTRE 1872 ET 1909

1872 : Freyming-Merlebach, puits Vouters 1 (ou puits 5),
1874 : L’Hôpital, puits 3 (ou puits neuf),
1874 : L’Hôpital, puits 3 bis (ou puits 7)
1875 : Petite-Rosselle, puits St Charles 2,
1881 : Petite-Rosselle, puits Vuillemin 2,
1883 : Petite-Rosselle, puits Gargan 1,
1888 : L’Hôpital, puits 6
1891 : Petite-Rosselle, puits Gargan 2,
1895 : Creutzwald, La Houve Puits 1 (siège 1 - puits Marie),
1900 : Creutzwald, La Houve Puits 2 (siège 1 - puits Jules),
1904 : Forbach, puits Simon 1,
1905 : Freyming-Merlebach, puits Freyming (ou puits Hugo Stinnes),
1907 : Forbach, puits Simon 2,
1908 : Saint-Avold, puits Sainte Fontaine,
1908 : Creutzwald, La Houve puits 3,
1909 : Freyming-Merlebach, puits Peyerimhoff,
1909 : Folschviller, puits Alexandre Dreux 1,
1909 : Folschviller, puits Alexandre Dreux 2,

Patricia Moreau a dit…

Histoire pathétique, que celle de ces peuples frontaliers, qui ont vécu les heures dramatiques de l'annexion forcée. Renoncements, humiliations, abnégation... devant la force, il n'y avait pas de résistance possible, à l'époque. Espérons que les cérémonies de Commémoration du Centenaire de la Grande Guerre rendront hommage à tous les combattants de 1914-1918, sans exception aucune ! En tout cas, cet article a le mérite d'informer valablement ceux qui le souhaitent, il est remarquable. Les trois photos sont explicites et fort bien choisies pour illustrer le thème. Bravo, Sylvain, et merci.

WK a dit…

Texte, Bilder und vor allem die externen Links waren für mich sehr interessant Vielen Dank. Mit freundlichen Grüßen

Sylvain Post a dit…

Gérard Wack, président de l'association des Amis de l'histoire du pays de la Merle, apporte une information intéressante : "Dans mes archives (qui son disponibles pour toi),écrit-il, en ce qui concerne les morts de Merlebach de 1914-18, il y a presque autant de victimes sur le front occidental qu'oriental".

Sylvain Post a dit…

L'écrivain Gilles Laporte vient de partager le blog sur sa page Facebook, avec ce commentaire :
" Merci, cher Sylvain, pour cette invitation à rafraîchir et assainir notre mémoire au seuil d'une année de... commémoration. Billet hommage à celles et ceux qui ont écrit l'Histoire de cette guerre (plume trempée dans leurs larmes et leur sang), respectueux des faits et des intentions de l'époque, fraternel, efficace. J'en recommande le plus large partage. A bientôt. Salut et Fraternité."

Un ami a dit…

J'espère que ce blog sera lu par le plus grand nombre de nos contemporains qui, autour des monuments aux Morts, s'apprêtent à faire claquer les drapeaux et sonner les clairons, par nos responsables politiques surtout. Ceux-là devraient bien en faire leur texte de chevet, et s'en inspirer pour toutes leurs communications à venir !

Sylvain Post a dit…

Merci à l'Association des Ecrivains-Paysans de France d'avoir diffusé l'adresse de mon blog à tous ses membres répartis aux quatre points cardinaux.

MTB, Forbach a dit…

Je me sens doublement concernée par cet article, mon grand-père maternel n’étant pas revenu de Russie. Bravo pour la documentation très étayée.

Sylvain Post a dit…

Message de Gérard Wack, de Freyming-Merlebach :

Sur le front oriental, au cours de la Première Guerre mondiale, mon grand-oncle a été fait prisonnier par les Russes en 1915. Il y avait apparemment un accord entre la France et la Russie pour libérer les Alsaciens et les Lorrains, à condition qu'ils signent un engagement dans l'armée française, ce qu'il a fait. Mon grand-oncle a servi, ainsi, dans la marine; il resté 3 ans dans les Dardanelles sans pouvoir écrire ou communiquer avec sa famille, jusqu'à l'armistice.

Sylvain Post a dit…

Le Centre Image Lorraine lance son site 14-18, dans le cadre de « La Grande Collecte »

Lundi 11 novembre 2013, le Centre Image Lorraine (C.I.L.) a mis en ligne un fonds portant sur la Première Guerre mondiale en France. Ce fonds comprend plus de 11.000 documents (plaques de verre, vues stéréoscopiques, cartes postales, photocartes, photographies et quelques autochromes).
Ces documents sont numérisés, catalogués et indexés, dans le cadre du centenaire du premier conflit mondial. Les départements de la Meuse et de Meurthe-et-Moselle apportent dès maintenant 12.000 photographies qui seront traitées en 2013. Ensuite seront prises en compte les images apportées par les départements des Vosges et de la Moselle. Le tout sera opérationnel en 2014, selon France 3 Lorraine.

S’agissant des photos, 9 000 documents (plaques de verre vues stéréoscopiques, cartes postales, cartes-photo, photographies…) portant sur la Première Guerre mondiale en Lorraine et dans le grand Est de la France ont déjà été traitées à travers les diverses thématiques (tranchées, combats, aviation, vie militaire, transports, armes, vie sanitaire, vie religieuse, armistice, destructions…) et des différents secteurs géographiques du conflit se détachent des ensembles cohérents d’une grande valeur historique.
A terme l’objectif est de mettre en ligne (sous réserve d’obtenir les financements) 27 000 photographies originales (et dont la plupart sont inédites) qui sont à la disposition du C.I.L.
Au rayon des films, les archives de guerre 1914/1918 disponibles au Centre Image Lorraine représentent 8 heures et demie de projection.

Le site est destiné à tous publics et particulièrement les scolaires à des fins de consultation et d’applications pédagogiques.
www.imagesde14-18.fr

Anonyme a dit…

L'annexion n'etait pas si negative. Etant de famille mixte franco-allemande, en famille l'allemand et le francais se sont toujours cotoyes et on s'en fichait d'etre francais ou allemands. La politique a peu d'emprise sur la vie quotidienne. La Moselle etait une terre d'immigration ou les immigrants essayaient avant tout de s'integrer. Nous avons par consequent toujours ete relativement neutres a ce sujet. Personnellement, je pense que la Moselle aurait du suivre le meme developpement que le Luxembourg voisin : bilinguisme et decentralisation.

J.F. , Rennes a dit…

Ce document nous rappelle l'histoire de l'Alsace-Lorraine déchirée entre Allemagne et la France. Vous avez raison, il ne faut pas oublier le déchirement et les souffrances que les Mosellans et les Alsaciens ont subis pendant cette guerre.
Puisse votre appel être entendu et que toute la population de ces deux provinces soient associée dignement à toutes les commémorations, afin de leur rappeler que leur amour de la France a bien été compris par tout le peuple français.
Quant à moi ,cet article très intéressant m'a fait découvrir une page d'histoire que je ne connaissais pas, notamment l'appel des députés en 1871 et son rappel par ceux de 1919.

B.R, , Strasbourg a dit…

Excellents article et commentaire. Oui, "Ayons le Courage de la Vérité"... C'est important que des voix s'élèvent.


Sylvain Post a dit…

Conférence

A Forbach, le 19 juin, à 15 heures, dans les locaux du Club Barrabino, Val d'Oeting : Un combattant mosellan " Le Musketier Guldner de Forbach " durant la première guerre mondiale par Jean-Gérard Guldner.