mercredi 19 mars 2014



POLITIQUE-FICTION

Bassin houiller : naissance d'une ville nouvelle

C’est l’heure de vous parler des élections municipales de 2032. Précédées d’un redécoupage, elles vont permettre aux électeurs du 57800 de désigner pour six ans le conseil municipal unique de cette entité nouvelle de près de 20 000 habitants.




Freyming-Merlebach en 1965
 © Gilbert Friderich - droits réservés



Un regroupement de communes autour du même code postal en vigueur depuis soixante ans. Ce que l’administration des PTT, prédécesseur de La Poste avait fait en réduisant les 36 000 communes françaises à 6 300 numéros, le bassin houiller lorrain vient de le vivre, en ce début d’année 2032, autour de l’ancienne métropole du charbon, ville-siège des HBL. Une commune au lieu de cinq, à la suite d'un redécoupage administratif volontaire.

Les élections municipales de 2032 ont été précédées d’un référendum. Pour les habitants de Merosfreybebeco, il avait porté sur une question fermée : «-Etes-vous POUR ou CONTRE le regroupement des communes ayant le même code postal 57800 ?-». Une majorité de «-POUR-» est sortie des urnes électroniques. Les électeurs de Freyming-Merlebach, Rosbruck, Béning-lès-Saint-Avold, Betting et Cocheren auront ainsi à désigner, lors des scrutins des 7 et 14 mars, un conseil municipal unique composé de 33 membres (contre 101 auparavant), 9 adjoints au maire au maximum, qui siègera dans l’ancienne métropole du charbon en son nouvel hôtel de ville inauguré il y a vingt ans.

D’âpres discussions ont encore eu lieu à propos du droit de vote et d'éligibilité des résidents étrangers de pays membres de l'Union européenne aux élections européennes et municipales, un débat qui n’est toujours pas tranché, relancé régulièrement depuis Maastricht (1992). Pour l’essentiel, le code électoral dans le cadre des principes fixés par la Constitution, n’a pas subi de modifications notoires. Le matériel électoral est parvenu aux électeurs par La Poste, encourageant le vote par Internet.


On est parvenu à sécuriser l’expression des suffrages “à bulletin secret” à partir d’un ordinateur ou d’une tablette. Quant à l’éventuel problème de la sincérité du vote, le contrôle est transféré du citoyen à l'État, qui met en place la procédure ad hoc. Dans ce but, une loi a rendu obligatoire la transparence du code source des procédures utilisées pour le vote électronique et les machines à voter. Les centralisations successives des résultats permettent à des personnes physiques de s'assurer que les résultats pris en compte au stade final sont bien ceux qui résultent des dépouillements successifs et de garantir l'électeur contre la fraude électorale.

Déjà, le référendum qui a précédé les élections municipales des 7 et 14 mars 2032, a permis de tester le dispositif en grandeur réelle. On a, toutefois, été incapable de mesurer l’engouement populaire autrement que par le nombre de clics et les réactions sur les réseaux prétendument “sociaux”, chacun étant resté chez soi devant un écran froid. Un service d’aide à la personne a fait ses preuves au domicile des électeurs ou en maisons de retraite.

Néanmoins, l’usage du clavier a remis en question la cartographie des dix intercommunalités du bassin houiller lorrain. Qui se souvient que celles-ci avaient été créées à l’instigation des Houillères du Bassin de Lorraine, aux ordres de l’Etat et tout particulièrement de Bercy ? Ces communautés de communes et communautés d’agglomération, qui s'appelaient à l'origine “districts” et “Sivom”, avaient déplacé le centre de gravité du pouvoir local vers les chefs-lieux et amené les communes à mutualiser des moyens devant la diminution puis la disparition de la redevance minière.

À force de ménager toutes les susceptibilités, les pouvoirs publics avaient fini par admettre – ce qui arrangeait beaucoup de monde
qu’il pût y avoir dix intercommunalités en Moselle charbonnière, situation complexe qui amena des tensions, chacun ayant tendance à voir midi à sa porte. «-Le morcellement du territoire a souvent fait échec à l’union. La région se fait la guerre à elle-même, au lieu de rassembler autour d’une dynamique mobilisatrice de transformation-». C’est une vérité que la classe politique de l’immédiat après-mines n’aimait  pas entendre. De cette situation, certains (pas tous) ont tiré une leçon : les mêmes causes provoquant les mêmes effets, la disparition de l’Etat-providence devait conduire à de nouveaux rapprochements de communes entre 2014 et 2030.

Avant les législatives de 2012, les élus des intercommunalités (pas tous) s’étaient braqués contre une telle perspective. Et ce sont leurs DGS (directeurs généraux des services) qui furent les premiers à prendre en compte les consignes données à mi-voix par le conseil général de la Moselle. Le maître-mot : synergie... face à l'inéluctable dimunition des dotations budgétaires. La communauté d’agglomération de Forbach, la communauté de communes de Freyming-Merlebach et deux autres “com’com” décidèrent ainsi de jouer le rapprochement.


Un sursaut



Le manque d’argent rend inventif. Dans le même temps, une redistribution territoriale partielle s’est dessinée dans les esprits et les faits, visant à construire un autre modèle au cœur du bassin houiller et à provoquer un sursaut. Arrêter de faire, comme le dit Jean-François Kahn «-la même cuisine, mijotée avec les mêmes ingrédients, sur les mêmes fourneaux, dans les mêmes casseroles, aux mains des mêmes cuistots, répétiteurs fatigués des mêmes recettes…-» [Comment s’en sortir, Plon, 2013].

D’autres changements suivront. Ici et ailleurs. Le changement est affaire de comportements, de modes de vie et de mentalités. À ne pas confondre avec les réformes, les changements, selon Jacques Attali, «-ne font pas l’objet d’une décision institutionnelle, mais de celles, informelles, des individus et des groupes-». L’électorat, insatisfait de l’UMP et du PS, hésitant devant le discours du Modem, méfiant face aux extrêmes, a fini par se lasser du vagabondage d’un parti politique à l’autre, avec une abstention grandissante et néfaste. Le désenchantement et surtout le conflit de générations qui s’est aggravé dix ans après la fermeture des mines, expliquent que les électeurs aient été amenés à déposer la classe dirigeante des années du déclin charbonnier.


Se souvient-on de ces listes de candidats propulsées sur les réseaux sociaux sur le thème : «-Pour une région qui innove, invente, imagine, crée, entreprend-». Certaines sont restées virtuelles. Mais d’autres ont quitté les limbes de l’Internet pour déboucher sur un rassemblement cohérent de toutes les forces qu’une dynamique de revitalisation du bassin houiller lorrain peut fédérer.

Ça ne pouvait plus durer. Happée par le fond,  l’économie n’a pas décollé en quinze ans, faute d’une radicale remise en question. L’impression que de nombreuses zones industrielles ont été construites sur du sable persiste. Si l’on ne peut pas imputer aux politiques la marche des entreprises, il est cependant permis de penser que la région a manqué d’un VRP capable d’aller démarcher des entrepreneurs de la trempe d’un patron de Free, pour les convaincre avec constance et pugnacité d’investir dans la Carbon Valley...

Le fossé des générations s’est creusé entre les jeunes chômeurs et les derniers mineurs légitimement protégés par le Pacte charbonnier qui leur a fourni un revenu de remplacement. Ce qui s’est joué au lendemain de la fermeture des HBL est déboussolant. Les chiffres sont écrasants. Un jeune sur quatre ne trouvait plus de travail et un chômeur sur deux présentait un problème de formation. On ne parle pas que des décrocheurs, mais aussi des bosseurs cherchant à bosser. Beaucoup de familles se sont répété la même phrase : «-Le nôtre (la nôtre) a fait des études. On lui a conseillé de partir à l’autre bout de la France, en Allemagne ou au Luxembourg et de s’expatrier plus loin, si ça ne marche pas-». L’Insee a établi en 2010, que la baisse démographique est due autant au solde migratoire qu’au solde naturel.

Les meilleurs talents s’en vont, la population vieillit. «-En 2040, près d’un Lorrain sur trois aurait plus de 60 ans, contre un sur cinq en 2007. Le passage aux âges avancés des personnes nées entre 1945 et 1965 ne serait pas la cause unique de ce changement de répartition, la baisse des naissances et le départ des jeunes y contribuant également (baisse de 13% des 20-59 ans). La proportion des plus de 80 ans doublerait pour atteindre 10% de la population en 2040-» écrit Pierre-Yves Berrard de l’Insee. L’institut reçoit de nombreuses demandes de la part d’acteurs publics pour évaluer les populations futures, tant au niveau local (conseils généraux et régionaux, agences d’urbanisme…) que national (Conseil d’orientation des retraites…), soucieux de réactualiser les projections de population. L’enjeu est important.

On aurait voulu que l’Insee se trompât en annonçant dès 2010 que l’arrondissement de Forbach allait perdre 17 000 habitants supplémentaires, avec, chaque année jusqu’à 2040, une perte de 0,23% de sa population de 264 000 habitants de 2007. Dans le cas d’une entreprise en difficultés, des départs massifs peuvent la sauver du naufrage. Mais quand ces départs concernent la population active d’une région, c’est tout le contraire. Le passage sous le seuil de pauvreté d’un quart des habitants (comme c’est le cas), accroît le nombre de foyers non imposables, ce qui n’est pas sans effets sur la fiscalité et sur les politiques à conduire.

C’est d’une cure de travail dont le bassin houiller a besoin, non d’une saignée thérapeutique. La génération de 2030 l’a bien compris. Au moins aussi bien que les précédentes, sinon mieux. Elle ne s’en sortira que par l’invention, l’innovation, l’imagination, la créativité… Comme pour faire écho à cette exigence, Jacques Attali avertit en 2013, que «-si nous nous entêtons à ne rien vouloir réformer d’essentiel, si la classe politique [française] persiste à ne pas s’intéresser aux vrais problèmes pour ne penser qu’à sa réélection, si les médias se complaisent à passer d’un scandale à l’autre sans alerter dirigeants et citoyens sur les enjeux essentiels, si le pays continue à s’arc-bouter sur ses rentes, plaçant ses ultimes espoirs dans un hypothétique retour de la croissance mondiale, il restera définitivement enlisé-» [Urgences françaises, Fayard, 2013]. Certes, le bassin houiller n’est pas la France et il ne faut pas charger la mule. Mais tout de même, on peut y réfléchir.

Au fait, la génération 2030 parle-t-elle toujours du «-bassin houiller-» ou cette dénomination  a-t-elle mordu la poussière comme l’auraient voulu les tenants d’une vision plus bucolique qui prônaient l’appellation «-Pays du Warndt-» ? Chacun continue d’avoir conscience qu’il reste 630 millions de tonnes de houille dans le sous-sol lorrain, une raison suffisante pour ne pas s’obstiner à un lavage sémantique cherchant à en effacer vainement la trace.

C’est l’heure de parler des élections municipales des 7 et 14 mars 2032, disions-nous. Rosbruck  et Cocheren quittent avec armes et bagages la communauté d’agglomération de Forbach et perdent leur mairie. Idem pour Béning et Betting. L’histoire ne dit pas ce qu’il en sera des noms de rue après la fusion. On sait, pour l’instant, que chaque ancienne commune gardera provisoirement les siens, avec nécessité de préciser pour le courrier le quartier destinataire de Merosfreybebeco…

Le meilleur est pour la fin : cette fiction de la ville nouvelle est parue vers 1950 dans l’organe officiel des Charbonnages Mineurs de France : «-Nous basons nos prévisions, écrivait le nostradamique chroniqueur des Houillères, sur le fait qu’il faut bien cinquante ans encore pour que toutes les villes et tous les villages de notre agglomération acceptent de ne former qu’une seule grande ville, une capitale de l’Est charbonnier, qui s’appellerait d’un nom bien évocateur : « MEROSSFREYBEBECO » en souvenir de Merlebach, Rossbruck [sic], Freyming, Betting, Béning, Cocheren (…)-». Totalement burlesque ! Mais il est tellement rare que quelqu’un montre un si bel enthousiasme pour l’avenir …



Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur




En 2010 :
Freyming-Merlebach comptait 13.229 habitants,
Cocheren : 3.496

Béning-lès-Saint-Avold : 1.238
Betting : 881
Rosbruck : 764
soit 19.608 habitants pour les cinq communes réunies



Freyming-Merlebach. Façade arrière du nouvel hôtel de ville. 


Cliquez sur l'image pour l'agrandir

Freyming et Merlebach ont fusionné en 1971. 
L'agglomération vue depuis Hombourg-Haut.
Au premier plan : l'autoroute
Metz-Strasbourg/Metz-Sarrebruck.



Publié le 9 août 2013




RÉACTIONS


Robert Mourer, ancien secrétaire général du syndicat des mineurs CFTC 
« Dépasser les clivages pour redynamiser

la solidarité active de la région houillère »


Réagissant à l’article, Robert Mourer, ancien secrétaire général du syndicat des mineurs CFTC, écrit : « Cher Sylvain. Ta prospective ne me semble pas être tellement une «-fiction-», mais bel et bien un encouragement à réfléchir sur une situation dont l’après-mine à fracturé d’une manière préoccupante les soubassements : population déboussolée en perte de repères d’avenir, accélération du chômage, fuite des ouvriers et personnels qualifiés, vieillissement de la population avec comme conséquence un déséquilibre générationnel alarmant, etc.

Tes réflexions pertinentes, se projetant sur une période de 20 ans, sont loin d’être une «-politique fiction-», mais la démonstration des préoccupations du journaliste consciencieux et responsable qui, comme toi, a si intensément et durant de longues années partagé la vie et les espoirs de la population minière du pays noir.

La fiction, aussi gratuite qu'elle puisse paraître, est souvent rattrapée par le réel, car c'est dans la réalité historique qu'elle puise ses filons. J'aurais tendance à dire que la fiction crée une ouverture d'esprit, une remise en question de notre réalité considérée comme acquise. Ainsi, elle permet de voir ce qui est fonctionnel ou pas dans la réalité. Enfin, l'on peut aussi dénier le réel en le considérant comme une fiction, notamment lorsqu'il est devenu insupportable à vivre, ce que la situation sociale et économique du bassin houiller lorrain tend à démontrer en mettant en exergue les réalités humaines ; l’accroissement du seuil de pauvreté des familles ouvrières devient très préoccupant.

N’assiste-t-on pas à un singulier ébranlement de la conscience collective minière qui, depuis la disparition de la mines, est plus que fissurée ? La mémoire collective sur le labeur-solidaire des mineurs, si elle perd ses racines, peut avoir des conséquences fâcheuses sur le devenir socio-économique des générations futures. On ne peut que souscrire à ton commentaire si pertinent : «-L’économie n’a pas décollé en quinze ans, faute d’une radicale remise en question. L’impression que de nombreuses zones industrielles ont été construites sur du sable persiste. Si l’on ne peut pas imputer aux politiques la marche des entreprises, il est cependant permis de penser que la région a manqué d’un VRP capable d’aller démarcher des entrepreneurs-».

Le bassin houiller, s’il veut pouvoir panser ses plaies, ne peut se contenter de poser de simples sparadraps sur des blessures en mal de guérison.

Je partage pleinement tes inquiétudes quant à l’absence de mesures qui répondent aux besoins immédiats et futurs. Imaginer des réformes structurelles à long terme est loin d’être une utopie. Il faut cesser avec cette aberration de «-vouloir tirer la couverture à soi-». Attitude égocentrique de certains responsables d’autant plus néfaste que la «-couverture-» est déjà tellement déchirée qu’elle risque de tomber en lambeaux.


Un regroupement pour la mise en place de moyens efficaces et à la hauteur des exigences vitales d’une région, est la condition sine qua non. Une telle restructuration ne doit pas consister à remettre en cause la vocation identitaire des anciennes agglomérations ; autant dans les domaines linguistiques, culturels, associatifs et de coutumes locales, mais responsabiliser tous les acteurs sociaux-économiques et des pouvoirs publics à dépasser les clivages subalternes, d’unir leurs efforts pour redynamiser «-la solidarité active de la région houillère-», si chère aux mineurs et à la population du pays noir. Ce combat est au prix d’une union sacrée entre tous les acteurs qualifiés pour mener à bien un tel grand projet ». (Robert Mourer)

Reçu le 12 août 2013


 

15 commentaires:

Sylvain Post a dit…

CE BLOG ENREGISTRE SA 54 000e VISITE AU 9 AOUT 2013

Ce blog vient d'enregistrer sa 54 000 e visite au 9 août 2013, totalisant ainsi plus de 35 000 visites de plus que l'an dernier à la même date, soit une progression de 186% .
Merci à toutes et à tous !

S.B. a dit…

Intéressant et clairvoyant...

L.H. a dit…

Naturellement tout l’intérêt de notre région est de s’unir au plus vite, mais pour cela il faut une volonté politique et un peu de jugeote...

Sébastien MELLARD a dit…

Merci pour ce nouvel article très intéressant sur notre cher bassin houiller / pays du Warndt / val de Rosselle, etc. Personnellement je pense que l'appellation qui subsistera sera Moselle-Est, tout simplement, en incluant l'arrondissement de Sarreguemines, et même si la Moselle n'y coule pas.

Mon ancien poste m'a montré que la fiction de démocratie de clocher était bel et bien dépassée. J’ai vu des maires de communes de 50 habitants, avec des moyens financiers et humains en proportion, lutter farouchement contre une fusion avec les voisins. Il faut dire que certains étaient en place depuis les années 1960. La France des 36 000 communes n’a plus lieu d’être.

Sylvain Post a dit…

Merci de ce commentaire, Sébastien !
L'émiettement communal, spécificité française avec 36 783 localités, est pittoresque.Mais ça s'arrête là et je suis d'accord avec vous pour le souligner. Nos voisins, eux, ont tranché. Alors que l'Allemagne en comptait 13 854, elle a diminué le nombre de ses communes de presque deux tiers. Tendance à la diminution également en Espagne, en Italie et au Royaume-Uni.
La montée en puissance de l'intercommunalité a permis à la France de progresser, mais le mouvement n'est pas achevé. Les présidents d'agglomération ne sont toujours pas élus au suffrage universel direct, alors qu'ils gèrent les compétences les plus importantes et lèvent l'impôt. C’est ce que j’entends par « déplacement du centre de gravité du pouvoir local »… La France a développé les intercommunalités et les "pays", sans rien supprimer. L’État, pour sa part, a conservé ses directions locales dans des domaines qu'il a pourtant transférés aux départements (action sociale) ou aux régions (tourisme). Si bien que le nombre de fonctionnaires qu'il emploie est supérieur à ce qu'il était... avant la décentralisation !

Sylvain Post a dit…

Une "lacune" dénoncée par Paul Bladt

Comme le faisait remarquer, il y a quelques années Paul Bladt, dans un écrit évoquant le ralentissement de l’industrialisation entre 1974 et 1984, le repli des Houillères sur le "noyau dur" (sièges d’extraction de Freyming-Merlebach, des secteurs de Forbach et de Creutzwald-La Houve) a joué ultérieurement au détriment du centre du bassin houiller. En effet, écrivait l'ancien député PS de la circonscription de Forbach, ancien maire de Cocheren et ancien secrétaire général des mineurs CFDT, « les implantations nouvelles se sont effectuées en périphérie du bassin et ont laissé, de ce fait, sans action de diversification le grand réservoir de main d'œuvre que constituaient les zones de la vallée de la Rosselle ». Et d’avertir : « C'est une lacune, risquant de pénaliser lourdement le centre du bassin et sa nécessaire force économique ». Celle-ci, déclarait à l'époque l'ancien parlementaire, devrait être à l'image de celle développée à Sarreguemines ou Morhange notamment. «Même la dynamique initiale créée précédemment à La Houve (Creutzwald) a été perdue, ajoutait-t-il, par manque de décision de diversification sur cette partie centrale pourtant fortement peuplée de l'Est mosellan ».

Sylvain Post a dit…

55.000e VISITE

Cinquante-cinq millième visite, ce lundi 19 août 2013, pour le blog POST-SCRIPTUM.

Sylvain Post a dit…

Le président de la CCI : nécessité et urgence, pour la Moselle, d’un sursaut collectif de l’ensemble des acteurs publics

Exprimant son inquiétude sur l’ampleur des difficultés socio-économiques auxquelles la Moselle doit faire face, le président de la chambre de Commerce et d’Industrie insiste, dans le magazine de la CCI de la Moselle, « sur la nécessité et l’urgence d’un sursaut collectif de l’ensemble des acteurs publics».
Les travaux de réflexion de la CCI, qui est auprès des pouvoirs publics le représentant des intérêts généraux des entreprises des secteurs de l’industrie, du commerce et des services, ont pris la forme d’un diagnostic prospectif du territoire assorti de propositions d’actions. A l’initiative de son président, un comité d’experts présidé par Jacques Attali s’est réuni à Metz à la mi-mai afin « d’identifier les grands projets, ceux dont l’effet levier sur le développement du territoire est de nature à permettre à la Moselle de retrouver le chemin de la croissance ».
Quant au Gouvernement, précise le président de la chambre de Commerce et d'Industrie dans le magazine du mois de juin 2013, il a décidé de mettre en œuvre en Lorraine, dans le cadre d’un contrat particulier État-Région Lorraine 2014 / 2016, un pacte de compétitivité régionale « afin de répondre à l’importance de l’enjeu. Celui-ci est en cours d’élaboration – il sera finalisé dans les toutes prochaines semaines – à partir des contributions des différents acteurs publics du territoire, dont celle de notre CCIT, qui a été établie en tenant compte des douze recommandations stratégiques pour la Moselle de Jacques Attali et des experts qu’il a rassemblés autour de lui ». Le président de la CCI a ajouté : « Nous sommes là à une étape cruciale pour la Moselle. Il importe maintenant que notre territoire bénéficie de projets à la hauteur de ses ambitions, en matière d’enseignement supérieur ».
Les principaux domaines d’intervention de la CCI se situent dans l’appui et le conseil aux entreprises, la formation professionnelle et l’enseignement supérieur, la réalisation et la gestion d’équipements publics.

S’agissant de l’intervention de Jacques Attali, voir le lien à la fin de notre article.

Sylvain Post a dit…

Travailleurs frontaliers : 9 % de la population lorraine

On dénombrait plus de 101 000 travailleurs frontaliers lorrains en 2011 soit 9,2% de la population active lorraine. En un an, l’emploi total au Luxembourg a augmenté de 2,2%, le nombre de frontaliers lorrains s’élevant à 76 400. Ils sont 19 300 à travailler en Sarre.

Sylvain Post a dit…

Revenus : disparités mosellanes

Selon les chiffres de la CCI de la Moselle, le revenu fiscal médian, en 2008, des ménages des arrondissements de Thionville est de 22.000 €, le plus élevé du département, du fait du poids des frontaliers. A l’inverse, celui de l’arrondissement de Forbach est de 15.800 € seulement, malgré le poids des frontaliers...

F. Klein a dit…

Étonnant votre exercice autour du code postal ! Si on suivait la logique de regroupement de la Poste pour les communes ayant le 57600,l'agglomération de Forbach se constituerait de : Forbach, Morsbach, Oeting, Folkling et Gaubiving avec 1 conseil municipal au lieu de 5 dans le cas d'une fusion.

Y.B. a dit…

Le chômage est accepté par l'opinion publique de la région. Il faut être conscient de cette résignation. Quant à l'avenir, ce qui frappe c'est cette sorte de mantra qui consiste à faire des incantations et à attendre la croissance !

Sylvain Post a dit…

Dans son baromètre de la situation économique et sociale paru le 9 septembre 2013, le Conseil économique, social et environnemental de Lorraine analyse la situation d’attente qui caractérise la Lorraine. Avec 200 000 inscrits à Pôle Emploi en juin (+67 % en cinq ans), la situation est toujours difficile sur le territoire lorrain. « Les principaux indicateurs de conjoncture économique de la Lorraine ne montrent pour l’instant, contrairement à ce qui semble se dessiner au niveau national, que peu d’indications d’un début de reprise, tant au niveau des exportations, du taux d’utilisation des capacités de production, de la construction, que de l’emploi intérimaire et du nombre d’offres publiées à Pôle emploi. »

Sylvain Post a dit…

Le ministre de l’Intérieur a annoncé le 9 septembre 2013, qu’il va falloir examiner le rôle des sous-préfectures. La Moselle, qui compte sept sous-préfectures, a été désignée parmi les départements devant expérimenter des « fusions » et des redécoupages ».

Certains pensent qu’en Moselle, « outre la suppression du daté arrondissement de Metz-Campagne, il ne devrait pas être trop compliqué de réunifier les invraisemblables arrondissements de Thionville-Est et Thionville-Ouest, qui, depuis 1922, sont placés sous l’autorité d’un seul et unique sous-préfet, tout en gardant leur existence juridique qui date de la création en 1901 par le Reich du Landkreis Diedenhofen-Ost et du Landkreis Diedenhofen-West ».

Il est à peu près certain que sera regardée de près la situation de Boulay, qui est certainement une des sous-préfectures les moins connues de France avec ses 5 050 habitants et qu’on pourrait envisager de rapprocher de Forbach ou Sarreguemines. Celle de Château Salins est également en balance, dans un arrondissement qui comporte certes 128 communes mais moins de 30 000 habitants, dont moins de 2 500 au chef-lieu, et dont le rapprochement avec Sarrebourg, arrondissement de 65 000 habitants pourrait être étudié.

Sylvain Post a dit…

Lors des municipales de 2014, le député - maire UMP de Sarreguemines, Céleste Lett, est venu soutenir son collègue socialiste de Forbach, Laurent Kalinowski, député - maire de Forbach, menacé par le Front national. Lett mettait en avant l'intérêt de protéger l'Eurodistrict transfrontalier SaarMoselle dont Forbach et Sarreguemines sont, avec Sarrebruck,  les pièces maîtresses. 

On peut comprendre que la démarche ait été décriée par les europhobes ayant voté FN. Ce qui est beaucoup moins compréhensible, c'est la réaction d'électeurs de l'UMP et du PS qui se sont indignés : " Mais que vient faire le député de Sarreguemines dans le bassin houiller ? Il n'est pas chez lui ici..."

D'un point de vue purement constitutionnel,  on pourrait leur rétorquer que Lett et Kalinowski sont d'abord "députés de la Moselle" et qu'il est bienvenu qu'ils fassent cause commune sur des intérêts supérieurs de la région. Quand verra - t - on un enthousiasme pour une Moselle-Est unie et prospère ? Dans le cas contraire, l'enlisement gagnera encore du terrain. Ça relève,  pour commencer, d'une prise de conscience.