samedi 28 juillet 2012

MUSÉE WENDEL

Dans la logique des HBL


 Superbe vitrine pour l'après-mine, le site muséographique de Petite-Rosselle bénéficie d'un regain d'activité avec l'ouverture d'une nouvelle tranche. Elle complète la représentation du « fond », à faible profondeur, ouverte aux visiteurs depuis 2006. À présent, le musée devra se montrer capable de création de valeur et de retombées pour l'économie locale.




  
Le carreau Wendel. Au premier plan, la mine-image © CdF
 


Petite-Rosselle, 24 juillet 2012.

Regarde, Nathalie, ils présentent même une Motobécane utilisée par les gardes des HBL, avec l’uniforme, la plaque et l’arme de service. Trop beau !
 
Cool, ce papy ! Le superlatif qu’il vient d’emprunter au langage de sa petite-fille, prononcé d’une voix habituée à dominer le bruit des machines, ricoche dans mon oreille et m’attendrit.
 
Un autre, en t-shirt, bermuda et sandales :
 
Hé ! T’as vu ? Ce sont des photos de la colonie de vacances des Houillères, à Cannes  La Bocca. Dommage qu’ils n’aient choisi que celles-là…
 
Le regret de cet ancien des Houillères qui retrouve soudain son adolescence, rencontre l’acquiescement muet de son épouse. Une visite réjouissante. Le musée veille sur nos émotions. On s’y retrouve pour passer la journée en famille, prendre un bain dans le passé et en rapporter quelques souvenirs personnels.
 
Deux dames sur leur trente-et-un papotent, alternativement en français et en platt, la langue du porion mosellan. Elles entament une rétrospective à la vue d’une machine à coudre mécanique, comme chaque
bonne ménagère en possédait une. Encore un peu, l’odeur moite de la lessiveuse envahirait l’endroit. Rituel du lavage des bleus de travail au fouloir à ressort, dans l'eau bouillante savonneuse.
 
Le mineur était l’ouvrier le plus propre du monde ! Réflexion qui surgit au milieu des bains-douches, détournés en salle de musée, tout comme la “salle des pendus”. Tous à poil. De quoi cimenter chaque jour un peu plus la cohésion des “gueules noires” qui rentraient  au bercail propres comme un sou neuf. D’infimes particules de houille dans la peau, incrustées dans le fragile contour des yeux. Le fameux regard charbon, mesdames !

À l’écart des bains douches, une leçon de géologie. Que faut-il comprendre ? En tout cas, on pourrait s’offusquer du texte consacré à la genèse du charbon. Le mot  “arbre” utilisé pour qualifier des spécimens de la flore du Carbonifère, semble relié à un morceau de tronc de Sigillaire. Or, il s’agit-là du fossile d’un cryptogame  vasculaire arborescent, dont le tronc était constitué de faisceaux de vaisseaux…
 
Les premiers arbres  –  ancêtres des conifères – avaient, quant à eux,  un tissu ligneux et cellulaire qui différait entièrement de celui des plantes cryptogames vasculaires. Celles-ci  prédominaient dans la forêt houillère et c’est essentiellement à partir de la masse de ces cryptogames que les amas de charbon se sont  formés. Plutôt que d’arbres, il serait donc plus heureux de parler de plantes arborescentes (“tree-like” en anglais). Et de mentionner les “fougères à graines” spécifiques au gisement sarro-lorrain. En allant au plus simple, le musée semble compter sur la maturité culturelle qu’il faut espérer du public.
 
Un peu plus loin, une application multimédia aide à comprendre le talent des ingénieurs du Premier Empire lorsqu’ils divisèrent la Sarre en cinquante concessions, présentées feuille à feuille dans l’atlas des réserves charbonnières du département sarrois, à la demande de Napoléon Ier. Promesse d’une industrie florissante sur la rive gauche du Rhin. Promesse d’un prolongement des veines de houille sous le territoire de la Moselle-Est, sous-sol encore terra incognita à cette époque.
 
Le visiteur est en capacité de feuilleter virtuellement cet atlas en effleurant de ses doigts une grande table numérique. Une jeune  lycéenne en vacances, très tôt tombée dans le maniement de l’iPad et des consoles de jeu, s’énerve, fait valser les folios d’avant en arrière et tourne prestement le dos au précieux document :
 
Je n’y comprends rien à c’truc !...
 
Rien n’y fera. C’est pourtant bien expliqué et hautement intéressant pour un public épris de culture minière. Le caractère transfrontalier du gisement sarro-lorrain est en évidence sur les panneaux qu’il faut prendre le temps de lire. C’est bien la compagnie de Schœneck qui fonça le premier puits dans cette localité, malgré l’opposition de la maison De Wendel. Les maîtres de forges de Hayange,  après le naufrage des pionniers du charbon mosellan, reprendront à leur compte les acquis de cette expérience, y mettront beaucoup d’argent pour passer à la vitesse supérieure et donner le coup d’envoi, en 1856, de l’exploitation industrielle du gisement de l’Est lorrain.
 
Un gamin s’amuse à la vue d’un cuffat, ce tonneau métallique qui servait à remonter les déblais et que les mineurs utilisaient également pour leur propre descente et la
remonte.
 
Mais, comment faisaient-ils pour tenir là-dedans à plusieurs ?
 
Remarque pertinente. Car il devait exister des modèles plus grands que celui de la vitrine, comme le cuffat exposé en bordure d’un parking, à Varsberg, qui a servi lors du fonçage du dernier puits d’aérage des HBL, en 1987, sur le ban communal de Bisten-en-Lorraine.
 
S’il faut quitter le domaine de la géologie, de l’exploration et du creusement des puits pour atteindre celui des modèles technologiques, on est surpris par la mise en vedette d’une locomotive souterraine à air comprimé… Présentation qui relève de l’anecdote, car cette machine à faible rendement n’est pas représentative de la tendance lourde qui consistait à rechercher des solutions industrielles pouvant s’appliquer au transport massif du charbon. La “Dujardin” de 1929 ne saurait éclipser la marche des compagnies vers le “tout électrique”, le transport au fond étant l’une des premières activités à avoir bénéficié de l’utilisation de l’électricité.
 
C’est d’ailleurs  en 1934 que la compagnie Sarre-et-Moselle commença l’électrification de La Houve II. Une expérience révolutionnaire qui nécessita la fabrication d’un matériel antidéflagrant jusqu’alors inconnu en France.

Ultérieurement, le “grand roulage de La Houve” fut le plus impressionnant du monde avec 40 kilomètres de voies électrifiées à cinq cents mètres sous terre. Sans oublier les avancées mises à l’actif du moteur diesel. Ce sont des évolutions que le visiteur de Petite-Rosselle ne perçoit  pas au premier coup d’œil.  
 
L’approche du nouveau musée est avant tout émotionnelle et entrepreneuriale c’est-à-dire largement inspirée d’une partition  orchestrée par les HBL elles-mêmes. En quelque sorte, la grande entreprise nationalisée a écrit son futur passé, effectué son propre tri, fait table rase ici et là,  capitalisant sur le carreau Wendel préservé, avant de disparaître.
À Petite-Rosselle, les héritiers de l’âge d’or du charbon marchent dans les pas de la communication des Houillères du Bassin de Lorraine. Cette orientation semble lisible dans un commentaire glané à l’issue de la première journée d’ouverture :
 
J’ai l’impression d’avoir relu « Mineurs de France », [ndla : le magazine des HBL]. Tout ce que j’ai vu me semble familier…
 
Familier et apaisé, le cours d’exploitation minière est  fatalement taiseux sur les flambées sociales, les multiples conflits, les grandes grèves.

Un universitaire viendrait-il  à Petite-Rosselle pour approfondir l’étude des luttes ouvrières, qu’il serait orienté vers le Centre des archives industrielles et techniques de la Moselle, implanté non pas au musée de la mine, mais à Saint-Avold.
 
Et quiconque voudrait se pencher sur l'aménagement du territoire à partir du désenclavement des puits de charbon par la route, le rail et la voie navigable – un maillage qui a relié entre elles les unités de production de charbon et les usines à hautes températures : hauts-fourneaux,  soudières, salines, plateformes chimiques…– aurait sans doute droit à la même recommandation.
 
Est-ce à dire que le musée du charbon lorrain, labellisé “Musée de France”, en soit réduit au rôle de vitrine pour l’après-mine ?
 
Les
fils de mineur ne sauraient critiquer la légitimité du travail mémoriel consacré à l’âpreté et à la portée nationale du travail de leurs pères. On doit au mineur lorrain une indéfectible reconnaissance.  Il n’en demeure pas moins que le nouveau musée est là pour 20, 30, 40 ans… et que sa formule ne pourra pas rester figée. 
 
Se projeter dans l’avenir c’est prendre le chemin de l’évolution, de la diversité des animations, des productions et des échanges sur le thème de la culture minière et de l’énergie. Travailler pour demain c’est  rejoindre l’argument d’une action en réseaux pour renforcer le tourisme industriel et en tirer parti.
 
D’évidence, le site rossellois s’inscrit dans le paysage comme un vecteur de développement local, susceptible de provoquer des effets positifs sur les autres secteurs d’activité et les emplois induits, par l’attraction qu’il suscite.
 
Au-delà du rôle culturel, identitaire et de lien social, le musée du charbon devra se montrer capable de création de valeur. Ce que justifierait l’argent public injecté par millions dans l’image-témoin des houillères disparues.

Avec quelles retombées pour l’après-mine ?



Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur
























LUNDI 17 SEPTEMBRE 2012


Inauguration sans la ministre de tutelle


La veille de l’inauguration du cœur de musée « Les mineurs Wendel », L’Est Républicain, de Nancy, soulignait que la ministre de la Culture ne participerait pas à la coupure du ruban (lire ci-après dans les commentaires). Effectivement, l'élue lorraine Aurélie Filippetti n’est pas venue à Petite-Rosselle le 17 septembre. Les efforts de communication pour expliquer son absence n’ont trompé personne.


  
LUNDI 24 SEPTEMBRE 2012


Dernières nouvelles de demain


Attendez-vous à savoir que le 25 octobre prochain, le Comité français d’histoire industrielle, sociale et culturelle de la mine se réunira au musée de Petite-Rosselle, quelques semaines après l’inauguration du « cœur de musée ».
 
Le musée de Petite-Rosselle intègre ce comité et y sera représenté par la responsable de son pôle culture, archiviste de formation et fonctionnaire territoriale. Cette information a l’avantage de répondre à une interrogation formulée dans notre billet du 11 juin dernier, dans lequel nous constations avec raison que le musée du charbon lorrain était absent de cette instance  lorsqu'elle a été installée, l’an dernier.

Créé en  juin 2011, à l’initiative de l’ANGDM (Agence nationale pour la garantie des droits des mineurs) dans le but de préserver et promouvoir la mémoire industrielle et sociale de la mine en France, le Comité français d’histoire industrielle rassemble les cinq syndicats de mineurs, des représentants des anciennes entreprises minières, du Corps des Mines, de l’Association des communes minières, des archives et des musées, un historien du CNRS et un sociologue.

C’est le Centre historique minier de Lewarde (Nord-Pas-de-Calais)
« qui a été choisi pour les musées de la mine et participera donc aux travaux du comité » peut-on lire dans le numéro de juin-août 2012 du journal d’information du CHM de Lewarde. On appréciera le chemin parcouru entre la nouvelle liste des impétrants et l'affirmation précédente.


Actualisé le 31.10.2012 :

En raison de l'actualité sociale du 25 octobre, journée d'action nationale, la réunion du Comité français d'histoire industrielle prévue à Petite-Rosselle, a été reportée à une date ultérieure.





JEUDI 8 NOVEMBRE 2012


Lewarde : dix-huit spécialistes pour le colloque international “Des machines et des hommes” 


Le Centre Historique Minier du Nord-Pas de Calais à Lewarde consacre sa programmation 2012 au thème de l’évolution des techniques d’exploitation dans les mines de charbon. Il organise, les 19 et 20 novembre, un colloque international dont les objectifs sont de mesurer les rythmes et les formes des innovations.

Les interventions de dix-huit spécialistes français et étrangers permettront de comprendre quelles sont ces innovations, leurs origines, les modalités de leur diffusion et leur mise en œuvre. Ils s’interrogeront également sur la manière dont ces innovations ont été perçues et mises en œuvre par les ouvriers en fonction des contextes économiques, politiques et sociaux. 

Denis Woronoff, professeur d’histoire émérite à l’Université de Paris I - Panthéon – Sorbonne s’est vu confier  l’introduction scientifique.

Communications et débats :

Gérard Dumont, professeur agrégé d’histoire
La fosse Mathilde à Denain, un laboratoire de l’innovation au milieu du XIXe siècle

Pierre-Christian Guiollard, docteur en histoire des sciences et des techniques, chercheur au CRESAT à l’Université de Haute Alsace
1917 et 1945, les deux grandes étapes de la réorganisation et de la rationalisation des infrastructures de production des mines du Nord-Pas-de-Calais

Jean-Philippe Passaqui, agrégé d’histoire, docteur en histoire contemporaine
Les compagnies minières du centre de la France face aux difficultés engendrées par les couches puissantes de houille (1855-1873)

Jean-Louis Escudier, chargé de recherches CNRS
à l’Université de Montpellier I
Le marteau-piqueur : innovation ou régression ?

Yi Xue, directeur adjoint et professeur au département d’histoire minière chinoise, China University of Mining & Technology, Xuzhou, Jiangsu Province, Chine
 
Évolution des techniques dans les mines de charbon en Chine

 Serge Benoît,professeur d’histoire à l’Université d’Evry
L’énergie hydraulique dans les mines

Tomasz Bugaj, ingénieur en industrie, technologie et techniques des XIXe et XXe siècles, Pologne
La galerie Głowna Kluczowa Dziedziczna comme exemple de l’unique projet de génie civil du XIXe siècle

Dr Emdadul Islam, directeur du Birla Industrial & Technological Museum, Bengale Occidental, Inde
Évolution des techniques dans les mines de charbon en Inde

Joël Michel, docteur en histoire contemporaine Mécanisation, qualification et statut social dans les mines de charbon en Europe, 1880-1940

 
 
Ben Curtis, historien, Aberystwyth University, pays de Galles
Accident de travail et technologie d’extraction dans le bassin minier du Sud du pays de Galles, 1880-1947

Alan Murray, Historien et journaliste, Australie
La face cachée du développement économique

Rosemary Preece, conservatrice au National Coal Mining Museum for England, Angleterre
Des mines, des machines et des hommes – la conquête du charbon dans les bassins houillers britanniques

Diana Cooper-Richet, maître de conférences en histoire contemporaine, Université de Versailles-Saint-Quentin en Yvelines
Images de l’innovation technique dans la littérature minière en France, dans la seconde moitié du XIXe siècle : l’horizon des lecteurs

Alain Forti, au Bois du Cazier, Belgique
Strangers in the night, des photographes dans la mine !

Luc Rojas, docteur en histoire, Université Jean Monnet de Saint-Etienne
S’inspirer pour innover ou la pratique du voyage d’étude chez les ingénieurs civils des mines du bassin houiller stéphanois (1854-1945)

Gersende Piernas, Chargée d’études documentaires aux Archives nationales du monde du travail à Roubaix
Le Centre national de perfectionnement des cadres (CNPC) des Charbonnages de France et la mise en place d’une formation professionnelle du mineur (1943-1970)

Conclusions du colloque avec Arnaud Berthoud, professeur de philosophie économique émérite de l’Université de Lille I

 





VENDREDI 21 DÉCEMBRE 2012


Rosselle : 30 000e visiteur de l'année


Le 21 décembre 2012, le musée de Petite-Rosselle a validé le 30 000e billet d’entrée de l’année. Pour l’an prochain, l’objectif est de continuer à faire progresser le nombre de visiteurs en le faisant passer à 50 000, pour viser les 100 000 visiteurs à moyen terme, ont déclaré ses responsables à la presse locale. Ils ont annoncé que le musée est désormais au programme de la nouvelle carte de loisirs Freizeitcard 2013, lancée sur le marché par la centrale touristique de la Sarre. 

Le musée de Petite-Rosselle « fera partie des 230 musées français, allemands et suisses présents dans le Museumspass/Pass musées » rapporte le quotidien régional dans son édition du 22.12.2012. 

En 2012, le musée rossellois ne figure pas sur la carte touristique de la "Grande Région" Sarre-Lorraine-Luxembourg-Wallonie, écrivions-nous avec raison au mois de juin, en observant que «-le bassin houiller lorrain ne fait pas partie du réseau européen des musées du charbon-» qui ont décidé de renforcer leur collaboration autour des échanges dans les domaines des recherches scientifiques, des productions culturelles, des pratiques professionnelles mais aussi du tourisme, du marketing et de la communication.

La Lorraine marque ainsi sa différence avec les six musées qui se sont réunis pour fonder la charte de l'Europe des musées de la mine : le Bois du Cazier (Belgique), le CHM Lewarde (France), le Deustches Bergbau-Museum de Bochum (Allemagne), le National Coal Mining Museum for England, à Wakefield (Angleterre), le Centro Italiano della Cultura dell Carbone en Sardaigne (Italie), le musée de la mine Guido de Zabzre (Pologne).


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Carreau Wendel, à Petite-Rosselle : 
un vaste (et lointain) projet de réhabilitation visant
une valorisation économique est annoncé pour
les "coques"en structures métalliques, béton et briques rouges.
 
  
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"Le jour du mineur", documentaire de Gaël Mocaër en avant-première 







Avec l’Association des communes minières de France, présidée par Jean-Pierre Kucheida, député et maire honoraires de Liévin (Nord-Pas-de-Calais), le film-documentaire « Le Jour du Mineur », réalisé par Gaël Mocaër, sera projeté en avant-première en Lorraine au Carreau Wendel à Petite-Rosselle, le jeudi 19 décembre 2013, à 18h30. La projection sera suivie d’un débat avec le réalisateur.

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13 commentaires:

Sandrine a dit…

Pour être allée visiter le carreau, j'ai retrouvé dans votre article toute cette mémoire qui m'a fait frissonner. Sans doute parce que j'avais moi-même réalisé un travail sur les anciens de Solvay et que j'avais rencontré des gens merveilleux et tellement fiers de "leur" mine... Il est vrai que ce passionnant passé minier mériterait amplement un travail universitaire.

Anonyme a dit…

Souvenir d'une époque où les Houillères étaient mêlées à tout...

Damien a dit…

Je vais me dépêcher de venir voir ça ! Surtout qu'il y a l'air d'avoir beaucoup de matériel ferroviaire à voir :-)

Anonyme a dit…

Article très vivant. J'apprécie particulièrement la question finale.

F. Klein a dit…

En lisant votre blog, je viens de comprendre que le musée de la Mine du bassin houiller lorrain n'est pas un centre historique minier, à la différence de Lewarde, dans le Nord-Pas-de-Calais.
Lewarde dispose de 2,5 kilomètres d'archives des anciennes compagnies minières et des HBNPC, ce qui n'est pas le cas du carreau Wendel pour les Houillères du Bassin de Lorraine.
En Moselle, il faut se rendre à Saint-Avold pour consulter les archives des mines de charbon et non pas à Petite-Rosselle. C'eut été trop beau...

Anonyme a dit…

Il y a de la contradiction dans votre article.

Le Centre des archives industrielles et techniques de la Moselle n'est il pas lui aussi un héritage hautement "HBLisé" ? En effet, une grande partie des archives produites par les HBL a été triée par les HBL elles-mêmes avant leur disparition. On peut déduire de ce fait ce que l'on veut. Il est certain que le musée n'y trouverait pas beaucoup de matière contradictoire pour casser le mythe de la mono-industrie charbonnière paternaliste toute puissante. Grèves et action syndicale y sont peu documentées. Même au travers des archives les plus inédites on a bien du mal à sortir du cliché de la revue Mineurs de France.
Il faut bien admettre que les sources de la "petite histoire houillère" et de ce qui n'a jamais été écrit par les HBL se trouvent encore chez les familles de mineurs elles-mêmes. C'est notamment celles-là qui rentreront très lentement dans le domaine public, que le musée devra faire connaitre au public dans le futur.

De plus, s'il est encore nécessaire d'expliquer pourquoi les 10kml d'archives des HBL ne sont pas gérés par le Musée, c'est tout simplement pour des raisons de partage de compétences et de coût. Les Archives départementales sont une institution reconnue de tous. On ne gère pas 10kml d'archives comme on gère 10 000 objets de musée. Locaux, moyens techniques, méthodes de gestion et d'inventaire, sécurité incendie ... sont bien différenciés. Je vous laisse imaginer le coût de la conservation et de la gestion de cette masse fabuleuse de papier et de documents audiovisuels, encore utiles
aux mineurs (santé, avantages, retraites...).

Enfin, comme dans tous les musées qui ont fréquemment recours aux services d'archives publics (communaux, départementaux....), pour documenter leurs collections et leurs expositions, ne pas conserver d'archives dans un musée ne signifie pas qu'un musée n'y a pas fréquemment recours pour ses recherches historiques et techniques. Les nouveaux moyens technologiques (scanners, site internet, dématérialisation, écran tactile pour présenter au public des documents comme l'atlas de Beaunier et Calmelet...) permettent de collaborer même lorsqu'un patrimoine n'est pas la propriété d'une seule et même structure. Il est moins coûteux de prendre sa voiture plusieurs fois par mois pour aller de Petite-Rosselle à Saint-Avold que de gérer sur le long terme un bâtiment contenant 10kml d'archives et son personnel ....ne pensez-vous pas ?
Et puis, pour un peu casser le mythe nordique, Lewarde est un exemple en contradiction avec la loi sur les archives publiques (cf code du patrimoine, livre sur les archives). C'est un fait connu des professionnels du patrimoine depuis de nombreuses années.

A bon entendeur, Glück auf !
Au plaisir de polémiquer avec vous !

Sylvain Post a dit…

Navré de vous décevoir…

Une attaque personnelle comme entrée en matière est de bonne guerre. Mais dans le cas présent, c’est un coup d’épée dans l’eau. Je ne vois pas, en effet, de contradiction dans ce que j’écris à propos des archives minières. Je ne mets en cause ni les procédures en vigueur au sein des archives publiques, ni le professionnalisme du Centre implanté à Saint-Avold.

La question de la localisation des archives minières est un débat qu’on a le droit d’avoir, même si vos considérations sont à plus d’un titre intéressantes. Elles sont, en tout cas, réalistes et une polémique serait vaine puisque les dés sont jetés. Donc, à quoi bon…

Le Centre des archives industrielles et techniques de la Moselle ne serait-il pas lui aussi un héritage "HBLisé", dites-vous ? Je n’ai pas d’argument à opposer à votre question. Que les HBL aient fait le tri avant de livrer leur fonds n’est pas complètement nouveau.

Je vous laisse la responsabilité des critiques à l’égard de Lewarde. Il arrive que les querelles entre spécialistes n’aient rien à envier au crêpage de chignon entre voisines de palier. Reste que le Centre historique minier du Nord-Pas-de-Calais est le seul musée du charbon à siéger au Comité français d’histoire industrielle et que son dynamisme n’est pas un mythe.

Pour finir, je me réjouis que le Musée Wendel puisse avoir l’idée de câliner les familles de mineurs pour rassembler leurs témoignages comme autant d’éléments d’un puzzle éparpillé. Beaucoup l’ont fait avant lui . Mais il n'y pas lieu d'interrompre la quête. Car il y a urgence. Lorsque les Houillères du Bassin de Lorraine à La Houve, en 2004,ont « tourné la page » (expression consacrée) sous les applaudissements de tous - à l’exception de la CGT - la région est entrée dans le temps de l’effacement. Lui succédera le temps de la perte.

Anonyme a dit…

... Et renseignez-vous mieux sur la composition de ce fameux Comité d'histoire industrielle qui a tant l'air de vous préoccuper ...

Sylvain Post a dit…

C’est quoi, cette boule puante ?

Vous avez donc pris le parti de rester courageusement anonyme… C’est quoi, cette boule puante ? Pourquoi ne pas dire franchement les choses, puisque vous semblez avoir un avis tranché sur le Comité français d’histoire industrielle, sociale et culturelle de la mine ?

Votre position vous incite-t-elle à mépriser “a priori ” l’initiative prise par l’ANGDM (Agence nationale pour la garantie des droits des mineurs), de créer ce comité dans le but de préserver et promouvoir la mémoire industrielle et sociale de la mine en France ?

Je n’ai pas la prétention, ni la disposition d’esprit, de me prononcer en bien ou en mal sur cette création qui remonte à juin 2011. Elle ne me préoccupe pas autant qu’elle semble vous interpeller.

En cohérence avec ma manière de considérer l’information, et de préférer l’information à la rumeur, j’ajoute – pour celles et ceux qui me lisent – que ce comité rassemble : les cinq syndicats de mineurs, des représentants des anciennes entreprises minières, du Corps des Mines, de l’Association des communes minières, des archives et des musées (ne vous en déplaise !), un historien du CNRS et un sociologue. Des gens fréquentables, en somme.

Cela vous gêne-t-il que l’ANGDM et les organisations syndicales représentant les mineurs au sein de son conseil d’administration aient organisé en novembre 2009 – au Centre des congrès du Burghof, à Forbach – deux journées de rencontres et d’échanges sur des thèmes liés à l’histoire humaine et sociale des mineurs de charbon en Lorraine.

De très nombreux acteurs s’étaient mobilisés tout au long de l’année pour préparer les débats et, pour l’occasion, deux films de témoignages (« L’ombre des gueules noires - paroles de femmes », « Dialogues de fond ») avaient été réalisés. Enfin, l’Université Paul Verlaine de Metz avait également été sollicitée pour réaliser une enquête sociologique sur le ressenti actuel des habitants des cités minières face à l’avenir.

Si vous avez un compte à régler, adressez-vous à l’ANGDM qui a une délégation en Lorraine (ses coordonnées sont dans l’annuaire). Et si vous avez un combat à mener, je vous conseille de choisir une autre tribune et de sortir de l’ombre, en substituant le courage à l’acrimonie.

Anonyme a dit…

Pas de boule puante, au contraire, tout mon respect pour le Comité.

Je suis d'accord avec vous, l'anonymat n'est pas une méthode tout à fait respectable.

J'espère que nous serons amenés à nous rencontrer pour poursuivre la discussion, de manière constructive, sur certains thèmes évoqués sur votre blog.

Bien à vous.

Sylvain Post a dit…

La ministre de la Culture n'assistera pas à l'inauguration du musée: « Les mineurs Wendel »

Lu sur le site l’Est-Républicain.fr, le 16 sept. 2012 sous le titre :
Wendel dans la tourmente - Les dessous du duel Filippetti-Wendel.

" La ministre de la Culture n'assistera pas aujourd'hui à l'inauguration du musée: "Les mineurs Wendel" à Petite Rosselle. L'élue lorraine avait prêté une oreille attentive à une cousine du clan du baron Ernest Antoine Seillière, soupçonné par Bercy et la justice d'avoir abusé du fisc.

Depuis quatre ans, Sophie Boegner se bat. Souvent seule, héritière parmi quelques centaines d’autres des Wendel, elle a décidé de s’attaquer à la statue du Commandeur, l’ancien patron des patrons français, Ernest-Antoine Seillière, 75 ans, que ses amitiés politiques auront protégé un temps, avant qu’il ne soit rattrapé par le fisc puis par la justice. Le ministère de l’Economie et des Finances a porté plainte contre lui : il risque, en plus d’une forte amende, jusqu’à 5 ans de prison.

Ainsi va le monde des affaires, où d’audacieux montages financiers permettent à quelques-uns de s’enrichir au-delà du raisonnable. Le baron Seillière, avec l’aide du président du directoire de Wendel, décide d’une opération financière qu’il croit gagnante. Avec 13 autres dirigeants du groupe, il s’attribue des actions de Wendel pour un montant de 324 millions d’euros, en reportant le paiement de l’impôt. Jackpot assuré.

Sauf que la belle mécanique s’enraye. Le montage est dénoncé par une cousine, Sophie Boegner qui dépose plainte pour abus de biens sociaux contre les 14 personnes. La justice classe sans suite.

L’affaire fait suffisamment de bruit pour que l’inventeur du montage financier quitte l’entreprise, qui regroupe les participations de Wendel.

Le vent politique a tourné

Mais cette femme opiniâtre ne renonce pas. Elle remue ciel et terre, trouve souvent porte close, tant le nom de Seillière apparaît inattaquable, jusqu’au jour, il y a deux ans, où elle rencontre Aurélie Filippetti, alors députée de Moselle. Une élection au cours de laquelle elle a battu le propre gendre du baron, Alain Missoffe.

La gauche fait passer le message : pas question d’étouffer l’affaire en plein scandale Bettencourt. Successeur d’Eric Woerth, François Baroin laisse le fisc enquêter, qui décide finalement la veille de Noël 2010 d’un redressement, confirmé en mai dernier.

Outre Sophie Boegner, l’ancien directeur juridique a lui aussi porté plainte pour abus de biens sociaux, délit d’initié et manipulation de cours. Il accuse l’ancien directeur d’avoir vendu 40 millions d’actions Wendel en 2007. Le fisc aussi poursuit les 14 bénéficiaires pour fraude fiscale. La justice est saisie.

Tout cela commence à faire tache. Les héritiers Wendel n’aiment guère la publicité et certains, s’ils ne rallient pas encore leur cousine, commencent à lâcher le n° 1 du groupe, réélu à la tête du conseil de surveillance avec beaucoup moins de voix lors de la dernière assemblée générale des actionnaires. Son mandat s’achève l’an prochain et déjà un nom circule pour lui succéder.

D’autant que le vent politique a tourné. Devenue ministre, Aurélie Filippetti, la Lorraine, s’en est prise à Ernest-Antoine Seillière, proche de Nicolas Sarkozy, membre du premier cercle, les principaux donateurs de l’UMP. La responsable gouvernementale ne viendra pas inaugurer le musée de Petite-Rosselle, consacré à l’histoire des mineurs. Le baron appréciera. Sic transit…
P.P "

Anonyme a dit…

"Sic transit gloria mundi"... Ainsi passe la gloire du monde !

Sylvain Post a dit…

Perquisitions chez Wendel et Seillière dans une enquête pour fraude fiscale

Le siège du groupe Wendel et le domicile du président du conseil de surveillance Ernest-Antoine Seillière ont été perquisitionnés le 25 septembre 2012, dans le cadre d'une enquête pour fraude fiscale visant l'ex-patron du Medef et des responsables ou anciens cadres du groupe, indique une dépêche de l'AFP.

Wendel et le domicile de 13 responsables ou anciens cadres du groupe, dont M. Seillière, ont été perquisitionnés dans la matinée, a-t-on indiqué de source judiciaire.

"Ils ont précisé vouloir perquisitionner certains bureaux de personnes privées", a confirmé de son côté une porte-parole de Wendel.

"A ce jour, Wendel n'est pas concerné par cette procédure pénale et n'a rien à cacher à la justice", a-t-elle ajouté.

Le parquet de Paris avait ouvert fin juin une information judiciaire à la suite d'une série de plaintes de l'administration fiscale, contre 14 cadres et anciens cadres de la société d'investissement Wendel.