WADGASSEN (SARRE)
Voyage autour de la Une
Le musée de la presse écrite de Wadgassen feuillette le passé des journaux et met en perspective les plus récentes mutations des médias. Il est revenu, en 2013, sur l’assassinat de Kennedy, cinquante ans après l’attentat de Dallas.
Les médias sont largement revenus, en 2013, sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, trente-cinquième président des États-Unis. Les journaux avaient battu des records de tirage au lendemain de l'attentat du 22 novembre 1963, qui avait eu un impact non seulement sur tous les Américains, mais aussi potentiellement sur la population du monde entier. La plupart des gens en âge de s'en souvenir peuvent se rappeler les circonstances exactes du moment où ils apprirent la terrible nouvelle. C'est sous cet angle que le Musée de la presse écrite de Wadgassen (Sarre), situé dans le périmètre de l'ancienne abbaye des Prémontrés, est revenu sur l'événement et en a fait un temps fort de son activité à l'automne, cinquante ans après.
« Ich bin ein Berliner » (« Je suis un Berlinois »). Cette phrase que l’Histoire a retenue, Kennedy l’avait prononcée quelques mois avant le drame, lors de sa visite à Berlin-Ouest le 26 juin 1963. Sa cote de popularité était au plus haut en Allemagne, car ce discours, un des meilleurs de JFK, avait pour but de montrer le soutien des États-Unis aux habitants de l'Allemagne de l'Ouest, et notamment aux Berlinois enclavés dans les territoires communistes de la RDA. « Berlins bester Freund ist tod » titrèrent les quotidiens.
L’Amérique fera encore les gros titres trente-sept ans après l’assassinat de Kennedy, lors des attaques du 11 septembre 2001. La prééminence du direct s’imposera face au décalage de l’image sur papier journal qui n’arrivera au kiosque que le lendemain. Mais avec tous les avantages de l’écrit.
Les « Unes » des journaux imprimés équivalent à une promesse de contenu et reflètent une ligne éditoriale. Certaines sont restées célèbres, comme celle du quotidien Bild, lorsque le cardinal Ratzinger, né en Bavière, devint pape sous le nom de Benoît XVI en avril 2005. Le titre fut décidé en deux coups de goupillon : « Wir sind Papst ! ». Trois mots choisis par le journal le plus diffusé d’Europe occidentale, pour proclamer l’avènement du premier pape allemand depuis près d'un millénaire.
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D’autres « Unes » sont le reflet de l’âme de toute une région ou d’un pays, à
l’exemple de la première page de la Saarbrücker Zeitung, lorsque la Sarre
perdit 299 des siens dans la catastrophe minière de Luisenthal, en février 1962.
Figure importante de la littérature et du cinéma américain, Arthur Miller
estimait qu’«un bon journal est le monologue de tout en peuple» («Eine gute
Zeitung ist das Selbstgespräch eines ganzen Volkes». Et Goethe interrogeant un
ami, disait : «Sag mir warum dich keine Zeitung freut ? Ich liebe sie nicht,
sie dient der Zeit ?» («Dis-moi pourquoi aucun journal ne te réjouit ? Je ne
l’aime pas, mais il sert son époque»)…
Ces citations, le visiteur peut les lire
à même le sol, à Wadgassen, sérigraphiées au verso d’une dalle de verre
lumineuse faisant office de plancher entre deux salles de l’exposition
permanente du musée.
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A gauche : une petite presse à platine actionnée par un levier.
Elle servait essentiellement aux travaux de ville de petit format :
cartes de visite, invitations, faire-part, prospectus.
Au centre : un meuble de typographe à 32 tiroirs.
La typographie traditionnelle consistait à insérer un à un des caractères mobiles.
La "casse" est un casier où l'on range les caractères en plomb :
les lettres capitales dans la partie haute et les minuscules dans le bas (bas de casse).
A droite : la table de montage.
La linotype : une combinaison de machine à écrire et de micro-fonderie,
inventée aux États-Unis, qui permettait une composition accélérée et
plus régulière des blocs d’imprimerie qu’avec la typographie traditionnelle,
où le typographe insérait un à un des caractères mobiles.
inventée aux États-Unis, qui permettait une composition accélérée et
plus régulière des blocs d’imprimerie qu’avec la typographie traditionnelle,
où le typographe insérait un à un des caractères mobiles.
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Au détour d’un couloir, une odeur d’encre guide le visiteur vers le "marbre" :
l’atelier de montage où les typographes, les linotypistes et les metteurs en
page étaient confrontés à l’heure du bouclage. Toutes choses qui apparaissent
familières aux journalistes de la génération Remington.
Dans une "salle de rédaction" que des scolaires avides de connaître les
métiers de la presse, transforment certains jours en ruche, des machines à
écrire anciennes jouxtent les ordinateurs et les logiciels de PAO. Du pica au
pixel, de la "brève" au reportage, la médiatrice culturelle doit se montrer
pédagogue.
Ici, l’on fabrique du papier soi-même dans un baquet. Là, on ne
quitte pas du regard la démonstration de lithographie, technique d’impression à
plat qui permet la création et la reproduction à de multiples exemplaires d’un
tracé exécuté à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire. Cette technique a
été inventée en 1796 en Allemagne, par le dramaturge Aloys Senefelder qui, ne
trouvant pas d'éditeur pour ses pièces, décida de les graver lui-même. Le cuivre
étant trop cher, il utilisa une pierre de Bavière, tendre et lisse.
Mais, au fil de la visite, il est essentiel que l’accent soit mis sur les caractères métalliques
mobiles, invention déterminante dans la diffusion des textes et du savoir, que
l’on doit à Gutenberg, né vers 1400 à Mayence et mort le 3 février 1468 dans sa
ville natale. Des machines en état de marche rappellent que la presse
typographique a constitué la base de l'imprimerie pendant plusieurs siècles,
jusqu'à ce qu'elle soit supplantée par la presse offset. Wadgassen possède une
presse à levier et, parmi d’autres, une presse Heidelberg, fabriquée de 1926 à
1985.
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Presse typographique Heidelberg
fabriquée de 1926 à 1985,
utilisée pour des petits tirages et travaux de ville
...
Après cette plongée dans le passé, par un fulgurant raccourci, le visiteur
revient dans la modernité pour découvrir la maquette d’une rotative
contemporaine, à charge pour lui d’imaginer la vitesse d’impression du
monstre.
Au gré du parcours, des archives sonores sont consultables. Résonne encore le cri de victoire du commentateur sportif au bord de l’hystérie, lorsque la Mannschaft allemande devient, en 1954, championne du monde de football face à la Hongrie, largement favorite. La rencontre fut retransmise par la seule radio. Incroyable pour les enfants gâtés de la télé d’aujourd’hui !
Au gré du parcours, des archives sonores sont consultables. Résonne encore le cri de victoire du commentateur sportif au bord de l’hystérie, lorsque la Mannschaft allemande devient, en 1954, championne du monde de football face à la Hongrie, largement favorite. La rencontre fut retransmise par la seule radio. Incroyable pour les enfants gâtés de la télé d’aujourd’hui !
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La guerre du Vietnam caméra au poing
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D’un magazine ouvert jaillissent des images de l’enfer du Vietnam. Elles rappellent que ce conflit, de 1961 à 1973 fut la première guerre filmée par la télévision.
La retransmission en direct du premier pas de l’homme sur la Lune donnera son empreinte à l’année 1969. La décennie soixante-dix sera celle du terrorisme dans une Allemagne sous le choc. Cette revue de presse ne saurait oublier la chute du Mur de Berlin, en 1989.
En 2004, la diffusion de l’information franchit un nouveau cap, lorsque le Tsunami donne lieu, sans aucun filtre professionnel, à des vidéos, des témoignages sonores et des commentaires spontanés, « postés » sur le Net en continu par des témoins oculaires. Aux sociologues et aux psychologues de dire ce qu’ils pensent de cette vague d’émotion et de compassion véhiculée sur la Toile. Une catharsis planétaire ignorant les distances et les fuseaux horaires.
En quittant l’expo sur l’histoire de la presse et de la communication, les yeux pétillent et quelque chose vous pousse à retourner au kiosque dès le lendemain, pour tendre la main vers un journal-papier… Ce sera pour apprendre que les rotatives de Newsweek se sont tues le 31 décembre 2012, après quatre-vingts ans d'existence en version imprimée, au profit d’une version intégralement digitale, une édition unique au niveau mondial. Un basculement de plus vers le tout-numérique. Celui du magazine d’Outre-Atlantique, parmi les plus puissants, nous renvoie à une réalité incontournable : désormais, deux Américains sur cinq (39 % selon l’étude sur laquelle s’appuie Newsweek ) préfèrent lire leur journal sur l’écran de l’ordinateur ou sur une tablette. Le numérique c’est l’Amérique ! Et nous dans la foulée.
Le musée de Wadgassen ne pouvait pas passer à côté de ces bouleversements. Mais avant de les évoquer, il remonte le temps jusqu’aux signaux de fumée des Indiens d’Amérique, au tam-tam du Ghana, aux trompettes tibétaines… avant d’aborder l’avènement des tout premiers journaux, l’époque de la malle-poste et du messager. Le public est même invité à se saisir de «bottes de sept lieues» utilisées jadis par les postillons. Puis la scénographie fait la part belle à l’évolution de la communication et des technologies sous-jacentes : du télégraphe (le premier câble sous-marin a été posé en 1850 entre Calais et Douvres) au téléphone, aux télescripteurs, télex, transmetteurs électroniques de fac-similés à lecture optique, réseau pneumatique, mails, SMS …
Plus que les métiers de la presse, c’est tout un mode de vie qui a basculé. Si les téléphones portables et les Smartphones avaient existé en 1963, quel séisme aurait secoué les réseaux sociaux après l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy ? En nous laissant « overnewed and underinformed » c’est-à-dire à la fois submergés de nouvelles et sous-informés.
Sylvain Post journaliste honoraire & auteur
Publié le 15 janvier 2013 - mis à jour le 24 mai 2013
Deutsches Zeitungsmuseum
Stiftung Saarländischer Kulturbesitz
Am Abteihof 1 , 66787 WADGASSEN
Jours et heures d’ouverture :
Deutsches Zeitungsmuseum
Stiftung Saarländischer Kulturbesitz
Am Abteihof 1 , 66787 WADGASSEN
Jours et heures d’ouverture :
Du mardi au dimanche - 10
à 16 heures
Séminaires
Le Deutsches Zeitungsmuseum est un lieu de formation extra-scolaire
qui entend faire vivre de manière intéressante l’impact dont jouissent
les journaux et autres supports d’édition dans le monde de la communication.
Des animations pédagogiques sur des thèmes divers tels que le livre, le papier,
l’impression ou le journal, sont particulièrement ciblées sur les petites écoles,
collèges, lycées et autres groupes.
Le musée de la presse écrite de Wadgassen (Sarre)
© Lokilech via Wikimedia Commons
Heures d'ouverture : du mardi au dimanche 10 à 19 h, mercredi 10 à 20 h
Tarifs: Plein tarif: 5 €, tarif réduit: 3 €, enfant/adolescent jusqu’à 18 ans: entrée libre
Mardi après-midi à partir de 15 h et jusqu'à la fermeture: entrée libre
Deutsches Zeitungsmuseum
Am Abteihof 1, 66787 Wadgassen
Tel: +49 (0)6834.9423-0
info@deutsches-zeitungsmuseum.de
L’ÈRE NUMÉRIQUE
Le vieux rêve d'une technologie
au service de la pensée
Dans la presse d'information professionnelle, la numérisation ne sert pas à automatiser les fonctions mais à créer une nouvelle conjonction des métiers. Pratiquée en profondeur la maîtrise de la technologie renforce la rigueur et la cohérence. Et améliore les performances de l’entreprise.
Article publié en avril 2001, sur l'Intranet de Havas Business Information,
à la suite d’une intervention à l’UNESCO.
Carte-mère d'un serveur
Onze ans d'expérience d' “écriture électronique” permettent-ils de conclure que l'ère digitale a modifié l'expression journalistique ? Écrirait-on comme on parle, davantage aujourd’hui qu’hier ? Prenons l'interview classique. Elle est, depuis toujours, typique d'une communication orale écrite, qu'elle soit médiatisée par l'ordinateur ou par la plume. La réponse est donc ailleurs.
La technologie au service de la pensée. L’ordinateur et l'intelligence artificielle ont simplement fait monter d’un cran la créativité et la liberté de choix. C'est le rêve de beaucoup d'intellectuels, et celui de Ted Nelson en particulier, le père de l’-“hypertexte”, l'homme à l'origine du concept d'organisation de l'information le plus révolutionnaire du siècle. Une organisation “par associations” sur le modèle du cerveau. L'hypertexte prend toute sa mesure avec la création du World Wide Web, à Genève, en 1989.
Si, depuis 1990 La France Agricole voit l’avenir à travers les réseaux et les bases de données, “Archimed” - une nouvelle version de l’intranet de la rédaction - sera le troisième acte de naissance de ce mode de fonctionnement. Construire un monde d’idées au cœur de la rédaction. Une plate-forme de libre-échange fédérant les gisements de références certifiées qui transforment l’entreprise de presse en entreprise d’informations certaines. Ainsi pourrait se définir l’enjeu. Au brouhaha qu’entraînent les développements en avalanche de la communication sous toutes ses formes, doit faire écho la sérénité d’une réponse qualifiée. Surtout si l’enjeu est professionnel.
La doctrine est simple : l’Internet souvent présenté comme un nouveau mass media est plus exactement un personal media, un média de contact vis-à-vis d’un “individualisme de masse” où chacun recherche ce qu’il veut. La profusion et la confusion vont souvent de pair, dans cet univers où le professionnalisme des hommes de l’art a de beaux jours devant lui : journalistes experts, “hypertext weavers”, “web doc-trotters”...
La démarche implique une maîtrise de l'information comme levier de développement, une attitude d’ “intelligence économique”. Croire à la supériorité que donne une vision large dans un domaine décisif.
D’où quelques idées simples : l'objectif particulier est souvent l'excuse du non-partage général, l'ignorance du travail du voisin entraîne une déperdition. Parvenir au changement, c’est : ne cacher aucun savoir, partager l'information par l'ubiquité des ressources existantes, mettre les compétences en réseau, participer à une œuvre collective tout en restant libre et indépendant, éviter de submerger l'individualité, réussir une alliance entre individualités complémentaires, garantir la protection des contributions individuelles mises à la disposition de tous, éviter d'augmenter la charge de travail de chacun, en masse et en retraitements, créer un système permettant la protection des droits d’auteur et leur rémunération.
Un vent nouveau souffle sur les salles de rédaction. C'est un modèle qui s'en va : celui d'une organisation où chaque journaliste cultive une relation quasi-exclusive entre ce qu'il écrit et ce qu'il publie, entre sa création et son journal, un isolement identitaire justifié par le cadrage serré sur les attentes de l'abonné. Ce ciblage permet souvent de conquérir les tout premiers rôles. Le cloisonnement rédactionnel n'est donc pas un si mauvais critère. Reste qu'il faut savoir considérer ses inconvénients et apprendre à écouter le marché de l'information où se livre une guerre des contenus, pacifique mais sans merci.
Dans le modèle qui s'annonce, le réseau constitue la nouvelle morphologie sociale. Cette évolution rapide nous invite à profiter de la révolution numérique et du bouleversement qu'elle entraîne sur les modes de diffusion, les formes de consommation ou la nature des services et des contenus nouveaux. La liberté d'accès au savoir et à la formation des idées, la certification de l'information et la célérité de sa transmission.
Devant ce défi, une meilleure transversalité permet de se montrer plus efficace. Pionnier dans ce domaine, avec un réseau électronique de communication proposant la consultation de toutes les ressources journalistiques à tous, dans le respect de la contribution de chacun, La France Agricole récidive.
“ Archimed ”, avec sa Banque de l’information partagée (BIP), est un nouveau développement de cette politique industrielle de numérisation. Il cherche à favoriser le “knowledge management”, la gestion des connaissances, l'effervescence créative, le multi-formatage de l'information, le travail de groupe, la valeur ajoutée croissante. Par l'enrichissement permanent des contenus ainsi révélés sans barrières, ni œillères. Un progrès technique, une avancée cognitive.
L’entreprise de presse devient entreprise d’information - tous types d’informations, pas seulement factuelles – dans un univers interactif où ses clients eux-mêmes revoient leurs stratégies en fonction des champs ouverts par la numérisation. Par exemple, la publicité de l’ère Gutenberg se mue en référencement actif : scénarios de publicité de “contact certain”, dite contextualisée.
L’entreprise de presse s’érige et s’imposera en source d’énergie de relation. Les investissements d’aujourd’hui sont les métiers de demain. Métiers de services (stratégies de positionnement et de commercialisation, hot liners, back offices et call centers), et métiers technologiques (webmastery, datamastery) se forgent avec un réalisme retrouvé. Prudemment, en se gardant de croire aux fortunes bâties sans construire.
Ce déplacement des compétences illustre à quel point la numérisation ne sert pas à automatiser les fonctions mais à créer une conjonction de métiers, les uns par rapport aux autres. Sur un socle où la maîtrise de la technologie, pratiquée en profondeur, évite des pertes d’informations et renforce les boucles de management au sein des entreprises en mutation.
S.P.
Publié le 15 janvier 2013
© Lokilech via Wikimedia Commons
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Expo Daumier jusqu'au 23 juin 2013
Du 27 avril au 23 juin 2013, le Deutsches Zeitungsmuseum consacre une exposition
au peintre, sculpteur et caricaturiste Honoré Daumier (1808-1879). Elle regroupe
150 ithographies qui relatent la vie dans la métropole parisienne, en plein
essor au XIXe siècle. Comment les habitants régissaient-ils leur quotidien
oppressant et trépidant, les transformations urbanistiques de Paris, les débuts
de la photographie ? Quels ont été les effets de la révolution technique ?
Autant de questions auxquelles les dessins de Daumier apportent une réponse
originale. Cette exposition est le fruit d’une collaboration avec le Museum für
Kunst und Technik des 19. Jahrhunderts de Baden-Baden et la Honoré
Daumier-Gesellschaft.
Heures d'ouverture : du mardi au dimanche 10 à 19 h, mercredi 10 à 20 h
Tarifs: Plein tarif: 5 €, tarif réduit: 3 €, enfant/adolescent jusqu’à 18 ans: entrée libre
Mardi après-midi à partir de 15 h et jusqu'à la fermeture: entrée libre
Deutsches Zeitungsmuseum
Am Abteihof 1, 66787 Wadgassen
Tel: +49 (0)6834.9423-0
info@deutsches-zeitungsmuseum.de
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Une expo du photographe islandais Ragnar Axelsson jusqu’au 13 octobre 2013
Un très grand photographe islandais fait actuellement la “Une“ du musée de la presse écrite de Wadgassen (Sarre). Né en 1958 près de Reykjavik, Rax, de son nom Ragnar Axelsson, maintes fois primé à travers le monde, est surtout connu pour ses photos consacrées aux conditions de vie extrêmes des peuples de l’Arctique et aux changements climatiques en cours. Il s’est rendu célèbre pour d’autres reportages, en particulier au Mozambique et en Afrique du Sud. En 2010, il s’est rendu dans l’Antarctique.
Une expo du photographe islandais Ragnar Axelsson jusqu’au 13 octobre 2013
© Ragnar Axelsson
Un très grand photographe islandais fait actuellement la “Une“ du musée de la presse écrite de Wadgassen (Sarre). Né en 1958 près de Reykjavik, Rax, de son nom Ragnar Axelsson, maintes fois primé à travers le monde, est surtout connu pour ses photos consacrées aux conditions de vie extrêmes des peuples de l’Arctique et aux changements climatiques en cours. Il s’est rendu célèbre pour d’autres reportages, en particulier au Mozambique et en Afrique du Sud. En 2010, il s’est rendu dans l’Antarctique.
L’exposition présentée à Wadgassen jusqu’au
13 octobre, se focalise sur les visages de l’Arctique : grands formats
noir-et-blanc parus, pour la plupart, dans le National Geographic, le New York Times, Le Figaro, Newsweek, Time magazine.
Pilote, Rax a pris les commandes de son propre appareil pour survoler
la banquise, sillonner le Groenland, les îles Féroé et le grand Nord
canadien. Une quête d‘images sur une période de trente ans. L’expo est
intitulée "Faces of the North".
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L’ÈRE NUMÉRIQUE
Le vieux rêve d'une technologie
au service de la pensée
Dans la presse d'information professionnelle, la numérisation ne sert pas à automatiser les fonctions mais à créer une nouvelle conjonction des métiers. Pratiquée en profondeur la maîtrise de la technologie renforce la rigueur et la cohérence. Et améliore les performances de l’entreprise.
Article publié en avril 2001, sur l'Intranet de Havas Business Information,
à la suite d’une intervention à l’UNESCO.
Tous les sujets du verbe écrire vous le diront : l'ordinateur a changé leur
manière de parler à la page blanche. On n'écrit plus tout à fait pareil et
c'était prévisible : “Toute forme linguistique est modelée par ses conditions
de production et de réception” rappelait récemment Jacques Anis, linguiste,
professeur à Nanterre, spécialiste de l'écrit dans toutes ses spécificités à qui
l'on demandait s'il existe aujourd'hui de nouvelles formes de langage spécifique
à l'usage du support informatique.
Le 23 mai 1990, le premier article électronique, rédigé à distance sur un portable, est arrivé sur le réseau électronique de La France Agricole, à Paris. Transmis à 1200 bps depuis Montélimar par le correspondant de la Drôme, le message avait un accent de victoire : “Finis les brouillons, finis les retards de courrier, désormais le réseau des correspondants régionaux de La France Agricole travaille en temps réel. Plus loin, plus vite. Pour mieux servir les lecteurs”.
Quelque 60 journalistes entraient de plain-pied dans l’ère digitale, connectés à ce réseau : un maillage dépourvu de centre dans lequel chaque nœud était relié à plusieurs autres. L'interconnexion de ces nœuds, points d'intersection de la trame avec elle-même, formait une structure technologique capable de délivrer de l'information directement utilisable ou de la traiter à une vitesse encore inégalée. Économiquement favorable, professionnellement efficace : le nombre de manipulations sur un texte - entre sa rédaction et l’envoi à l’imprimeur - tomba ipso facto de 12 à 3. Cette architecture couvrit tous les champs utiles à la réalisation des 6.000 pages annuelles des magazines : le texte et, quelques années plus tard, l'infographie et la photo numérisée.
Au-delà du protocole utilisé pour acheminer l'article par le réseau téléphonique public, la première copie électronique mettait en œuvre dès 1990 les fonctionnalités de la messagerie qui supportent aujourd’hui les “mails” d'Internet : une étiquette-adresse avec accusé de réception, une fenêtre d'écriture pour rédiger le texte entre balises selon, dit-on aujourd'hui, une DTD (document type definition) simple mais suffisante pour le journaliste. Cette DTD indépendante des moteurs de composition utilisés en aval avait été créée dans l'esprit d'un langage à vocation universelle. Les textes électroniques ainsi structurés étaient potentiellement orientés vers n’importe quel support desservi par le réseau France Agricole, y compris l'édition online, qu’on pratique aujourd’hui.
La démarche conduit droit au langage XML (extensible markup language) format de prédilection des échanges de données sur le Web, pour lequel nombre de spécifications sont encore en développement à l'heure actuelle.
Le 23 mai 1990, le premier article électronique, rédigé à distance sur un portable, est arrivé sur le réseau électronique de La France Agricole, à Paris. Transmis à 1200 bps depuis Montélimar par le correspondant de la Drôme, le message avait un accent de victoire : “Finis les brouillons, finis les retards de courrier, désormais le réseau des correspondants régionaux de La France Agricole travaille en temps réel. Plus loin, plus vite. Pour mieux servir les lecteurs”.
Quelque 60 journalistes entraient de plain-pied dans l’ère digitale, connectés à ce réseau : un maillage dépourvu de centre dans lequel chaque nœud était relié à plusieurs autres. L'interconnexion de ces nœuds, points d'intersection de la trame avec elle-même, formait une structure technologique capable de délivrer de l'information directement utilisable ou de la traiter à une vitesse encore inégalée. Économiquement favorable, professionnellement efficace : le nombre de manipulations sur un texte - entre sa rédaction et l’envoi à l’imprimeur - tomba ipso facto de 12 à 3. Cette architecture couvrit tous les champs utiles à la réalisation des 6.000 pages annuelles des magazines : le texte et, quelques années plus tard, l'infographie et la photo numérisée.
Au-delà du protocole utilisé pour acheminer l'article par le réseau téléphonique public, la première copie électronique mettait en œuvre dès 1990 les fonctionnalités de la messagerie qui supportent aujourd’hui les “mails” d'Internet : une étiquette-adresse avec accusé de réception, une fenêtre d'écriture pour rédiger le texte entre balises selon, dit-on aujourd'hui, une DTD (document type definition) simple mais suffisante pour le journaliste. Cette DTD indépendante des moteurs de composition utilisés en aval avait été créée dans l'esprit d'un langage à vocation universelle. Les textes électroniques ainsi structurés étaient potentiellement orientés vers n’importe quel support desservi par le réseau France Agricole, y compris l'édition online, qu’on pratique aujourd’hui.
La démarche conduit droit au langage XML (extensible markup language) format de prédilection des échanges de données sur le Web, pour lequel nombre de spécifications sont encore en développement à l'heure actuelle.
Onze ans d'expérience d' “écriture électronique” permettent-ils de conclure que l'ère digitale a modifié l'expression journalistique ? Écrirait-on comme on parle, davantage aujourd’hui qu’hier ? Prenons l'interview classique. Elle est, depuis toujours, typique d'une communication orale écrite, qu'elle soit médiatisée par l'ordinateur ou par la plume. La réponse est donc ailleurs.
Tout à sa hantise de ne pas être à l'heure et d'écrire trop
long, le journaliste fait de la numérisation une alliée. Elle se prête
facilement aux variations, aux transformations. Repentirs et ratures sont jetés
dans le vide, l’ordre des paragraphes modifié si les circonstances l'imposent.
Boulimique au départ, concis à l'arrivée, l'article prend sa forme finale au
signe près... Certains aiguisent leur style, taquinent l'attention du lecteur
par un écrit à effet d'oral. Émotions brutes. Recherche d'une nouvelle relation
sensorielle par une écriture quasi automatique, en apnée, comme si la souplesse
du clavier emballait l'inspiration. Sujets sans verbe où la pauvreté de la forme
textuelle devient richesse expressive.
Pour autant, il n'existe vraisemblablement pas un nouveau langage de presse spécifique aux salles de rédaction peuplées d'écrans et de souris. La numérisation n'a pas fait perdre la capacité de lire et d'écrire normalement.
Pour autant, il n'existe vraisemblablement pas un nouveau langage de presse spécifique aux salles de rédaction peuplées d'écrans et de souris. La numérisation n'a pas fait perdre la capacité de lire et d'écrire normalement.
La technologie au service de la pensée. L’ordinateur et l'intelligence artificielle ont simplement fait monter d’un cran la créativité et la liberté de choix. C'est le rêve de beaucoup d'intellectuels, et celui de Ted Nelson en particulier, le père de l’-“hypertexte”, l'homme à l'origine du concept d'organisation de l'information le plus révolutionnaire du siècle. Une organisation “par associations” sur le modèle du cerveau. L'hypertexte prend toute sa mesure avec la création du World Wide Web, à Genève, en 1989.
Si, depuis 1990 La France Agricole voit l’avenir à travers les réseaux et les bases de données, “Archimed” - une nouvelle version de l’intranet de la rédaction - sera le troisième acte de naissance de ce mode de fonctionnement. Construire un monde d’idées au cœur de la rédaction. Une plate-forme de libre-échange fédérant les gisements de références certifiées qui transforment l’entreprise de presse en entreprise d’informations certaines. Ainsi pourrait se définir l’enjeu. Au brouhaha qu’entraînent les développements en avalanche de la communication sous toutes ses formes, doit faire écho la sérénité d’une réponse qualifiée. Surtout si l’enjeu est professionnel.
La doctrine est simple : l’Internet souvent présenté comme un nouveau mass media est plus exactement un personal media, un média de contact vis-à-vis d’un “individualisme de masse” où chacun recherche ce qu’il veut. La profusion et la confusion vont souvent de pair, dans cet univers où le professionnalisme des hommes de l’art a de beaux jours devant lui : journalistes experts, “hypertext weavers”, “web doc-trotters”...
La démarche implique une maîtrise de l'information comme levier de développement, une attitude d’ “intelligence économique”. Croire à la supériorité que donne une vision large dans un domaine décisif.
D’où quelques idées simples : l'objectif particulier est souvent l'excuse du non-partage général, l'ignorance du travail du voisin entraîne une déperdition. Parvenir au changement, c’est : ne cacher aucun savoir, partager l'information par l'ubiquité des ressources existantes, mettre les compétences en réseau, participer à une œuvre collective tout en restant libre et indépendant, éviter de submerger l'individualité, réussir une alliance entre individualités complémentaires, garantir la protection des contributions individuelles mises à la disposition de tous, éviter d'augmenter la charge de travail de chacun, en masse et en retraitements, créer un système permettant la protection des droits d’auteur et leur rémunération.
Un vent nouveau souffle sur les salles de rédaction. C'est un modèle qui s'en va : celui d'une organisation où chaque journaliste cultive une relation quasi-exclusive entre ce qu'il écrit et ce qu'il publie, entre sa création et son journal, un isolement identitaire justifié par le cadrage serré sur les attentes de l'abonné. Ce ciblage permet souvent de conquérir les tout premiers rôles. Le cloisonnement rédactionnel n'est donc pas un si mauvais critère. Reste qu'il faut savoir considérer ses inconvénients et apprendre à écouter le marché de l'information où se livre une guerre des contenus, pacifique mais sans merci.
Dans le modèle qui s'annonce, le réseau constitue la nouvelle morphologie sociale. Cette évolution rapide nous invite à profiter de la révolution numérique et du bouleversement qu'elle entraîne sur les modes de diffusion, les formes de consommation ou la nature des services et des contenus nouveaux. La liberté d'accès au savoir et à la formation des idées, la certification de l'information et la célérité de sa transmission.
Devant ce défi, une meilleure transversalité permet de se montrer plus efficace. Pionnier dans ce domaine, avec un réseau électronique de communication proposant la consultation de toutes les ressources journalistiques à tous, dans le respect de la contribution de chacun, La France Agricole récidive.
“ Archimed ”, avec sa Banque de l’information partagée (BIP), est un nouveau développement de cette politique industrielle de numérisation. Il cherche à favoriser le “knowledge management”, la gestion des connaissances, l'effervescence créative, le multi-formatage de l'information, le travail de groupe, la valeur ajoutée croissante. Par l'enrichissement permanent des contenus ainsi révélés sans barrières, ni œillères. Un progrès technique, une avancée cognitive.
L’entreprise de presse devient entreprise d’information - tous types d’informations, pas seulement factuelles – dans un univers interactif où ses clients eux-mêmes revoient leurs stratégies en fonction des champs ouverts par la numérisation. Par exemple, la publicité de l’ère Gutenberg se mue en référencement actif : scénarios de publicité de “contact certain”, dite contextualisée.
L’entreprise de presse s’érige et s’imposera en source d’énergie de relation. Les investissements d’aujourd’hui sont les métiers de demain. Métiers de services (stratégies de positionnement et de commercialisation, hot liners, back offices et call centers), et métiers technologiques (webmastery, datamastery) se forgent avec un réalisme retrouvé. Prudemment, en se gardant de croire aux fortunes bâties sans construire.
Ce déplacement des compétences illustre à quel point la numérisation ne sert pas à automatiser les fonctions mais à créer une conjonction de métiers, les uns par rapport aux autres. Sur un socle où la maîtrise de la technologie, pratiquée en profondeur, évite des pertes d’informations et renforce les boucles de management au sein des entreprises en mutation.
S.P.
Publié le 15 janvier 2013