jeudi 19 décembre 2013

L'EMBÛCHE DE NOËL

Une histoire à dix balles


Décembre fait la part belle aux cadeaux. Je me souviens d’un échange hors de prix avec le passager d’un train entre Reims et Paris. Lisez la suite. Elle n'a rien à voir avec la fièvre acheteuse. C'est plutôt un conte de Noël à partir de faits réels, une étincelle à l'approche du solstice d'hiver...


Réédition - première mise en ligne le 9.12.2012




La gare de Paris-Est
© Gryffindor, via Wikimedia Commons



Un matin blême. L’hiver météorologique n’a pas commencé, mais la SNCF vient de modifier ses horaires. Le changement pour le train Corail Reims-Paris sans arrêt ne porte que sur une paire de minutes, à  7 h 09, au départ de la cité des Sacres. Quai 2.

Quai 1, le TER Reims-Epernay envoie les fumées de son diesel sous la voûte et les arcs en béton de la gare de Reims-centre, classés au patrimoine, une audace architecturale conçue par l’ingénieur des Ponts et Chaussées Eugène Freyssinet. 

Dans la même tranche horaire, le train régional laisse la priorité à l’express, puis il franchira à son tour l’aiguille de Courcelles pour  s’élancer à la suite du train de grande ligne, traverser un quart d’heure plus tard  le tunnel de Rilly-la-Montagne, desservir toutes les gares et rallier son terminus, au pied du versant méridional de la “montagne de Reims”.

À son arrivée à Epernay, le train de Paris sera déjà en route vers Château-Thierry où il ne s’arrêterait pas, mettant les voyageurs en condition pour presser le pas dès qu’ils se mêleront à la foule de la gare de l’Est. Dans le train Corail et le TER, les passagers ont un point commun. Ils sont pratiquement tous navetteurs et navetteuses.

Pour ma part, je n’ai jamais pris garde au TER sparnacien. J’allais, hiver comme été et durant dix-sept ans, rejoindre directement mes camarades. Quasiment les mêmes, regroupés pour la plupart au sein de l’ASNCF, comprenez : l’association de “Secours aux naufragés des carences ferroviaires”, fondée par l’un des nôtres, baveux du barreau de Paris. Toujours la même voiture coach et dans la mesure du possible aux mêmes places, pour un  trajet d’une heure et demie…

Certes, le TGV a (en théorie) ramené cette durée à trois-quarts d’heure, mais la “résa” obligatoire a bousculé ce train-train convivial, car c’est l’écran froid du terminal informatique qui, maintenant, assigne à chacun sa place. Dans le train Corail, croyez-le, chaque nouveau-venu est repéré. C’est précisément ce qui attire mon attention en ce petit matin blême.

Toute la misère du monde semble peser sur les épaules de cet homme d’une trentaine d’années, mal réveillé, qui vient  de composter un billet de seconde pour Epernay  (je le saurai plus tard) mais s’engouffre par mégarde dans la voiture de première classe du train de Paris.

Insensible à l’annonce faite au micro du trajet sans arrêt, il se tient debout près de la portière comme pour descendre au plus vite. Arrive le moment où il voit défiler les lumières de la gare d’Epernay, sa destination. Ses traits se décomposent et la panique se mue en colère à la vue du contrôleur qui a droit à un flot d’insanités allant des grèves à répétition, au non respect des horaires et au peu d’amabilité du personnel des trains ! J’entends sans écouter. Puis j’interromps ma lecture de la presse du matin pour connaître la suite.

Le naufragé : «-Faut me comprendre-! Je suis au chômage depuis plus d’un an. Et je devais descendre à Epernay pour un emploi de manutentionnaire  dans une maison de champagne... P****-! Pourquoi le train s’est pas arrêté ?  La galère continue...-»

Le contrôleur : «-Calmez-vous. Je vais voir ce que je peux faire…-». Et il pourra beaucoup. Nos regards se croisent : «-J’ai vu que vous avez un téléphone portable. Pourriez-vous m’aider-?-» m’interroge-t-il.

«-Dans les situations désespérées, disait Jean Dutourd, la seule sagesse est l'optimisme aveugle-». Je me lève aussitôt pour m’enquérir auprès du voyageur paumé, du nom de la maison de champagne et de la personne qui lui avait fixé le rendez-vous. 

Impossible dans l’excitation d’aligner les dix chiffres du numéro de téléphone. Je passe au plan B et appelle le standard de mon journal à Paris. Les standardistes dans la presse ont de la ressource.

Un instant plus tard, je suis en ligne avec le correspondant et l’avertis : «-Le candidat pour le poste de manutentionnaire aura un peu de retard. Mais avant de vous le passer, je tiens à vous dire ceci : il est en route pour Paris à la suite d’une méprise. Mais il va rebrousser chemin pour être bientôt chez vous. Il est débrouillard. Je lui laisse le soin de vous raconter comment il se sera tiré d’affaire en  stoppant l’express Reims-Paris et le Paris-Strasbourg, afin de vous rejoindre au plus vite-!-»

Pendant que je joue les go-between, le contrôleur exécute son propre scenario. En liaison téléphonique avec la cabine, il obtient du conducteur un arrêt exceptionnel à Château-Thierry. La solution ne serait complète que si un train venant dans l’autre sens pouvait stopper  au même moment dans la même gare. Ce sera le cas. À la minute près, le Paris-Strasbourg, averti, avec arrêt à Epernay et le Reims-Paris s’immobilisent tête-bêche sous le ciel castelthéodoricien.

Il se produit alors quelque chose d’incroyable : avant de descendre, le candidat à l’embauche se tourne vers moi et me tend une pièce de dix francs (c’était juste avant le passage à l’euro). «-Prenez-la, insiste le contrôleur pour couper court à mon hésitation, c’est pour lui une question d’amour-propre-». Va pour la dignité. Machinalement je prends la pièce. Et ne la dépenserai  jamais…

C’est la deuxième fois que je pianote cette histoire. La première fois, très succinctement, c’était dans un fax adressé à la direction régionale de la SNCF dès mon arrivée à Paris, afin que le contrôleur n’ait pas d’ennuis pour des arrêts inopinés, onéreux et susceptibles de sanctions.

Notre rescapé disparut au pas de course en jetant son masque des mauvais jours. La maison de champagne l’embaucha. Et la SNCF ferma les yeux sur les exploits de son agent.

Le pire n’est jamais certain.



S.P.


vendredi 22 novembre 2013

MUSÉE DE LA PRESSE


WADGASSEN (SARRE)
Voyage autour de la Une

Le musée de la presse écrite de Wadgassen feuillette le passé des journaux et met en perspective les plus récentes mutations des médias. Il est revenu, en 2013,  sur l’assassinat de Kennedy, cinquante ans après l’attentat de Dallas.





Les médias sont largement revenus, en 2013, sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, trente-cinquième président des États-Unis. Les journaux avaient battu des records de tirage au lendemain de l'attentat du 22 novembre 1963, qui avait eu un impact non seulement sur tous les Américains, mais aussi potentiellement sur la population du monde entier. La plupart des gens en âge de s'en souvenir peuvent se rappeler les circonstances exactes du moment où ils apprirent la terrible nouvelle. C'est sous cet angle que le Musée de la presse écrite de Wadgassen (Sarre), situé dans le périmètre de l'ancienne abbaye des Prémontrés, est revenu sur l'événement et en a fait un temps fort de son activité à l'automne, cinquante ans après.

« Ich bin ein Berliner » (« Je suis un Berlinois »). Cette phrase que l’Histoire a retenue, Kennedy l’avait prononcée quelques mois avant le drame, lors de sa visite à Berlin-Ouest le 26 juin 1963. Sa cote de popularité était au plus haut en Allemagne, car ce discours, un des meilleurs de JFK, avait pour but de montrer le soutien des États-Unis aux habitants de l'Allemagne de l'Ouest, et notamment aux Berlinois enclavés dans les territoires communistes de la RDA. « Berlins bester Freund ist tod » titrèrent les quotidiens.

L’Amérique fera encore les gros titres trente-sept ans après l’assassinat de Kennedy, lors des attaques du 11 septembre 2001. La prééminence du direct s’imposera face au décalage de l’image sur papier journal qui n’arrivera au kiosque que le lendemain. Mais avec tous les avantages de l’écrit.

Les « Unes » des journaux imprimés équivalent à une promesse de contenu et reflètent une ligne éditoriale. Certaines sont restées célèbres, comme celle du quotidien Bild, lorsque le cardinal Ratzinger, né en Bavière, devint pape sous le nom de Benoît XVI en avril 2005. Le titre fut décidé en deux coups de goupillon : « Wir sind Papst ! ». Trois mots  choisis par le journal le plus diffusé d’Europe occidentale, pour proclamer l’avènement du premier pape allemand depuis près d'un millénaire.


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D’autres « Unes » sont le reflet de l’âme de toute une région ou d’un pays, à l’exemple de la première page de la Saarbrücker Zeitung, lorsque la Sarre perdit 299 des siens dans la catastrophe minière de Luisenthal, en février 1962.

Figure importante de la littérature et du cinéma américain, Arthur Miller estimait qu’«un bon journal est le monologue de tout en peuple» («Eine gute Zeitung ist das Selbstgespräch eines ganzen Volkes». Et Goethe interrogeant un ami, disait : «Sag mir warum dich keine Zeitung freut ? Ich liebe sie nicht, sie dient der Zeit ?» («Dis-moi pourquoi aucun journal ne te réjouit ? Je ne l’aime pas, mais il sert son époque»)…

Ces citations, le visiteur peut les lire à même le sol, à Wadgassen, sérigraphiées au verso d’une dalle de verre lumineuse faisant office de plancher entre deux salles de l’exposition permanente du musée.
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A gauche : une petite presse à platine actionnée par un levier.
Elle servait essentiellement aux travaux de ville de petit format :
cartes de visite, invitations, faire-part, prospectus.
Au centre : un meuble de typographe à 32 tiroirs.
La typographie traditionnelle consistait à insérer un à un des caractères mobiles.
La "casse" est un casier où l'on range les caractères en plomb :
les lettres capitales dans la partie haute et les minuscules dans le bas (bas de casse).
A droite : la table de montage.


La linotype : une combinaison de machine à écrire et de micro-fonderie,
inventée aux États-Unis, qui permettait une composition accélérée et
plus régulière des blocs d’imprimerie qu’avec la typographie traditionnelle,
où le typographe insérait un à un des caractères mobiles.
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Au détour d’un couloir, une odeur d’encre guide le visiteur vers le "marbre" : l’atelier de montage où les typographes, les linotypistes et les metteurs en page étaient confrontés à l’heure du bouclage. Toutes choses qui apparaissent familières aux journalistes de la génération Remington. 

Dans une "salle de rédaction" que des scolaires avides de connaître les métiers de la presse, transforment certains jours en ruche, des machines à écrire anciennes jouxtent les ordinateurs et les logiciels de PAO. Du pica au pixel, de la "brève" au reportage, la médiatrice culturelle doit se montrer pédagogue.

Ici, l’on fabrique du papier soi-même dans un baquet. Là, on ne quitte pas du regard la démonstration de lithographie, technique d’impression à plat qui permet la création et la reproduction à de multiples exemplaires d’un tracé exécuté à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire. Cette technique a été inventée en 1796 en Allemagne, par le dramaturge Aloys Senefelder qui, ne trouvant pas d'éditeur pour ses pièces, décida de les graver lui-même. Le cuivre étant trop cher, il utilisa une pierre de Bavière, tendre et lisse.

Mais, au fil de la visite, il est essentiel que l’accent soit mis sur les caractères métalliques mobiles, invention déterminante dans la diffusion des textes et du savoir, que l’on doit à Gutenberg, né vers 1400 à Mayence et mort le 3 février 1468 dans sa ville natale. Des machines en état de marche rappellent que la presse typographique a constitué la base de l'imprimerie pendant plusieurs siècles, jusqu'à ce qu'elle soit supplantée par la presse offset. Wadgassen possède une presse à levier et, parmi d’autres, une presse Heidelberg, fabriquée de 1926 à 1985.
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Presse typographique Heidelberg
fabriquée de 1926 à 1985,
utilisée pour des petits tirages et travaux de ville



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Après cette plongée dans le passé, par un fulgurant raccourci, le visiteur revient dans la modernité pour découvrir la maquette d’une rotative contemporaine, à charge pour lui d’imaginer la vitesse d’impression du monstre. 

Au gré du parcours, des archives sonores sont consultables. Résonne encore le cri de victoire du commentateur sportif au bord de l’hystérie, lorsque la Mannschaft allemande devient, en 1954, championne du monde de football face à la Hongrie, largement favorite. La rencontre fut retransmise par la seule radio. Incroyable pour les enfants gâtés de la télé d’aujourd’hui ! 
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La guerre du Vietnam caméra au poing


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D’un magazine ouvert jaillissent des images de l’enfer du Vietnam. Elles rappellent que ce conflit, de 1961 à 1973 fut la première guerre filmée par la télévision.

La retransmission en direct du premier pas de l’homme sur la Lune donnera son empreinte à l’année 1969. La décennie soixante-dix sera celle du terrorisme dans une Allemagne sous le choc. Cette revue de presse ne saurait oublier la chute du Mur de Berlin, en 1989. 

En 2004, la diffusion de l’information franchit un nouveau cap, lorsque le Tsunami donne lieu, sans aucun filtre professionnel, à des vidéos, des témoignages sonores et des commentaires spontanés, « postés » sur le Net en continu par des témoins oculaires. Aux sociologues et aux psychologues de dire ce qu’ils pensent de cette vague d’émotion et de compassion véhiculée sur la Toile. Une catharsis planétaire ignorant les distances et les fuseaux horaires. 

En quittant l’expo sur l’histoire de la presse et de la communication, les yeux pétillent et quelque chose vous pousse à retourner au kiosque dès le lendemain, pour tendre la main vers un journal-papier… Ce sera pour apprendre que les rotatives de Newsweek se sont tues le 31 décembre 2012, après quatre-vingts ans d'existence en version imprimée, au profit d’une version intégralement digitale, une édition unique au niveau mondial. Un basculement de plus vers le tout-numérique. Celui du magazine d’Outre-Atlantique, parmi les plus puissants, nous renvoie à une réalité incontournable : désormais, deux Américains sur cinq (39 % selon l’étude sur laquelle s’appuie Newsweek ) préfèrent lire leur journal sur l’écran de l’ordinateur ou sur une tablette. Le numérique c’est l’Amérique ! Et nous dans la foulée. 

Le musée de Wadgassen ne pouvait pas passer à côté de ces bouleversements. Mais avant de les évoquer, il remonte le temps jusqu’aux signaux de fumée des Indiens d’Amérique, au tam-tam du Ghana, aux trompettes tibétaines… avant d’aborder l’avènement des tout premiers  journaux, l’époque de la malle-poste et du messager. Le public est même invité à se saisir de «bottes de sept lieues» utilisées jadis par les postillons. Puis la scénographie fait la part belle à l’évolution de la communication et des technologies sous-jacentes : du télégraphe (le premier câble sous-marin a été posé en 1850 entre Calais et Douvres) au téléphone, aux télescripteurs, télex, transmetteurs électroniques de fac-similés à lecture optique, réseau pneumatique, mails, SMS … 

Plus que les métiers de la presse, c’est tout un mode de vie qui a basculé. Si les téléphones portables et les Smartphones avaient existé en 1963, quel séisme aurait secoué les réseaux sociaux après l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy ? En nous laissant « overnewed and underinformed » c’est-à-dire à la fois submergés de nouvelles et sous-informés.



Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur



Publié le 15 janvier  2013 - mis à jour le 24 mai 2013


Deutsches Zeitungsmuseum
Stiftung Saarländischer Kulturbesitz
Am Abteihof 1 , 66787 WADGASSEN
Jours et heures d’ouverture : 
Du mardi au dimanche -  10 à 16 heures

Séminaires
Le Deutsches Zeitungsmuseum est un lieu de formation extra-scolaire

qui entend faire vivre de manière intéressante l’impact dont jouissent
les journaux et autres supports d’édition dans le monde de la communication.
Des animations pédagogiques sur des thèmes divers tels que le livre, le papier,
l’impression ou le journal, sont particulièrement ciblées sur les petites écoles,
collèges, lycées et autres groupes.



Le musée de la presse écrite de Wadgassen (Sarre)
© Lokilech via Wikimedia Commons


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Expo Daumier jusqu'au 23 juin 2013



Du 27 avril au 23 juin 2013, le Deutsches Zeitungsmuseum consacre une exposition au peintre, sculpteur et caricaturiste Honoré Daumier (1808-1879). Elle regroupe 150 ithographies qui relatent la vie dans la métropole parisienne, en plein essor au XIXe siècle. Comment les habitants régissaient-ils leur quotidien oppressant et trépidant, les transformations urbanistiques de Paris, les débuts de la photographie ? Quels ont été les effets de la révolution technique ? Autant de questions auxquelles les dessins de Daumier apportent une réponse originale. Cette exposition est le fruit d’une collaboration avec le Museum für Kunst und Technik des 19. Jahrhunderts de Baden-Baden et la Honoré Daumier-Gesellschaft.

Heures d'ouverture : du mardi au dimanche 10 à 19 h, mercredi 10 à 20 h
Tarifs: Plein tarif: 5 €, tarif réduit: 3 €, enfant/adolescent jusqu’à 18 ans: entrée libre
Mardi après-midi à partir de 15 h et jusqu'à la fermeture: entrée libre
Deutsches Zeitungsmuseum
Am Abteihof 1, 66787 Wadgassen
Tel: +49 (0)6834.9423-0
info@deutsches-zeitungsmuseum.de



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Une expo du photographe islandais Ragnar Axelsson jusqu’au 13 octobre 2013


© Ragnar Axelsson

Un très grand photographe islandais fait actuellement la “Une“ du musée de la presse écrite de Wadgassen (Sarre). Né en 1958 près de Reykjavik, Rax, de son nom Ragnar Axelsson, maintes fois primé à travers le monde, est surtout connu pour ses photos consacrées aux conditions de vie extrêmes des peuples de l’Arctique et aux changements climatiques en cours.  Il s’est rendu célèbre pour d’autres reportages, en particulier au Mozambique et en Afrique du Sud. En 2010, il s’est rendu dans l’Antarctique.

L’exposition présentée à Wadgassen jusqu’au 13 octobre, se focalise sur les visages de l’Arctique : grands formats noir-et-blanc parus, pour la plupart, dans le National Geographic, le New York Times, Le Figaro, Newsweek, Time magazine. Pilote, Rax a pris les commandes de son propre appareil pour survoler la banquise, sillonner le Groenland, les îles Féroé et le grand Nord canadien. Une quête d‘images sur une période de trente ans. L’expo est intitulée "Faces of the North".



 
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L’ÈRE NUMÉRIQUE


Le vieux rêve d'une technologie
au service de la pensée 



Dans la presse d'information professionnelle, la numérisation ne sert pas à automatiser les fonctions mais à créer une nouvelle conjonction des métiers. Pratiquée en profondeur la maîtrise de la technologie renforce la rigueur et la cohérence. Et améliore les performances de l’entreprise.



Article publié en avril 2001, sur l'Intranet de Havas Business Information,

à la suite d’une intervention à l’UNESCO.

Carte-mère d'un serveur




Tous les sujets du verbe écrire vous le diront : l'ordinateur a changé leur manière de parler à la page blanche. On n'écrit plus tout à fait pareil et c'était prévisible : “Toute forme linguistique est modelée par ses conditions de production et de réception” rappelait récemment Jacques Anis, linguiste, professeur à Nanterre, spécialiste de l'écrit dans toutes ses spécificités à qui l'on demandait s'il existe aujourd'hui de nouvelles formes de langage spécifique à l'usage du support informatique.

Le 23 mai 1990, le premier article électronique, rédigé à distance sur un portable, est arrivé sur le réseau électronique de La France Agricole, à Paris. Transmis à 1200 bps depuis Montélimar par le correspondant de la Drôme, le message avait un accent de victoire : “Finis les brouillons, finis les retards de courrier, désormais le réseau des correspondants régionaux de La France Agricole travaille en temps réel. Plus loin, plus vite. Pour mieux servir les lecteurs”.


Quelque 60 journalistes entraient de plain-pied dans l’ère digitale, connectés à ce réseau : un maillage dépourvu de centre dans lequel chaque nœud était relié à plusieurs autres. L'interconnexion de ces nœuds, points d'intersection de la trame avec elle-même, formait une structure technologique capable de délivrer de l'information directement utilisable ou de la traiter à une vitesse encore inégalée. Économiquement favorable, professionnellement efficace : le nombre de manipulations sur un texte - entre sa rédaction et l’envoi à l’imprimeur - tomba ipso facto de 12 à 3. Cette architecture couvrit tous les champs utiles à la réalisation des 6.000 pages annuelles des magazines : le texte et, quelques années plus tard, l'infographie et la photo numérisée.

Au-delà du protocole utilisé pour acheminer l'article par le réseau téléphonique public, la première copie électronique mettait en œuvre dès 1990 les fonctionnalités de la messagerie qui supportent aujourd’hui les “mails” d'Internet : une étiquette-adresse avec accusé de réception, une fenêtre d'écriture pour rédiger le texte entre balises selon, dit-on aujourd'hui, une DTD (document type definition) simple mais suffisante pour le journaliste. Cette DTD indépendante des moteurs de composition utilisés en aval avait été créée dans l'esprit d'un langage à vocation universelle. Les textes électroniques ainsi structurés étaient potentiellement orientés vers n’importe quel  support desservi par le réseau France Agricole, y compris l'édition online, qu’on pratique aujourd’hui.

La démarche conduit droit au langage XML (extensible markup language) format de prédilection des échanges de données sur le Web, pour lequel nombre de spécifications sont encore en développement à l'heure actuelle.

Onze ans d'expérience d' “écriture électronique” permettent-ils de conclure que l'ère digitale a modifié l'expression journalistique ? Écrirait-on comme on parle, davantage aujourd’hui qu’hier ? Prenons l'interview classique. Elle est, depuis toujours, typique d'une communication orale écrite, qu'elle soit médiatisée par l'ordinateur ou par la plume. La réponse est donc ailleurs.
 
Tout à sa hantise de ne pas être à l'heure et d'écrire trop long, le journaliste fait de la numérisation une alliée. Elle se prête facilement aux variations, aux transformations. Repentirs et ratures sont jetés dans le vide, l’ordre des paragraphes modifié si les circonstances l'imposent. Boulimique au départ, concis à l'arrivée, l'article prend sa forme finale au signe près... Certains aiguisent leur style, taquinent l'attention du lecteur par un écrit à effet d'oral. Émotions brutes. Recherche d'une nouvelle relation sensorielle par une écriture quasi automatique, en apnée, comme si la souplesse du clavier emballait l'inspiration. Sujets sans verbe où la pauvreté de la forme textuelle devient richesse expressive.

Pour autant, il n'existe vraisemblablement pas un nouveau langage de presse spécifique aux salles de rédaction peuplées d'écrans et de souris. La numérisation n'a pas fait perdre la capacité de lire et d'écrire normalement.

La technologie au service de la pensée. L’ordinateur et l'intelligence artificielle ont simplement fait monter d’un cran la créativité et la liberté de choix. C'est le rêve de beaucoup d'intellectuels, et celui de Ted Nelson en particulier, le père de l’-hypertexte”, l'homme à l'origine du concept d'organisation de l'information le plus révolutionnaire du siècle. Une organisation “par associations” sur le modèle du cerveau. L'hypertexte prend toute sa mesure avec la création du World Wide Web, à Genève, en 1989.

 Si, depuis 1990 La France Agricole voit l’avenir à travers les réseaux et les bases de données, “Archimed” - une nouvelle version de l’intranet de la rédaction - sera le troisième acte de naissance de ce mode de fonctionnement. Construire un monde d’idées au cœur de la rédaction. Une plate-forme de libre-échange fédérant les gisements de références certifiées qui transforment l’entreprise de presse en entreprise d’informations certaines. Ainsi pourrait se définir l’enjeu. Au brouhaha qu’entraînent les développements en avalanche de la communication sous toutes ses formes, doit faire écho la sérénité d’une réponse qualifiée. Surtout si l’enjeu est professionnel.


La doctrine est simple : l’Internet souvent présenté comme un nouveau mass media est plus exactement un personal media, un média de contact vis-à-vis d’un “individualisme de masse” où chacun recherche ce qu’il veut. La profusion et la confusion vont souvent de pair, dans cet univers où le professionnalisme des hommes de l’art a de beaux jours devant lui : journalistes experts, “hypertext weavers”, “web doc-trotters”...

La démarche implique une maîtrise de l'information comme levier de développement, une attitude d’ “intelligence économique”. Croire à la supériorité que donne une vision large dans un domaine décisif. 

D’où quelques idées simples : l'objectif particulier est souvent l'excuse du non-partage général, l'ignorance du travail du voisin entraîne une déperdition. Parvenir au changement, c’est : ne cacher aucun savoir, partager l'information par l'ubiquité des ressources existantes, mettre les compétences en réseau, participer à une œuvre collective tout en restant libre et indépendant, éviter de submerger l'individualité, réussir une alliance entre individualités complémentaires, garantir la protection des contributions individuelles mises à la disposition de tous, éviter d'augmenter la charge de travail de chacun, en masse et en retraitements, créer un système permettant la protection des droits d’auteur et leur rémunération.

Un vent nouveau souffle sur les salles de rédaction. C'est un modèle qui s'en va : celui d'une organisation où chaque journaliste cultive une relation quasi-exclusive entre ce qu'il écrit et ce qu'il publie, entre sa création et son journal, un isolement identitaire justifié par le cadrage serré sur les attentes de l'abonné. Ce ciblage permet souvent de conquérir les tout premiers rôles. Le cloisonnement rédactionnel n'est donc pas un si mauvais critère. Reste qu'il faut savoir considérer ses inconvénients et apprendre à écouter le marché de l'information où se livre une guerre des contenus, pacifique mais sans merci.


Dans le modèle qui s'annonce, le réseau constitue la nouvelle morphologie sociale. Cette évolution rapide nous invite à profiter de la révolution numérique et du bouleversement qu'elle entraîne sur les modes de diffusion, les formes de consommation ou la nature des services et des contenus nouveaux. La liberté d'accès au savoir et à la formation des idées, la certification de l'information et la célérité de sa transmission.

Devant ce défi, une meilleure transversalité permet de se montrer plus efficace. Pionnier dans ce domaine, avec un réseau électronique de communication proposant la consultation de toutes les ressources journalistiques à tous, dans le respect de la contribution de chacun, La France Agricole récidive.

Archimed ”, avec sa Banque de l’information partagée (BIP), est un nouveau développement de cette politique industrielle de numérisation. Il cherche à favoriser le “knowledge management”, la gestion des connaissances, l'effervescence créative, le multi-formatage de l'information, le travail de groupe, la valeur ajoutée croissante. Par l'enrichissement permanent des contenus ainsi révélés sans barrières, ni œillères. Un progrès technique, une avancée cognitive.

L’entreprise de presse devient entreprise d’information - tous types d’informations, pas seulement factuelles – dans un univers interactif où ses clients eux-mêmes revoient leurs stratégies en fonction des champs ouverts par la numérisation. Par exemple, la publicité de l’ère Gutenberg se mue en référencement actif : scénarios de publicité de “contact certain”, dite contextualisée.


L’entreprise de presse s’érige et s’imposera en source d’énergie de relation. Les investissements d’aujourd’hui sont les métiers de demain. Métiers de services (stratégies de positionnement et de commercialisation, hot liners, back offices et call centers), et métiers technologiques (webmastery, datamastery) se forgent avec un réalisme retrouvé. Prudemment, en se gardant de croire aux fortunes bâties sans construire.

Ce déplacement des compétences illustre à quel point la numérisation ne sert pas à automatiser les fonctions mais à créer une conjonction de métiers, les uns par rapport aux autres. Sur un socle où la maîtrise de la technologie, pratiquée en profondeur, évite des pertes d’informations et renforce les boucles de management au sein des entreprises en mutation.

S.P.



Publié le 15 janvier 2013
 





mardi 1 octobre 2013

TROP D'IMPÔT TUE L'IMPÔT

RAS-LE-BOL FISCAL
Que n'ont-ils relu Vauban !

Trop d’impôt tue l’impôt, c’est ce que soulignait déjà le stratège de Louis XIV dans sa proposition de Dîme royale. Relecture édifiante, face au ras-le-bol fiscal de ceux qui subissent les hausses d’impôts et la surprise fiscale de ceux qui se découvrent contribuables depuis cette année…





La Dîme royale a été écrite au château de Bazoches (Nièvre) 


La majorité des Français ne croit pas à une “pause fiscale” après les couacs du gouvernement sur le sujet, selon un sondage réalisé par BVA pour I Télé, CQFD et Le Parisien auprès d'un échantillon représentatif d'un millier de personnes. Sept personnes interrogées sur dix ne pensent pas que la promesse faite par François Hollande sera tenue, selon ce sondage paru le 21 septembre. « Les Français apparaissent incrédules, non seulement sur le calendrier mais sur la possibilité même que cette pause survienne », explique BVA. Le président de la République avait assuré que le temps était venu de faire une “pause fiscale”, mais dans la foulée, son Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait reconnu qu'elle ne serait effective qu'en 2015.

À cette incrédulité s’ajoute un sentiment d’injustice. Huit personnes sur dix trouvent que le système fiscal français est injuste. « Les Français de gauche comme de droite le pensent majoritairement (61% à gauche, 94% à droite) et, si, l'on s'intéresse aux revenus des ménages, toutes les tranches éprouvent ce sentiment », détaille le sondage. BVA souligne que c'est en particulier le cas pour les personnes gagnant entre 2.500 et 3.500 euros par mois qui sont concernées, c'est-à-dire le cœur de la classe moyenne.


À l’époque de l’année  où les feuilles tombent, le dossier fiscal «-est en train de pourrir la vie de la majorité au pouvoir-», écrit Nicolas Beytout dans un édito particulièrement incisif  du journal libéral L’Opinion du 19 septembre : «-Comme une malédiction des débuts de mandat, le dossier fiscal est en train de devenir le boulet du quinquennat. Qu’ils baissent les impôts, comme Jacques Chirac avec l’impôt sur la fortune en 1986 et Nicolas Sarkozy avec son bouclier fiscal, ou qu’ils les augmentent comme la gauche aujourd’hui, nos gouvernants se retrouvent vite enfermés dans un piège redoutable : une fois enclenchée, la mécanique fiscale devient très difficile à contrôler. Et ses conséquences politiques sont dévastatrices-».

Entre 1,2 million et 1,6 million de foyers supplémentaires vont payer l'impôt sur le revenu en 2013, soit une augmentation de 10%, indique ce quotidien, en précisant que les classes populaires seraient touchées en priorité avec un effet en cascade «
-dévastateur-» : «-lorsqu'un foyer bascule dans l'impôt sur le revenu du fait d'une augmentation de son revenu fiscal de référence, il devient éligible à une douzaine de nouvelles taxes" (redevance audiovisuelle, taxe d'habitation...)-».

Pour sa part, Louis Maurin, directeur de l'Observatoire des inégalités, signe dans Le Monde daté du 20 septembre, une tribune signée «
-Ras le bol du “ras-le-bol fiscal”!-». «-Entre 2000 et 2010, les baisses d'impôts ont atteint 120 milliards d'euros, selon Gilles Carrez, député UMP. Elles n'ont eu aucun effet sur la croissance et ont mis à terre les finances publiques, écrit-il. La majorité précédente a attendu 2011 pour changer de cap, supprimer le bouclier fiscal et élever les impôts. La gauche au pouvoir n'a fait que poursuivre le mouvement. En 2012 et 2013, les augmentations de prélèvements ont atteint 50 milliards, dont 30 milliards pour le budget de l'Etat ». « C'en était déjà trop, résume Louis Maurin. À la fin de l'été, la réception des feuilles d'impôt sur le revenu a servi de support à la construction de l'opération “ras-le-bol fiscal”, lancée par le ministre de l'Économie Pierre Moscovici. Il aurait passé ses vacances à entendre ses proches se plaindre. Il a provoqué un concert médiatique anti-impôts-»…
 

Résoudre les injustices

 

Que n’ont-ils (nos gouvernants) relu les mémoires de Vauban sur la Dîme royale où le bâtisseur de fortifications  préconise l'égalité devant l'impôt. Il propose à Louis XIV une audacieuse réforme fiscale pour tenter de résoudre les injustices sociales et les difficultés économiques des «
-années de misère-» (1692,1693 et 1694), années épouvantables de disette alimentaire de la fin du règne du Roi Soleil.







La proposition de Vauban, appuyée sur une étude minutieuse de l’économie, des provinces et de la situation démographique du royaume supprime d’un seul coup «-la taille, les aydes, les doüanes d’une province à l’autre, les décimes du Clergé, les affaires extraordinaires et tous autres impôts onéreux et non volontaires et diminuant le prix du sel de moitié et plus, produiroit au Roy un revenu certain et suffisant, sans frais, et sans être à charge à l’un de ses sujets plus qu’à l’autre, qui s’augmenteroit considérablement par la meilleure culture des terres…-».

Son projet efface tous ces impôts que le système féodal avait accumulés sur les populations rurales en faveur des nobles et des prêtres. La dîme royale ferait disparaître en même temps le privilège qui permettait aux classes dites supérieures de ne pas contribuer aux charges de l'État. On imagine leur enthousiasme à la lecture de ces propositions !

Vauban recommande au roi un système plus équitable, celui d’un impôt unique payable par tous. Pour Louis XIV le défi est de taille. Il est surtout vivement contesté par les privilégiés. Le roi fera mettre la Dîme royale au pilon, au motif que le texte a été publié sans autorisation. Si Vauban n’est ni inquiété, ni disgracié par son souverain, deux arrêts du Conseil d’État, en février et mars 1707, prononceront la saisie de l’ouvrage.

À Bazoches, dans le Morvan, une commune connue pour le château du même nom où a résidé Vauban, la vitrine d’une bibliothèque présente un livre d’époque ouvert sur une préface expliquant «
-le dessein de l’auteur-» et donnant l’abrégé de la Dîme royale.

Vauban, à la fois ingénieur, architecte militaire, urbaniste, hydraulicien et essayiste, est en avance sur son siècle. Son discours, dit-il, «-... n'est fait que pour inspirer, autant qu'il m'est possible, la modération dans l'imposition des revenus de Sa Majesté-». Il commence donc «-par définir la nature des fonds qui doivent les produire tels que je les conçois.  Suivant donc l'intention de ce système, ils doivent être affectés sur tous les revenus du royaume, de quelque nature qu'ils puissent être, sans qu'aucun en puisse être exempt, comme une rente foncière mobile, suivant les besoins de l'Etat, qui serait bien la plus grande, la plus certaine et la plus noble qui fût jamais, puisqu'elle serait payée par préférence à toute autre, et que les fonds en seraient inaliénables et inaltérables-». Et Vauban d’insister : «-Il faut avouer que si elle pouvait avoir lieu, rien ne serait plus grand ni meilleur ; mais on doit en même temps bien prendre garde de ne la pas outrer en la portant trop haut...-»

En une phrase d’une réelle modernité : il ne faut toucher aux impôts qu’avec une main tremblante. Vauban demande que toutes les personnes qui habitent le royaume supportent les charges publiques, en proportion de leurs revenus, sans distinction de classes. Prenant comme principe l'égalité de tous les Français devant l’imposition unique, son projet d’administration fiscale repose sur une double base
-: la propriété foncière et immobilière (on lève un dixième, un quinzième ou un vingtième des revenus, suivant les lieux et les circonstances) et les revenus du commerce et des manufactures (sur lesquels on prélève une certaine somme). Puis, viennent quelques impôts complémentaires, ceux que Vauban propose d'établir sur les titres de noblesse, sur la dorure des habits, sur les pierreries, sur les objets de luxe... Le nouveau système diminuerait de plus de moitié les charges qui pesaient sur le peuple, et les revenus de l'État se trouveraient considérablement augmentés.

Comme il fallait s’y attendre, la Dîme royale mécontenta les privilégiés et les fermiers généraux qui bénéficiaient de l'affermage des différents impôts existants. Des exemplaires du livre interdit circulèrent sous le manteau et à la mort de Louis XIV, le marquis d'Argenson, président du conseil des finances sous la Régence (période instaurée au décès du Roi Soleil), tenta de remettre à l’ordre du jour la fiscalité proposée par Vauban, mais il fut obligé d’y renoncer devant une nouvelle bronca des plus fortunés.

La Dîme royale est un texte fiscal dont le célèbre économiste austro-américain du XXe siècle Joseph Schumpeter dira qu’il «
-atteint des sommets rarement égalés-». Vauban avait pressenti qu'il ne fallait pas «-porter la dîme trop haut-». Trop d’impôt tue l’impôt. N’est-ce pas la clameur qui domine le brouhaha actuel ?

Ce tumulte, qui ne règle rien, ajoute au mécontentement que chacun semble mâchonner dans son coin. La cote de popularité du président de la République vient de chuter de cinq points, à 23-% en septembre.  «
-Nul besoin d’être grand clerc pour percevoir qu’aujourd’hui le pays se trouve, à nouveau, au bord de grandes secousses-» avertit Jacques Attali dans son dernier livre Urgences françaises [Fayard, 2013, p. 116-118] renvoyant aux réformes manquées, aux frustrations et peurs diverses.

La France s’installe dans un déni de réalité, selon lui. Les jeunes commencent à comprendre «
-qu’ils auront à payer la triple dette que leur laisse la génération triomphante des baby-boomers : la dette publique qu’il faudra rembourser; leurs retraites qu’il faudra financer; et le dérèglement climatique qu’il faudra supporter. Quand ils prendront vraiment conscience que les hommes politiques de tous les partis ont servi, et servent encore, avant tout les intérêts de ces générations bénies des cieux, quand ils réaliseront que les syndicats servent d’abord les intérêts de ceux qui ont un emploi, les jeunes ne se contenteront pas d’un vote de protestation : ils quitteront le pays ou descendront dans la rue-»… Ce sont les contribuables de demain.



Sylvain Post  journaliste honoraire & auteur



Publié le 26 septembre 2013



Liens externes :

- L'Opinion
- Le Monde



Dans l'intimité de Vauban

C'est à Bazoches que Vauban écrivit l'audacieuse " Dîme Royale " dont la diffusion fut aussitôt interdite. Constamment sur les routes ou au travail, il n'a guère pu goûter la vie de famille dans son château du Morvan (photos personnelles).